Comme architecte, elle a travaillé dans l’atelier de Souto Moura. Comme bijoutière, elle a orné le poignet de Julia Roberts. Luísa Rosas est un nom à retenir, au Portugal et au-delà
Texte Ana Tavares
Luísa Rosas dit qu’elle ne porte pas beaucoup de bijoux. Ce qui cependant est certain, malgré ses défauts autoproclamés sur le port de bijoux, est qu’elle excelle dans leur création. Ceci est prouvé non seulement par les quatre collections élégantes et intemporelles qu’elle a lancé jusqu’à présent, mais aussi par l’approbation qu’elle a obtenue de l’une des plus grandes célébrités du monde: l’actrice américaine Julia Roberts, qui était en couverture de l’édition du mois de juin du magazine InStyle, portant un bracelet de la bijoutière de Porto.
“J’avais envie de faire quelque chose de spécial. Exceptionnellement, j’ai pris un risque. Pourquoi ne pas essayer de faire porter une de mes créations par Julia Roberts?”, explique Luísa.
Assise dans le magasin David Rosas, Avenida da Liberdade à Lisbonne, cette petite femme élégante, avec un accent du nord présent dans sa voix tranquille, et une confiance inébranlable en son travail, appartient à la cinquième génération d’une famille de bijoutiers. Tout a commencé en 1860, quand Mateus dos Santos Rosas, le grand-père de son père, David Rosas, a ouvert un atelier d’orfèvrerie à Gondomar, un lieu traditionnellement associé à l’or et ses artisans. Aujourd’hui, David Rosas est une marque leader de haute bijouterie au Portugal, avec des magasins à Porto, Lisbonne, Funchal et aussi à Almancil, et Quinta do Lago.
Luísa et son frère, Pedro, sont les dignes héritiers de cette tradition bijoutière et garantissent le futur de la marque David Rosas. “Nous faisons une bonne équipe,” dit Luísa. Pedro, formé en gestion, est chargé de l’administration de la marque, alors que Luísa, âgée de 38 ans – qui n’a jamais pensé être impliquée dans le monde de la haute bijouterie – a lancé une collection spéciale de ses créations, portant le nom “by Luísa Rosas”, en 2009. Il y a deux ans, cette gamme lui a permit de créer sa propre marque – Luísa Rosas – à laquelle aujourd’hui elle se consacre entièrement, ou du moins essaye.
Ayant passé son enfance entre Porto et Gondomar, Luísa dit qu’elle a toujours trouvé que grandir dans une famille de bijoutiers était quelque chose de “naturel”. “Après l’école, j’allais à la boutique de mes parents à Porto; Je connaissais tous les clients. J’ai beaucoup participé à la vie professionnelle de mes parents.” Malgré cela, elle savait à un âge précoce qu’elle voulait se consacrer à l’architecture et elle nous assure que ses parents ne l’ont jamais obligée à rejoindre l’entreprise familiale. Aussi, après avoir obtenu son diplôme, elle a travaillé pendant trois ans dans l’atelier du célèbre architecte Eduardo Souto de Moura et a même, parallèlement, ouvert son propre atelier, tout en étant responsable de l’architecture des magasins David Rosas. Son expérience avec la bijouterie se limitait à l’aide qu’elle donnait à sa mère dans la création des collections David Rosas.
Tout a changé en 2006, quand son frère l’a défiée de créer des pièces plus jeunes et plus simples pour David Rosas, une marque traditionnellement associée à la haute bijouterie. Luísa a accepté le défi, mais voulait encore étudier: “J’ai suivi un cours de troisième cycle à l’Université Católica où je me suis sentie incroyablement à l’aise. Il y a beaucoup de similitudes entre la bijouterie et l’architecture,” nous dit-elle, ajoutant: “J’ai créé ma première collection et quand je l’ai montrée à mes parents et à mon frère, ils l’ont vraiment aimée, ils étaient vraiment heureux.”
La première collection portant son nom – Be – est née en 2009, suivie en suite par Caring Tales, Skin et Essences. Au slogan “The Shape of Nature” – la forme de la nature, les collections Luísa Rosas sont constituées de boucles d’oreilles, bracelets, bagues et colliers inspirés par la nature. Les formes et les textures sont organiques et parfois architecturales, clin d’œil à l’expérience professionnelle de la créatrice. Après tout, selon Luísa, même le processus de création est similaire dans les deux domaines: comme dans l’architecture, la créatrice de bijoux trouve son inspiration dans les images qu’elle stocke sur son ordinateur ou sur Pinterest. “J’ai souvent une image en tête et cette période de réflection est très importante, parce que je continue à ajouter des idées jusqu’à ce que je me mette à l’oeuvre,” dit-elle. Ayant une claire préférence pour l’or jaune, ses pièces sont toujours une réinterprétation de la nature, avec d’aussi inhabituelles inspirations comme le motif de la texture d’un champignon, et sont toujours confortables à porter. “Je ne veux pas faire de boucles d’oreilles lourdes ou des bagues qui font mal”, nous dit-elle. Cette préoccupation pour les plus petits détails, de l’ergonomie des pièces à leur finition, résulte au fait que ses collections prennent souvent un ou deux ans à être complétées. Après tout, la marque Luísa Rosas reflète du goût impeccable de sa créatrice.
Cet automne, la marque lance une nouvelle collection, dont Luísa est réticente à révéler les détails: “Elle a été créée à partir du design d’un anneau et comprend cinq pièces, qui seront rejointes par trois autres, dans différentes finitions.”
Entre-temps, ce qui a commencé comme une collection plutôt expérimentale est devenue une marque à part entière, vendue dans tous les magasins David Rosas, ainsi que dans deux points de vente aux États-Unis, à Los Angeles et Memphis. “Lorsque j’ai créé la marque, il y a deux ans, l’objectif était de la développer à l’étranger. Je veux grandir sur le marché américain, qui est très sain, mais l’Europe n’est pas oubliée, et en ce moment nous sommes en négociations avec les Émirats Arabes Unis.” Dans l’avenir, au lieu de l’ambition, Luísa opte pour la qualité et révèle qu’elle aimerait avoir environ 80 points de vente dans le monde, mais pas plus. “Je veux être uniquement dans les points auxquels je crois vraiment et que j’aime.”
Il n’est pas surprenant que l’un des trois mots que la bijoutière utilise pour décrire sa marque est “identité” (en plus de “réinterprétation” et “nature”). “Je n’ai jamais vendu une pièce que je n’aime pas,” dit-elle fièrement. Et, vu l’engouement pour sa marque, elle n’y sera pas obligée.
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