Projet de parc éolien dans le Minho : une consultation publique sous tension jusqu’au 16 mai
Tout comme la proposition de définition de la portée pour l’évaluation de l’impact environnemental d’un vaste projet éolien dans le Sotavento Algarvio suscite des tensions locales, le groupe luso-néerlandais à l’origine de ce projet refait parler de lui avec une autre initiative, cette fois dans le nord du pays, à un stade similaire. Il s’agit d’un projet prévoyant l’installation de 32 éoliennes dans la région du Minho, actuellement en consultation publique jusqu’au 16 mai.
La société Madoqua Ipp, basée aux Pays-Bas, souhaite implanter un parc éolien à Sistelo, dans la municipalité d’Arcos de Valdevez, relié à un second site à Merufe, dans la commune de Monção. Comme pour le projet en Algarve, la durée de la consultation publique est très courte, même plus réduite que celle du projet de Cachopo.
La proposition soumise à l’Agence portugaise de l’environnement (APA), qui fait 197 pages, prévoit l’installation de 32 turbines d’une hauteur totale de 112 mètres, avec des rotors de 175 mètres de diamètre. Elle inclut également la construction d’une ligne de très haute tension pour connecter le parc au réseau électrique public.
Le document, rédigé entre décembre 2024 et mars 2025, indique que le projet touche le village de Sistelo, classé monument national du paysage culturel depuis 2017, et premier site au Portugal à avoir reçu cette distinction. La zone d’étude du parc éolien chevauche partiellement le Parc National de Peneda-Gerês, ainsi que des zones de conservation spéciale, de protection spéciale, la réserve de biosphère Gerês/Xurés, et plusieurs habitats naturels protégés par le Directeur régional du Nord pour la conservation de la nature et des forêts.
Selon la société, l’évaluation environnementale du projet sera présentée dans le cadre de l’étude préliminaire. Par la suite, au moment de la mise en œuvre, un rapport de conformité environnementale (RECA) devra être élaboré, conformément aux recommandations issues de cette évaluation.
Madoqua insiste sur le fait que ce processus par étapes permet une implication progressive des parties prenantes, ce qui rend le projet plus personnalisé et potentiellement mieux adapté aux attentes des communautés et autorités locales. Le projet en est encore à sa phase d’étude préliminaire, qui sera achevée lors du dépôt du rapport d’évaluation de l’impact environnemental.
Autrement dit, il s’agit d’un projet très similaire à celui de Cachopo, qui avait suscité une vive opposition de la part de groupes écologistes dans l’Algarve : la construction d’un parc éolien dans une zone naturelle protégée, abritant des espèces et des paysages vulnérables.
Aux yeux des écologistes, ce type de projet s’apparente à un exemple de greenwashing soutenu par le silence de l’État, d’autant que la période de consultation publique coïncide avec une période électorale – au terme de laquelle le processus sera clos.
Le projet relève de la compétence de la Direction générale de l’énergie et de la géologie (DGEG), tandis que l’APA est chargée de l’évaluation environnementale.
Le promoteur rappelle que ce projet est nouveau, bien qu’une version antérieure ait été présentée à la mairie d’Arcos de Valdevez dans le cadre d’une demande d’information préalable. Le projet a ensuite été révisé et « optimisé » en fonction des contraintes identifiées.
La proposition souligne la nécessité de prévoir une surveillance de la biodiversité, en particulier des oiseaux et des chauves-souris, aussi bien pendant la construction que durant l’exploitation du parc. Un plan de surveillance du bruit devra probablement être mis en place, en phase d’exploitation et possiblement aussi en phase de construction.
Encore une fois, comme à Cachopo, les critiques estiment que le principe adopté est de construire d’abord les éoliennes et d’adapter la nature ensuite.
Concernant les travaux, l’étude indique que leurs impacts seront analysés en tenant compte de la proximité avec les centres de population, les infrastructures, les habitations, et d’éventuels conflits d’usage des sols. Pendant l’exploitation du parc, les effets sur l’utilisation du territoire seront étudiés à l’échelle régionale (socio-économique) mais aussi locale, notamment en ce qui concerne les impacts psycho-sociaux et comportementaux.
La société affirme accorder une attention particulière aux mesures visant à réduire l’impact du projet sur les fonctions urbaines et la mobilité des populations locales. Elle prévoit également l’élaboration d’un plan d’information et de communication avec les communautés concernées, à déployer pendant les travaux.
Parmi les mesures d’atténuation envisagées figurent, entre autres, des restrictions saisonnières sur les travaux pour protéger les oiseaux, l’installation de dispositifs anti-collision sur les lignes électriques et les éoliennes, la limitation des zones imperméabilisées, la préservation du patrimoine, de l’eau publique, et la création de corridors écologiques.
Un plan de compensation est également prévu, dans l’objectif de contribuer au développement local des municipalités de Monção et Arcos de Valdevez, et de répondre aux impacts environnementaux les plus significatifs.
Mais que pourrait-il mal se passer ? Comme dans le Sud, les habitants du Minho sont loin d’être favorables au projet. Le journal Público rapporte qu’un groupe de citoyens a déjà lancé une pétition, disponible sur le site de Petição Pública.
L’opposition locale repose sur le caractère emblématique du village de Sistelo, sur la beauté et la valeur patrimoniale de son paysage, que beaucoup estiment menacés par un projet dicté par des intérêts économiques extérieurs.
Madoqua prévoit que l’électricité produite soit injectée dans le Réseau Électrique de Service Public (RESP) afin d’alimenter un futur centre de production énergétique et technologique à Sines. L’entreprise veut y installer des électrolyseurs à grande capacité et d’autres équipements industriels pour produire de l’hydrogène et de l’ammoniac verts, à destination de clients portugais et européens.
Les opposants, emmenés par le groupe environnemental FAPAS, comptent envoyer leur pétition aux autorités nationales et à la Commission nationale de l’UNESCO, en rappelant que la réserve de biosphère transfrontalière Gerês/Xurés a été reconnue par l’UNESCO le 27 mai 2009.
FAPAS alerte également sur les nuisances sonores générées par les éoliennes, dont le niveau pourrait atteindre entre 92 et 107 décibels – un seuil potentiellement dangereux pour la santé publique, le bien-être des communautés et la faune locale.
En résumé, il s’agit d’une région rurale caractérisée par son calme, son silence et sa biodiversité, que ce projet, selon ses détracteurs, menace de bouleverser au nom d’une transition énergétique qui profiterait avant tout aux investisseurs privés.
Le poste Luso-Dutch Group Planning Mega Wind Farm en Algarve, également axé sur Project à Minho est apparu en premier sur Résident du Portugal.