Une Passion pour les Chevaux Arabe

Propriétaire de l’une des écuries les plus primées au Portugal, Manuel Domingues Heleno, consacre sa vie à sa passion

Selon la légende, “Quand Dieu a créé le cheval, il dit au vent du sud: Je vais créer de ta substance un être nouveau que je destine à devenir la gloire de mes élus, la honte de mes ennemis, la parure de mes serviteurs”. Alors Dieu prit une poignée de vent du sud et a créé le cheval. Il dit: “Je t’ai créé arabe, j’ai attaché aux crins de ton front les succès; j’ai mis sur ton dos la richesse des butins; j’ai déposé des trésors dans tes flancs; je t’établis roi des quadrupèdes domestiques; je remplirai d’amour pour toi le coeur de ton maître; je te donne, sans t’en donner les ailes, le vol de l’oiseau; tu es fait pour les reconnaissances, tu es fait pour la retraite. Dans l’avenir, je placerai sur ton dos des hommes qui adoreront la majesté, qui diront mes louanges, qui proclameront mon unité, qui célébreront ma grandeur.” C’est l’une des nombreuses légendes associée à la plus ancienne race du monde. Dans le milieu équestre le pur sang arabe est considéré comme l’un des chevaux les plus beaux et les plus agiles.

Ses origines sont controverses: la Syrie, la Mésopotamie, l’Afrique ou l’Arabie, les théories sont nombreuses. Une chose est cependant certaine, c’est l’une des races les plus appréciées et les plus respectées dans le monde.

Manuel Domingues Heleno, un diplomate à la retraite et un éleveur de chevaux, est considéré comme l’un des plus grands champions du cheval arabe au Portugal. Il a toujours eu l’amour des chevaux dans le sang, un héritage familial sauf dans le cas de son père. “Tout le monde dans la famille Heleno était cavalier, sauf mon père, dont les ambitions étaient différentes. Il était un homme de science. Mais, mon grand-père était un cavalier, aussi j’ai commencé à monter très tôt”, se souvient-il.

Même un grave accident de cheval n’aurait pu changer son destin. “J’ai commencé l’équitation avec des compétitions équestres, mais après mon accident j’ai préféré faire des courses de harnais au trot, et en suite je suis passé à l’enseignement.” C’est alors qu’il a eu le privilège de rencontrer Nuno de Oliveira, le maître de dressage classique du 20ème siècle, un évènement qui a marqué sa vie. “J’ai appris énormément avec lui, y compris avoir la conscience nécessaire pour que le cheval reste naturel et pour qu’il maintienne son équilibre, sa beauté et sa majesté.”

C’est plus tard, avec l’acquisition de l’écurie de la Coudelaria Guilherme Correia Gyão à Évora, en 1978, qu’il a eu son premier contact avec la race de cheval arabe. La relation a été instantanée, “dès le premier moment où j’ai monté un cheval arabe, je suis tombé amoureux”. Désormais, Manuel Domingues Heleno, un homme curieux de nature, a voulu en savoir plus sur ce qu’il croit être “les chevaux de dieux et le dieu des chevaux, l’enrichisseur de toutes les races”. Il a écrit des livres (son premier livre au Portugal fut “Stud Book” sur le pur sang arabe et ensuite il a publié “Le Cheval Arabe au Portugal”), il a commencé à présider diverses organisations nationales et internationales qui visent à protéger la race et souligner son importance. Plus récemment, il a signé un protocole d’accord entre l’Institut Luso-Arabe et l’Association Portugaise du Cheval Arabe, dont il est le fondateur et président. “Ce protocole permettra non seulement un échange entre les pays d’élevage de chevaux arabes, mais aussi de faciliter des voyages et donner un soutien financier aux pays arabes pour certains événements équestres», explique t-il. “Le Portugal a aussi des choses à offrir, ont est sans doute un peu en avance en ce qui concerne les diverses formes de compétitions, aussi bien qu’en enseignement, dressage et concours complet. Tous les cavaliers viennent apprendre en Europe. Il y a tellement de potentiel de coopération, ce qui pourrait être utile pour tout le monde”.

