Voyage dans le temps

Vestige romain, influence médiévale et baroque, haute cuisine, tradition, nature, simplicité, luxe et modernité sont tous les termes qui définissent une escapade à Évora dans l’Alentejo, au Convento do Espinheiro

Certes, la Costa Vicentina est bordée de plages à couper le souffle, pourtant l’Alentejo a bien plus à offrir. Si l’on prend la peine de s’aventurer dans les profondeurs de ses plaines qui s’étendent à l’infini, c’est un voyage gastronomique, historique et oenologique qui s’ouvre à nous. Évora en est un parfait exemple. Avec ses 50 000 habitants, la capitale de la région est une véritable ville musée et pour cause, elle est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1986. La magie opère dès qu’on entre dans la cité fortifiée traversée d’un aqueduc, l’Aqueduto da Água de Prata, inauguré en 1537. S’il est de rigueur d’arpenter les ruelles médiévales à l’architecture intacte, de vivre à la mode « alentejana », c’est à dire en toute tranquillité, il est deux principales curiosités incontournables à ne pas manquer : le temple Romain et la Capela dos ossos.

Le premier, est le plus grand et le mieux conservé des monuments dédiés à une divinité antique sur la péninsule. Cette structure de style corinthien a été édifiée au début du premier siècle après J-C et se situe dans le centre historique, plus précisément sur le Largo Conde de Vila Flor. Nommé à tort « Templo de Diana » ( temple de Diane), il s’agit en fait d’un hommage à l’empereur Auguste considéré à l’époque comme un véritable dieu, aussi, on comprend aisément sa position géographique. En effet, il domine littéralement le paysage par sa hauteur et offre depuis son jardin une vue imprenable sur toute la vallée. Malgré toutes les modifications et les destructions qu’il a subies, il conserve son plan d’origine. Majestueux, il mesure environ 3,5 mètres, il se dresse sur un immense bloc de granit de forme rectangulaire et se compose de quatorze colonnes dont certaines sont encore ornées de leur chapiteau, conçu en marbre blanc d’Estremoz. En revanche, son sol qui a aujourd’hui complètement disparu aurait été recouvert de mosaïques. En plus d’être un symbole de Évora, il sert de nos jours comme toile de fond aux photos de mariage, de lieu de rencontre des étudiants récemment diplômés de l’université ainsi que des amoureux transis qui s’immortalisent devant ce chef d’oeuvre architectural.

Puis il y a la fameuse « chapelle des os ». Cette dernière au nom quelque peu effrayant, fait partie de l’Igreja de São Francisco ( église de Saint François) sur la Praça 1° de Maio ( premier mai). Elle a été construite au XVIIe siècle de l’initiative de trois frères franciscains qui avaient pour objectif de transmettre un message concernant le caractère transitoire et la fragilité de la vie humaine. Les huit piliers qui constituent ses trois nefs d’environ 18,70 m de long et 11 m de large sont tapissés d’os et de crânes humains soigneusement disposés, reliés par du ciment brun. Les voûtes sont faites de briques plâtrées à blanc et peintes avec des motifs qui symbolisent ou font allusion à la mort, mais sont aussi décorées de statues religieuses et d’une peinture de style baroque.

La lumière naturelle n’entre que par trois petites brèches sur le côté gauche, c’est donc un endroit plutôt sombre qui ferait fuir les plus timorés. Elle peut sans doute paraître sinistre mais cette chapelle traduit à elle seule du goût macabre de la Renaissance et on ne peut explorer la ville sans y faire étape.

