L’ancienne ministre socialiste dénonce une Union européenne aveuglée par ses intérêts commerciaux et stratégiques
Figure de proue des gouvernements d’António Costa, aujourd’hui députée européenne, Marta Temido exprime une profonde désillusion face aux institutions européennes.
Lors d’un débat récent entre eurodéputés portugais, elle a dénoncé l’attitude de la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, notamment son soutien à l’attaque israélienne contre l’Iran. Pour Temido, cette position « met en péril tout ce qui représente l’espoir d’une génération entière de jeunes. »
Comme le rapporte CNN Portugal, la déclaration choc de l’ancienne ministre de la Santé est intervenue en toute fin de débat, alors qu’on lui demandait ce que l’Union européenne pouvait faire pour stopper la violence à Gaza. Sa réponse a été sans détour : « Je crois uniquement au pouvoir de la société civile. Je suis désolée de le dire, mais je ne crois pas au pouvoir des institutions européennes en ce moment. »
Pour elle, le seul levier possible pour obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas repose sur la mobilisation citoyenne. « Je pense que ce sont les gens dans la rue qui doivent influencer les institutions européennes. C’est la seule manière de leur faire comprendre que les citoyens, notamment les jeunes, ne se reconnaissent pas dans cette Europe », a-t-elle affirmé.
Marta Temido estime que les institutions européennes, « livrées à elles-mêmes, ne bougeront pas d’un millimètre », trop obsédées par des « intérêts commerciaux, stratégiques et de défense », au détriment des « enjeux majeurs comme le génocide auquel nous assistons », a-t-elle poursuivi.
Déjà, dans une intervention plus tôt durant le débat, elle s’était dite bouleversée par les propos tenus par Ursula Von der Leyen au dernier sommet du G7, où la présidente de la Commission européenne a déclaré qu’« Israël a le droit de se défendre face à la menace nucléaire iranienne », qualifiant l’Iran de « principale source d’instabilité régionale. »
« Cela m’a causé une immense tristesse”, a confié Temido, jugeant que cette prise de position “met en péril l’espoir d’une génération entière de jeunes qui regardent l’UE et refusent l’Europe que nous voyons aujourd’hui.»
Dans sa vision, l’Union européenne est devenue une institution « où, dans l’arbitrage entre valeurs et intérêts, ce sont les intérêts commerciaux, le maintien du statu quo politique et les alliances stratégiques qui l’emportent. Et cela est parfaitement inacceptable, cela provoque une frustration brutale envers tout ce qui fait la démocratie. J’en suis profondément inquiète », a-t-elle conclu.
Face à cette déclaration fracassante, le journal Expresso s’interroge : « Que s’est-il passé ? »Il y a un an à peine, Marta Temido semblait enthousiaste d’entrer au Parlement européen. Aujourd’hui, elle paraît avoir perdu toute confiance dans le projet européen, pourtant porté par son ancien mentor, António Costa.
Selon Euronews, Marta Temido est loin d’être la seule à exprimer son malaise face aux positions d’Ursula Von der Leyen sur Israël. Un diplomate européen a confié : « Il n’y avait pas de consensus pour dire qu’Israël avait le droit de se défendre, mais Von der Leyen l’a affirmé malgré tout. Elle connaissait le langage convenu, mais elle a choisi de faire sa propre déclaration. Franchement, c’était décourageant. »
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