Lorsque Fernanda est arrivée à Lisbonne, elle a décidé d’ouvrir son salon dans la Rua da Madalena. Les raisons de ce choix étaient évidentes ; le quartier de la Baixa était alors très dynamique. En effet, lorsqu’elle a posé ses ciseaux au numéro 229 de cette rue emblématique, les entreprises, cabinets d’avocats et magasins foisonnaient. « Quand je suis arrivée ici il y a 35 ans, la Baixa était le lieu où les habitants de la capitale venaient faire leurs emplettes », explique la coiffeuse originaire de l’Alentejo. La ville basse, détruite lors du séisme de 1755 a été rebâtie par le Marquês Pombal en suivant un plan très strict de rues symétriques, perpendiculaires et parallèles entre elles. De la place du Commerce à Restauradores en passant par le Rossio et la Praça da Figueira, les pavés étaient jonchés de boutiques spécialisées en outils, mercerie, bonneterie et autres. Dans les années 90, les édifices vieillissants se sont dégradés et les propriétaires en laissant les problèmes s’accumuler ont été forcé d’abandonner leurs biens.
Les nouveaux investisseurs ont alors misé sur le tourisme, en ouvrant restaurants, hôtels et stands de souvenirs pour redonner à la Baixa sa splendeur passée. Quant à Fernanda, elle compte désormais un type de clients différent : « Mes clients viennent d’horizons variés. Il y a les employés des établissements et des magasins environnants, les touristes, et puis il y a les nouveaux habitants, qui sont pour la plupart français. » Nos chers compatriotes ont effectivement investi les lieux, et pour cause. Il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit d’un des plus beaux quartiers de la capitale, bordé par le fleuve, ponctué d’églises et de places à couper le souffle dont les immeubles colorés et les pavés blancs illuminent le paysage.
Notre coiffeuse lisboète qui a survécu avec force et sourire à toute sortes d’époques troublées, notamment à la pandémie de Covid-19, n’a jamais quitté son quartier ni abandonné son salon. Cheveux, ongles et bien plus encore, elle sera toujours ravie d’accueillir de nouveaux arrivants et de raconter ses histoires de la Baixa.
Johanna Trevoizan