 

Quand il s’agit de sa fascination pour le pur sang arabe, l’éleveur énumère quelques raisons: “La vérité est qu’il me donne un immense plaisir qu’aucun autre animal me donne. Il a une personnalité plus humaine. Il est intelligent, comme un chien qui connait son maître. Il a ces qualités certainement parce qu’il a toujours vécu dans le désert en contact intense avec l’homme, c’est pourquoi il a un tempérament très différent des autres races”.

Parallèlement au caractère plus humain du cheval arabe, ses superbes capacités physiques le distingue des autres. “Dans les grands événements internationaux de longue distance, neuf arabes ont terminé dans les dix premiers. C’est une supériorité étonnante. Ils ont une énorme capacité de récupération, tandis qu’un cheval normalement récupère en cinq minutes, l’arabe récupère en deux. Cela lui donne une capacité fantastique pour les courses de longue distance”.

C’est peut-être pourquoi la moitié de son écurie (environ 60 chevaux), maintenant appelée Coudelaria Manuel Heleno – Haras Biarritz, est arabe. L’autre moitié comprend des chevaux de haute compétition (Selle Français et chevaux de sport Portugais) avec des ancêtres arabes, ce mélange donne d’excellents résultats sportifs. Le secret, dit-il, est l’homogénéité. Depuis la fondation de la Coudelaria Correia Gyão, les animaux élevés ici ont été considérés parmi les meilleurs du monde. Les chevaux sont venus de deux des écuries les plus prestigieuses de l’époque – Duque de Veragua et Crabbet Park – et les reproducteurs proviennent de la Coudelaria Nacional (Écurie Nationale Portugaise), connue pour sa sélection difficile et ses magnifiques animaux importés du désert. “Tous les chevaux sont nés dans mes écuries. Des dernières 10 générations, touts les chevaux de l’écurie descendent d’une seule jument, Arabka, née dans le désert. Cela donne une homogénéité, ce qui est rare dans une écurie. Cela fait déjà 80 ans de sélection, d’abord entreprise par Guilherme Gyão, qui était un éleveur fantastique, puis par moi. J’ai essayé d’améliorer en permanence et les résultats le prouvent”.

Les prix qu’il a reçus au fil des années sont innombrables. Deux cinquièmes places aux championnats du monde, six titres de championnats européens, cinq titres européens de seconde place, 80 titres de champions nationaux et régionaux, le titre d’“Ecurie Elite – Meilleure écurie portugaise”, parmi de nombreux autres prix. Cependant, il est encore plus fier de la vente qu’il a faite en France. “La preuve que mes chevaux ne sont pas mauvais, c’est le fait que l’État français ait acheté deux de mes étalons. C’est un exploit en soi. Je crois que je suis le seul éleveur au Portugal à avoir vendu deux chevaux au gouvernement français”.

Voyant l’élevage de chevaux comme un passe-temps, l’ancien diplomate estime que cette activité a fait de lui une personne plus épanouie. “Non seulement c’est agréable, mais c’est également utile pour le développement personnel. Je ne le fais pas pour l’argent, mais plutôt pour mon plaisir. Pour moi, c’est toujours difficile de vendre un cheval”, admet-il. Cependant, certaines causes le préoccupent encore. Selon lui celles ci seraient bénéfiques pour le développement du secteur équestre. “Le Portugal est un pays de cavaliers, mais du côté sportif, je pense qu’il pourrait mieux en profiter”. Une mesure qu’il défend depuis des années est l’organisation de courses de chevaux à niveau national et international, citant la France, l’Irlande et l’Angleterre comme de bons exemples. “C’est la seule chose qui peut apporter de l’argent aux sport équestre et aux éleveurs, et qui pourrait représenter une importante source de revenus pour l’État. Il y’a 10 ans que j’essaye de convaincre les ministres.”

www.coudelaria-mh.com

Par Cátia Matos

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