Encore une belle querelle sur l’incompatibilité ministérielle

La hiérarchie PS se mobilise autour du ministre des infrastructures et du logement

Le bureau du ministère de la Présidence du Conseil des ministres a pris aujourd’hui la défense du ministre des infrastructures et du logement Pedro Nuno Santos dans l’affaire de la société détenue par son père (et dans laquelle Pedro Nuno détient une part de 1%) qui bénéficiait d’un marché public « de gré à gré » avec l’État.

Tout comme Pedro Nuno Santos lui-même l’a déjà fait, le ministère de la Présidence cite un avis rendu par le bureau du procureur général en 2019 qui indique qu’une incompatibilité existerait si le marché avait été passé par un service sous tutelle du ministère de l’équipement.

Le libellé exact était : « Le 19 septembre 2019, le Conseil consultatif du Bureau du procureur général a précisé qu’un empêchement ne s’applique qu’aux procédures relatives à l’ouverture publique contrats exécutés sous la direction, la surveillance ou la protection de l’organe de l’État dans lequel le titulaire d’un mandat politique exerce des fonctions (en gros, dans le cadre du ministère respectif) ».

En d’autres termes, il est tout à fait acceptable que les membres de la famille d’un ministre du gouvernement bénéficient de « contrats directs » avec l’État, tant que ceux-ci ne touchent pas à la portée du ministère particulier de leur membre de famille.

En ce qui concerne le fait que Pedro Nuno Santos soit lui-même actionnaire de l’entreprise de son père, c’est aussi « très bien », car il détient une si petite participation.

Selon la note émise par le ministère de la Présidence, les membres du gouvernement ne sont empêchés d’actes de passation de marchés publics que lorsque la participation dans les sociétés commerciales leur appartenant ou appartenant à des membres de leur famille proche « est supérieure à 10%, ou lorsque leur capital social est supérieur à 50 000 € » – aucune de ces situations ne s’applique dans ce cas.

En d’autres termes, ce dernier cas d’incompatibilité perçue n’est pas du tout « incompatible », aux yeux du gouvernement – tout à fait comme les autres cas qui ont été révélés récemment qui ont été expliquées en recourant au fondement juridique.

Sauf que Observador en ligne, et d’autres sources médiatiques, ne sont pas totalement d’accord avec l’interprétation du gouvernement de l’avis du bureau du procureur général, se référant à les diverses lois qui ont été élaborés sur l’incompatibilité ministérielle depuis 1993.

Expresso explique : « Ce que dit la loi, c’est que, s’il s’agit d’entreprises détenues uniquement par des membres de la famille, elles ne sont empêchées de passer des marchés publics que si l’entité publique qui passe les contrats dépend entièrement du titulaire du poste » ( dans ce cas, sur Pedro Nuno Santos en tant que ministère des Infrastructures et du Logement).

« Cependant ce cas est différent », dit Expresso – certainement très différent du scénario abordé par le bureau du procureur général en 2019.

Cette affaire concerne une société (Tecmacal) que le ministre, avec un membre de sa famille, « détient en effet plus de 10 % ».

De plus, précise le journal : « l’avis de 2019 qui exonère le minister dire qu’il n’y aurait incompatibilité que si l’opération avait été du ressort du ministère en question ou si le ministre détenait plus de 10% du capital de la société, renvoie à l’article 8 de la loi 64/93, mais uniquement pour le point a ). » 

Ce qui est en cause au paragraphe a) de cet article, ce sont les situations dans lesquelles des entreprises sont détenues par des membres de la famille (sans la participation du ministre).

« La situation du ministre rentre pourtant dans le cadre du paragraphe b) », souligne Expresso – « qui concerne sociétés détenues « conjointement » par le membre du gouvernement et un membre de sa famille ».

En d’autres termes, cette situation – et le dernier raisonnement avancé un samedi par le ministère de la Présidence du Conseil des ministres – n’a pas l’air simple.

« En cas d’incompatibilité, la sanction prévue par la loi pour les cas où un titulaire de mandat politique, qui détient plus de 10% d’une société avec un « ascendant », et qui passe un contrat avec l’Etat, est le licenciement », dit le papier (la définition de « l’ascendant’ étant : » les personnes auxquelles on est lié dans la lignée ascendante, y compris ses parents, grands-parents, arrière-grands-parents, etc. »).

natasha.donn@portugalresident.com

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