Près de 60 000 personnes contraintes de quitter Lisbonne au cours des trois dernières années

Un nouveau résident sur quatre est étranger.

Aujourd’hui de tous les jours les changements extraordinaires dans la composition de la vie quotidienne à Lisbonne se manifesteront. Les habitants de la capitale ont déjà remarqué que « tu n’entends plus rien » quand « l’équipe nationale marque un but… ». Chaque année, la ville perd plus de « locaux ». Le match au Qatar contre la Corée du Sud entraînera sans aucun doute les mêmes pensées et sentiments chez ceux qui restent.

Expresso publie cette semaine un article décrivant la nouvelle réalité galopante. Aucun des « experts » interrogés ne pense qu’il soit possible de revenir en arrière : « Lisbonne est entrée dans le circuit immobilier mondial, tout comme Madère et l’Algarve », chercheuse ISTCE (au Centre d’études sur les changements socio-économiques et territoriaux) Susana Marques Pereira. « Pour changer la situation, il faudrait des mesures radicales » – dont aucune n’est probable.

La seule chance de renverser la situation passerait par « une régulation du marché beaucoup plus forte », déclare-t-elle à Expresso, suggérant « la fixation de quotas pour les logements accessibles ; la construction de nouveaux logements sociaux et la « révision des avantages fiscaux » existants pour les étrangers ».

Les « visas Digital Nomad » par exemple, vanté lors du Web Summit du mois dernierne fera qu’aggraver la situation à Lisbonne, a-t-elle souligné : Lisbonne étant l’une des « principales attractions » en termes de lieux de vie pour les nomades numériques.

L’accent mis sur la transformation du tissu social lisboète s’inscrit dans le cadre de la dernière publication par l’INE (institut national de la statistique) du Recensement 2021. Il a montré qu’au cours des trois dernières années, 56 000 personnes ont quitté Lisbonne pour s’installer dans « une autre municipalité du pays ».

Plus de la moitié de ces évacués ont moins de 40 ans ; 78 % d’entre eux ont échangé la capitale contre « la périphérie » – les arrondissements du Grand Lisbonne.

Pour l’écrasante majorité « leur sortie n’a pas résulté d’un choix. Ils ont été poussés vers les banlieues en raison de l’augmentation galopante des loyers et des prix de l’immobilier. Sans l’entrée de nouveaux résidents, Lisbonne aurait perdu 10 % de sa population entre 2019 et 2021. La réalité est que l’arrondissement a en fait augmenté en termes de population. Ceux qui sont arrivés ont un autre profil, qui modifie la composition sociale de la ville ; un quart d’entre eux sont des étrangers », précise Expresso.

C’est, expliquent des experts comme Jorge Macaísta Malheiros, géographe et enquêteur de l’IGOT (l’Institut de géographie et d’aménagement du territoire) « une expulsion de la classe moyenne et de la petite bourgeoisie ». La situation à Porto est presque exactement la même.

Ainsi, aujourd’hui, alors que le Portugal entre à grands pas sur la pelouse du Qatar dans l’espoir de passer la phase de groupes de cette Coupe du monde, les passants du centre de Lisbonne ne seront probablement pas plus avisés. Autrefois, les sons de l’agonie et de l’extase des supporters remplissaient les rues.

natasha.donn@portugalresident.com

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