Photo: Shana van Roosbroek/Unsplash
Soyons honnêtes : mes tentatives récentes d’aborder, avec de nouveaux arrivants, les réalités complexes de l’intégration ou les aspects plus sombres de l’expatriation – solitude, dépression, voire désespoir – ont été majoritairement ignorées, sinon accueillies avec gêne, voire une pointe d’offense.
Animé des meilleures intentions, j’ai voulu parler des coups durs qui peuvent surgir après le rêve. Et à vrai dire, en relisant mes propos, je ne suis même pas surpris de l’accueil tiède. Car comment aborder ces sujets, alors que je suis convaincu qu’en les exprimant ouvertement, ils pourraient offrir tant de soulagement et de compréhension ?
Malgré tout, je persiste, espérant que même si peu souhaitent affronter le problème de front, la petite graine plantée aujourd’hui pourra un jour germer, lorsqu’un besoin se fera sentir.
Il est compréhensible que peu veuillent casser l’ambiance euphorique d’une expatriation fraîche, surtout après des mois – voire des années – de préparation. On ne quitte pas tout pour s’installer dans un nouveau pays en imaginant avoir besoin d’un thérapeute. Pourtant, la vie – avec ses hauts et ses bas – ne reste pas derrière nous à la frontière.
La migration peut offrir un meilleur décor pour affronter les aléas de l’existence, mais elle n’immunise en rien contre les coups durs qui jalonnent toutes vies humaines.
Certains ont déjà tourné la page, préférant le sudoku ou les résultats sportifs. C’est très bien ainsi. Le bon moment viendra peut-être. Pour les autres, ceux que la curiosité ou la lucidité amènent à lire ces lignes, je ne suis pas seul cette semaine.
Deux invitées de mon émission Good Morning Portugal! ont récemment osé aborder ces questions à mes côtés :
Simone Torres Costa, psychothérapeute et coach, qui anime des ateliers intitulés Transformer l’expatriation en croissance personnelle ; et Aviva Ariel, installée de longue date, qui lance un groupe de soutien pour expatriés en quête d’un espace confidentiel et bienveillant pour déposer leurs doutes et ressentis.
Toutes deux, avec plus de 20 ans d’expérience chacune, offrent un cadre sécurisant, sans jugement, pour explorer les émotions liées au parcours migratoire – de la joie initiale aux doutes plus profonds, des rêves aux remises en question.
Je plaisantais récemment avec Simone de mes premières illusions : “En arrivant au Portugal, je m’intègre en deux semaines, top chrono !” Cette attitude bravache, bien qu’animée de bonnes intentions, peut au final ajouter une pression inutile.
Simone parle de “l’adaptation psycho-sociale” : mieux vaut être réaliste qu’idéaliste. Elle invite à trouver un équilibre, en gardant un pied dans sa culture d’origine, et un autre dans celle du pays d’accueil. C’est ce double ancrage, selon elle, qui permet de construire une intégration durable et saine.
« Il n’y a rien de mal à vivre la lune de miel », souligne-t-elle. « Tant qu’on sait que c’est une phase.»
Et pour ceux qui en sont déjà à voir leur rêve sans maquillage, le groupe de soutien d’Aviva pourrait être salutaire.
« Ce n’est pas un groupe de thérapie ni un espace pour troubles psychiatriques », précise-t-elle. « C’est un lieu confidentiel, intime et bienveillant, pour dire ‘je me sens perdu’, ‘je doute de mon choix’, ou ‘je suis débordé’.»
Elle connaît bien le phénomène : quand tout semble trop, il suffit parfois d’une machine à laver incompréhensible ou d’une démarche administrative kafkaïenne pour faire fondre les nerfs. Et ça, aucun site d’immobilier de rêve ne le montre.
Mais grâce à des professionnelles comme Aviva et Simone, ces moments peuvent être traversés en étant accompagnés.
« Ce projet vient du cœur », dit Aviva. « Je sais que certains ont besoin de ça.»
Je dis souvent : « après les valises, vient le bagage ». Heureusement, des personnes comme elles sont là pour nous aider à le porter.
Le groupe d’Aviva démarre le 12 juin : avivaanew@outlook.com
Le site de Simone : www.torrescosta.com
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