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Sur la route des délices portugais pour votre réveillon. 

Chaque pays a ses traditions pour le réveillon et nous connaissons bien celles de la France où le foie gras, le saumon fumé, les huitres, la dinde et la fameuse bûche de Noël ornent les tables joliment dressées. Mais connaissez-vous les coutumes portugaises ? Laissez-moi vous embarquer sur la route des traditions de votre pays d’accueil dont un grand nombre d’entre vous appelle dorénavant « maison ».

Dès le mois de novembre, les rues de nos villes s’illuminent, les vitrines pétillent et la douce odeur de Noël s’y installe délicatement. Tous nos commerçants habillent leurs boutiques de rouge et de paillettes en tout genre, les vitrines des boulangeries nous font saliver à l’idée du réveillon où l’on pourra savourer tous ces délices sans compter les calories, car rappelons le, c’est bien la seule période de l’année où on a le droit de se laisser aller. Les fleuristes ont permuté leurs gerberas pour des poinsettias et les maisons respirent le sapin. Mais qu’en est-il des traditions portugaises et des tables qui réuniront familles et amis le temps d’un partage ?

Au Portugal, le réveillon de Noël, appelé « Consoada » n’est pas nécessairement fastueux. C’est avant tout un moment de convivialité qui rappelle la simplicité d’autrefois, mettant en avant les plats de tous les jours, savoureux et imprégnés de traditions. Bien que le dîner soit copieux, ce sont les desserts qui prennent le dessus. La coutume évoque treize sucreries faisant référence aux douze apôtres et Jésus-Christ lors de la Cène.

Au Nord du pays, dans la région du Douro ou bien celle de Tràsos-montes, le poulpe est au cœur des festivités. Servi avec des pommes de terre et arrosé généreusement d’huile d’olive, c’est un plat incontournable que l’on retrouve toute l’année et sur toute la Péninsule. Un peu plus bas, dans les régions des Beira Baixa et Alta, c’est la morue qui est à l’honneur et plus précisément le « Bacalhau de Natal ». La morue est dessalée trois jours avant sa cuisson et cuite avec des pommes de terre, du chou, des carottes et des oignons entiers, le tout avec un filet d’« azeite ». Puis, en se dirigeant vers le Sud on y retrouve la dinde comme plat principal. La région de l’Alentejo met ce meleagris en valeur. Elle est farcie et bien sûr, servie avec des pommes de terre.

Maintenant, parlons de cette fameuse farandole de sucreries qui suscite tant d’attention. Tout d’abord, avez-vous déjà remarqué une couronne briochée agrémentée de fruits confits dans vos boulangeries ? Et bien il s’agit du Bolo Rei (le gâteau Roi), dont certains disent qu’il est inspiré de la couronne des rois français. Il est devenu le dessert incontournable des fêtes de fin d’année. Et pour séduire tout le monde, une version sans fruits confits existe : le Bolo Rainha (le gâteau Reine) aux noix et autres fruits à coque. Sachez pour information qu’ils contiennent tous deux de l’« aguardente » (eau de vie portugaise).

Sur la table nous retrouvons aussi l’« Aletria », une différente manière de faire le « arroz doce » (riz au lait) où des pâtes vermicelles qu’on surnomme aussi « cheveux d’ange » remplacent le riz. Inspiré de la culture africaine, ce dessert est soupoudré de cannelle avec des motifs de Noël et sa particularité est qu’il est dégusté différemment selon les régions : crémeux ou liquide.

L’œuf est l’ingrédient phare de toutes ces recettes ; la « Lampreia de Ovos » par exemple, est un dessert en forme de lamproie originaire de Melgaço situé au Nord, à la frontière avec l’Espagne.

On retrouve ensuite les « Rabanadas », la version portugaise du pain perdu français, qui sont cuites au four et enveloppés de sucre et de cannelle. Elles se préparent à l’avance et se dégustent à température ambiante. Il existe d’ailleurs deux variantes à cette version classique : les « rabanadas com doce de ovo » où l’on vient déposer une crème de jaunes d’œufs sur le pain et les « rabanadas com vinho do Porto » où l’on trempe le pain dans du vin de Porto à la place du lait.

Puis il y a les desserts frits. On retrouve les « Sonhos » (rêves) et les « Filhós » (fils) qui sont des beignets principalement enrobés de sucre et de cannelle. Ce qui les distingue c’est leurs formes : l’un est en forme de boule et l’autre est aplati, et pour les plus gourmands, vous pouvez les retrouvez au potiron ou bien aromatisés à l’orange avec une pointe d’aguardente.

Suite à ce banquet, les Portugais poursuivent le réveillon de Noël à la messe de minuit appelée « Missa do Galo », en souvenir du coq qui aurait chanté le matin du 25 décembre célébrant la naissance de Jésus Christ. Dans les villages, lorsque le service religieux s’achève  les familles et amis se rassemblent sur la place centrale afin de se donner les vœux et d’admirer le feu de joie qui brillera lors des douze coups de minuit. La tradition veut que l’on croque douze grains de raisin, un à chaque retentissement de la cloche.

Enfin, plus tard dans la nuit, c’est la remise des cadeaux déposés par « O Menino Jesus » car au Portugal ce n’est pas le Père Noël qui passe par la cheminé, mais bien le Petit Jésus. Par ailleurs, les biscuits et le lait sont substitués par une orange incrustée de clous de girofles, faisant référence à un fruit hivernal autrefois précieux.

Le lendemain, c’est un autre festin. Dans certaines régions on mange la « Roupa Velha » : on émiette la morue de la veille puis on l’accompagne des mêmes condiments. Et dans d’autres, c’est un repas plus copieux, avec du chevreau rôti au four servi avec des pousses de navets ou bien du « Leitão assado », le cochon de lait rôti. Dans les deux cas, la tablée de desserts ne cesse d’être ravitaillée afin de pouvoir accueillir famille et amis à toute heure de la journée et de se souhaiter un Joyeux Noël.

Pauline Daly

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