L’œnologue de la Herdade do Esporão dévoile la genèse de ce projet viticole, pensé il y a une dizaine d’années avec un entrepreneur britannique, et véritablement lancé il y a peu à Estremoz, dans l’Alentejo
Howard’s Folly est le nom d’un projet vinicole lancé il y a environ dix ans, lorsque j’ai rencontré Howard Bilton à Lisbonne, un entrepreneur financier britannique basé à Hong Kong. C’est là-bas qu’il a découvert les vins d’Esporão, dont il est devenu un grand amateur, au point qu’il me proposa, un jour, de lancer ensemble ce projet au Portugal.
Après plusieurs années consacrées à la recherche d’une cave et d’un vignoble adaptés, nous avons renoncé à l’achat et décidé de louer plusieurs espaces dans des caves existantes. En théorie, c’était un bon plan, parce que nous entretenions d’excellentes relations avec des vignerons de renom, comme ceux d’Azamor, près d’Elvas, de Dona Maria, à Estremoz, et de Perescuma, à Vendinha, mais la logistique était loin d’être idéale. Même avec beaucoup de bonne volonté mutuelle, il y avait toujours des désaccords sur le choix des cuves ou l’espace laissé pour les fûts et la fermentation du raisin récolté.
Ce fut donc un grand soulagement quand, en 2018, grâce à un investissement supplémentaire, nous avons décidé d’acquérir un ancien bâtiment historique au cœur d’Estremoz, dans l’Alentejo, afin de construire notre propre cave. L’édifice était très dégradé et nécessitait d’importants travaux. Il nous a fallu le rénover en vitesse, non sans pression, dans le but d’être prêts à récolter les premiers raisins. Heureusement, la nature était de notre côté.
Les vendanges ont été très tardives et, après quelques moments de nervosité, notamment lors de réunions avec le conseil municipal d’Estremoz pour obtenir une licence industrielle en un temps record, nous étions prêts à recevoir les raisins le 13 septembre, environ trois semaines plus tard qu’en 2017. L’une des caractéristiques de notre cave est qu’elle recoure à l’art urbain pour la décoration des murs, ce qui donne de la vie et de la couleur au bâtiment.
Le vignoble se trouve dans la région de Portalegre. Je crois beaucoup en cette zone comme un lieu d’avenir dans l’Alentejo, car il y fait frais et il me semble parfaitement situé pour échapper aux affres du changement climatique. Juché à 600 m d’altitude, notre domaine viticole est donc composé des meilleurs cépages rouges, et nous avons des contrats avec des agriculteurs qui cultivent en petite quantité des vignes très anciennes, à la fois pour les blancs et les rouges, pour la production de vins « super premium ».
Le projet comprend également un Alvarinho, fabriqué dans une région connue pour son « vinho verde » (« vin vert »), Melgaço, en partenariat avec un producteur local. Les vins d’entrée de gamme s’appellent « Sonhador », ou « Rêveur » en français – un nom tout à fait approprié. Nous exportons les vins depuis quelques années et nous avons récemment trouvé un distributeur pour le marché national. En Algarve, ces derniers sont disponibles depuis janvier.
Avec cette cave urbaine, construite à l’intérieur des murailles d’Estremoz, nous croyons en sa localisation privilégiée et son énorme potentiel touristique. La deuxième phase d’aménagement du site comprendra un espace dédié à la vente et à la dégustation, mais aussi une boutique et un restaurant. Selon le conseil municipal, l’intérêt pour Estremoz en tant que destination touristique ne cesse de croître – en plus de notre vignoble, un musée d’azulejos de Joe Berardo et une bibliothèque verront bientôt le jour.
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Text David Baverstock