Leaky gut syndrome : la cause fondamentale méconnue des maladies chroniques

Une passoire au lieu d’une barrière intestinale est un résumé de ce qu’est le syndrome de l’intestin qui fuit.

Dans ce syndrome, notre intestin, qui forme normalement une barrière nous protégeant des toxines, des macromolécules mal digérées (notamment les protéines) et des pathogènes (bactéries, champignons, etc.) présents dans notre tube digestif, sera beaucoup plus poreux, facilitant ainsi leur passage dans notre organisme.

Elle peut être à l’origine non seulement de troubles intestinaux (ballonnements, diarrhées, etc.), de symptômes extra-digestifs (fatigue, maux de tête, eczéma, douleurs articulaires, brouillard mental) mais aussi de maladies chroniques.

Il est fascinant de rappeler que notre intestin est un tube de cinq à sept mètres de long, avec une paroi d’une superficie de plus de 1000m² (environ deux courts de tennis) lui permettant de remplir sa fonction principale : celle d’absorber le plus de nutriments possible des aliments partiellement digérés provenant de l’estomac.

Cependant, notre intestin a une autre fonction, moins connue mais tout aussi importante que la première, celle de former une barrière nous protégeant des menaces présentes dans notre tube digestif.

Pour cela, notre intestin est constitué d’une couche de 50 milliards de cellules appelées entérocytes qui, unies les unes aux autres (par des complexes moléculaires), forment une véritable barrière. Ce dernier est néanmoins plus fin que le papier à cigarette (environ 0,025 mm d’épaisseur) et peut donc être facilement endommagé. Ce n’est pas un hasard si 60% de notre système immunitaire se situe dans nos intestins, juste en dessous de cette fameuse barrière intestinale.

Une fois que vous avez lu ceci, il est facile de comprendre que lorsque la fonction barrière de l’intestin s’affaiblit et que sa perméabilité augmente de manière excessive, le corps sera alors exposé à de multiples substances (bactéries, etc.). Ce dernier peut en effet passer entre deux entérocytes, qui, en situation normale, sont fortement unis par des complexes moléculaires (appelés jonctions serrées), mais qui, dans le syndrome de l’intestin perméable, seront endommagés et moins solides.

Le passage de ces substances étrangères (appelées antigènes) va déclencher l’activation de notre système immunitaire et va donc initier une réaction inflammatoire dite « de bas grade », car de faible intensité mais suffisante pour générer des molécules inflammatoires (comme les cytokines) qui se diffusera dans tout notre corps et nous conduira à une inflammation chronique de tout notre organisme (voir schéma 1).

Fig 1 : Facteurs contribuant à l'altération de la barrière intestinale et aux maladies systémiques. HFD : régime riche en graisses ; LPS : lipopolysaccharide ; GVB : barrière vasculaire intestinale ; TLR : récepteurs de type Toll. Réf : Int. J. Environ. Rés. Santé publique 2021 décembre ; 18(23): 12836.
Fig 1 : Facteurs contribuant à l’altération de la barrière intestinale et aux maladies systémiques. HFD : régime riche en graisses ; LPS : lipopolysaccharide ; GVB : barrière vasculaire intestinale ; TLR : récepteurs de type Toll. Réf : Int. J. Environ. Rés. Santé publique 2021 décembre ; 18(23): 12836.

Leaky gut syndrome : conséquences sur notre santé

Or, on sait depuis plusieurs années maintenant que cet état inflammatoire chronique (appelé « systémique de bas grade ») a des conséquences majeures sur notre santé : surpoids, obésité, maladies cardiovasculaires, auto-immunité, cancers, dépression, maladies dégénératives. De plus, cet état inflammatoire chronique est également l’une des causes profondes du vieillissement accéléré (appelé « Inflammaging »).

Leaky gut : les causes

La grande majorité des cas de syndrome de l’intestin perméable est causée par une dysbiose (déséquilibre du microbiote intestinal) ou des troubles intestinaux. Mais de nombreuses autres causes peuvent y conduire, comme une consommation excessive de gluten (qui a une action inflammatoire directe sur la muqueuse intestinale), des hypersensibilités alimentaires (appelées à tort « allergies alimentaires ») très souvent produites par la caséine (une protéine du lait) ou l’ovalbumine ( l’une des protéines de l’œuf), le stress, la consommation excessive d’alcool et les jeûnes prolongés (plus de sept jours).

Mais, aussi, de nombreux médicaments comme les antibiotiques sont encore prescrits trop automatiquement et qui sont pourtant de véritables bombes pour notre écosystème, les antiacides (IPP) prescrits de longue date en cas de reflux gastro-oesophagien, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) prescrits en cas de douleurs (mais qui ont pour effet secondaire d’altérer la production de mucus intestinal, élément protecteur de notre barrière intestinale) et des médicaments chimiothérapeutiques. Enfin, les pesticides qui sont des produits mutagènes, mais aussi des perturbateurs endocriniens, vont altérer insidieusement nos intestins (essayez toujours de privilégier une alimentation bio).

La solution : prendre soin de notre intestin

Tout d’abord, il est important d’éliminer ou de modérer les causes (ou facteurs déclenchants) du syndrome de l’intestin perméable en rééquilibrant en priorité notre microbiote intestinal. L’objectif sera alors de soutenir et de cicatriser notre muqueuse intestinale afin qu’elle retrouve un état fonctionnel et protecteur.

Pour cela, il faut apporter les micronutriments importants pour un bon renouvellement de nos entérocytes (ce qu’ils font toutes les 36 heures), comme le zinc et la glutamine. Les vitamines A et D seront également essentielles pour la muqueuse intestinale. Enfin, on peut associer des plantes ou des épices qui ont une action antivirale et anti-inflammatoire, comme le boswellia, le curcuma ou la quercétine.

Comme le disait Hippocrate en 400 av. J.-C. : « Toute maladie commence dans les intestins » et le syndrome de l’intestin qui fuit semble en être la cause méconnue.

Par Dr Aurélien Nuñez

|| [email protected]
Aurélien Nuñez est docteur en médecine fonctionnelle et micronutritionnelle, diplômé de l’Université Favaloro de Buenos Aires, Argentine. Spécialisée en Micronutrition, Alimentation, Prévention et Santé (MAPS) de l’Université Paris Descartes. Il travaille à l’hôtel Capela Das Artes dans un projet nommé Smart Treatments, où avec son collègue, Silvestre Gonzalez, un médecin orienté vers l’Ayurveda, et une équipe de thérapeutes, proposent des consultations, des thérapies corporelles, des retraites, du yoga, des cours de méditation et ateliers.
Instagram : @smart_treatments

 

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