En toute honnêteté, on peut rapidement souffrir de la chaleur dans l’intérieur de l’Alentejo, les températures en été avoisinent régulièrement les 40 degrés. Aussi, il est bon de trouver un logement propice aux après-midi de farniente qui saura offrir la fraîcheur nécessaire à un parfait séjour. C’est chose faite au Convento do Espinheiro qui accueille ses hôtes dans un cadre idyllique, en pleine campagne où l’Histoire et la gastronomie ne font qu’un. Depuis 15 ans déjà, ce magnifique 5 étoiles s’impose comme une référence en matière d’hôtellerie de luxe et présente des caractéristiques rares. À leur arrivée, les convives bénéficient d’une visite guidée pour explorer les lieux dont l’église et le cloître sont des joyaux architectoniques du XVe siècle. L’origine du couvent est liée à une légende qui raconte l’apparition de la Vierge sur un buisson d’aubépine, symbole de l’établissement, vers 1400. En 1412 un petite oratoire y a été bâti en son honneur, puis, en 1458, sous le règne de Dom Afonso V, s’en sont suivis une église ainsi qu’un ermitage accueillant les moines de l’Ordre de Saint Jérôme. Lorsque les communautés religieuses ont été démantelées au Portugal en 1840, l’édifice aux proportions imposantes a été acquis par divers propriétaires qui l’ont finalement laissé à l’abandon, avant d’être transformé en un lieu de villégiature unique.

Si la décoration du domaine traduit sa forte empreinte historique, on peut notamment contempler de la réception aux couloirs des statues, des tableaux ou encore des jarres artisanales d’époque, les 92 chambres tout comme les infrastructures sont quant à elles modernes et répondent aux normes de confort actuelles. On note par ailleurs immédiatement l’influence régionale par l’omniprésence du marbre de Estremoz. Mais la touche locale ne s’arrête pas là, on la retrouve notamment au spa où les soins à base d’huile d’olives font l’unanimité auprès des aficionados du bien-être. 

Côté gastronomie, le plaisir de la table est considéré comme un acte culturel. Le Divinus est un temple dédié à la haute cuisine où le chef Jorge Peças excèle dans l’art de moderniser des recettes traditionnelles en utilisant des produits à kilomètre zéro de grande qualité. C’est le cas par exemple des figues qui proviennent tout droit du potager, de la viande de boeuf DOP de Mertolenga, du porc noir ou encore du « cabrito » (chevreau). Ce dernier, la star de la carte, a cuit des heures au four avant d’être effilé puis enveloppé dans une feuille de brick croustillante, agrémenté de verdures et de pommes de terre nouvelles. Certains plats changent en fonction des saisons, aussi, avec la chaleur actuelle les suggestions sont à la légèreté, comme c’est le cas du gazpacho, un fondamental de la gastronomie du sud du Portugal qui diffère quelque peu de son voisin andalou, accompagné de tempuras de filets de maquereau. Par ailleurs, la nouveauté du moment est un «bacalhau » semi frais, en d’autres termes un poisson très peu salé donc d’une texture légère à la consistance très tendre, servi avec une julienne et une purée de haricots verts. En dessert, le parfait aux fraises garni de sorbets pastèque et basilic est la consécration d’un dîner qui rappelle le passé glorieux de l’hôtel, puisque c’est dans l’ancienne cave que les gourmets se retrouvent, sous un plafond en forme d’arcs ogivaux et sur un sol de dalles en pierres d’origine. Dans une ambiance plus décontractée, voire plus familiale mais au service toujours impeccable, les convives peuvent opter pour Olive, un restaurant aux accents italiens et pour l’Aqua Lounge Pool Bar qui propose sur la terrasse de la piscine des plats légers, salades, clubs sandwiches ou tapas.

En ce qui concerne les activités, les possibilités sont infinies sur cette propriété de 8 hectares: hamam, sauna, jacuzzi, piscine intérieure et extérieure, salle de sport, parc pour enfants, terrain de tennis et de padel. Pour ceux qui apprécient les fameux crus de l’Alentejo, des dégustations sont organisées chaque jour à 17h30 et 18h par le sommelier et sont comprises dans le prix des chambres. Les invités peuvent en outre participer à des ateliers de cuisine pour apprendre à concocter un pannel de gourmandises dont le chef dévoile les secrets, entre autres celui du pain alentejano.

En conclusion, que l’on veuille parcourir les environs, découvrir l’Histoire, les paysages à pied, en vélo, en montgolfière ou encore que l’on veuille profiter de moments de pure détente, le Convento do Espinheiro est la garantie d’un séjour réussi dans l’Alentejo, à seulement quelques kilomètres de Évora, ville qui gagne véritablement à être connue.

* Depuis sa réouverture l’établissement suit à la lettre les règles de sécurité mises en place par les autorités sanitaires.

Johanna Trevoizan

www.conventodoespinheiro.com

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