Les autorités accusées de négligence alors que l’Algarve et l’Alentejo sont en proie à la sécheresse
Les climatologues avertissent depuis des années que le sud du Portugal s’assèche ; que les niveaux de précipitations continueront de diminuer ; que des mesures d’urgence doivent être mises en place – pourtant, trois ans après que la première usine de dessalement a été évoquée pour l’installation à Albufeira, la région est loin de voir cela se produire, et “pendant ce temps” des projets d’agriculture intensive – les hectares de serres en plastique puisant de l’eau du réservoir pitoyablement bas de Santa Clara dans le sud de l’Alentejo – ont été autorisés à proliférer.
Alors que le pays fait face à sa troisième vague de chaleur en avril – un mois traditionnellement caractérisé par « águas mil » (averses abondantes) – les autorités se sont surpassées d’idées : une taxe de séjour a été proposéecomme un moyen d’aider la région à devenir plus durable sur le plan environnemental, tandis que le président de l’AMAL, la communauté intercommunale de l’Algarve, a déclaré « l’aggravation de la sécheresse en Algarve devrait obliger à réfléchir sur le modèle de développement à la région de définir quelles activités pourraient avoir un avenir dans le scénario de pénurie d’eau ».
Il n’y a littéralement rien dans l’une ou l’autre des suggestions qui apporte une solution immédiate au drame qui affecte déjà profondément les agriculteurs et les producteurs, en particulier ceux qui ont du bétail dont les pâturages ont pratiquement disparu en raison de la rareté des précipitations.
En attendant, la dernière mention de ceux « plans courageux » pour les usines de dessalement est venu il y a deux mois, sous la forme d’un avertissement du comité national de suivi des financements RRP (les milliards provenant de Bruxelles pour la relance et la résilience) que « le moment est venu de définir rapidement comment le gouvernement entend les financer ». Depuis… rien (certainement rien dans la presse nationale).
Ainsi, la semaine dernière, les groupes civiques « Juntos Pelo Sudoeste » (JPS) et « SOS Rio Mira » ont lancé une nouvelle impulsion concertée pour agir – une impulsion qui semble avoir porté ses fruits, dans le dernier message Facebook de JPS qui « enfin le secrétaire d’État à l’Agriculture a accepté de nous rencontrer ».
Lors d’une réunion de la Commission Sécheresse, également la semaine dernière, le gouvernement (sous la forme des ministres de l’environnement et de l’action climatique Duarte Cordeiro et de l’agriculture Maria de Céu Antunes) a accepté qu’il y ait une interdiction de « la construction de nouvelles serres » dans le sud de l’Alentejo. Mais comme le soulignent JPS et SOS, cela arrive « avec des années de retard et est clairement insuffisant face au chaos et aux défis difficiles dans le sud-ouest du Portugal ».
Négligence et obscurcissement
Le nœud du problème, dans l’esprit des militants – et quand on dit « militants », on entend « citoyens profondément inquiets » -, c’est que « la négligence de l’État et du gouvernement a laissé toutes les limites d’une région sensible non seulement pour ses valeurs mais aussi pour son exposition à l’impact du changement climatique, ainsi que sa situation sociale et démographique, à dépasser. »
« Le résultat de cette négligence (…), de ce laisser-faire ultra-libéral ou simplement incompétent, saute aux yeux : un territoire assoiffé, avec de profondes blessures sociales et environnementales, qui auront tendance à s’aggraver s’il se confirme que ceux qui obtiennent les dernières gouttes de Santa Clara (eau du barrage) sont les dernières à arriver (c’est-à-dire les investisseurs dans les hectares de serres en plastique). »
Le résultat des délibérations du gouvernement – et même des pontifications du président de l’AMAL – est que les autorités semblent accepter le « statu quo » dans lequel l’agriculture représente 60 % de l’utilisation de l’eau de la région (les terrains de golf, à l’inverse, ne sont responsables que de 6 % de l’eau utilisation ; ménages pour 32 %).
JPS et SOS affirment que les autorités se sont concentrées sur « la protection des intérêts d’une poignée d’entrepreneurs agricoles puissants » – et le sont encore dans une large mesure – lorsque
la logique suggère que si l’agriculture intensive désertifie essentiellement le sud, elle doit être maîtrisée.
Une troisième usine de dessalement, pour l’Alentejo, financée par des fonds privés
Cette idée a été évoquée et permettrait, sur le papier, de répondre à la question des fermes à grande échelle sous des hectares de plastique. Mais ce n’est que sur papier. Le dessalement comporte d’énormes inconvénients environnementaux, notamment la question de savoir comment éliminer (ou recycler de manière durable) les énormes quantités de saumure créées.
Une conversation récente, certes en passant, avec une source d’une autorité régionale de l’eau a suggéré que le plan pour le moment est de « prendre (la saumure) en mer, loin, très loin où cela n’affectera rien … ». Dans d’autres Autrement dit, les subtilités du dessalement sont loin d’avoir été décidées, à un point où personne n’a même expliqué où seront exactement les usines de dessalement de l’Algarve, ni comment elles seront financées.
La diversité des espèces déjà sérieusement compromise
À Alcoutim, dans le nord-est de l’Algarve, l’éleveur Nuno Coelho raconte Luse qu’il ne s’agit pas simplement de pâturages qui ne poussent pas suffisamment pour nourrir les bovins/ovins/caprins. Le manque de pluie a réduit la diversité des espèces : « Les plantes n’ont pas la croissance et le développement adéquats et, année après année, la diversité de la biodiversité dans la banque de graines en le sol va de mal en pis. Un hectare de terre, pour mes animaux, me permettait d’y paître pendant 15 jours. En ce moment, peut-être dans trois ou quatre jours, ils défrichent la terre… ».
L’avenir des éleveurs, selon Nuno Coelho – l’un d’entre eux qui a vu le climat se réchauffer et se dessécher sous ses yeux – est sombre.
On pourrait dire peut-être que l’élevage devra se concentrer dans les régions les plus humides du pays. C’est là qu’un Résident lecteur a écrit à notre bureau pour demander pourquoi, à aucun moment, les autorités n’ont envisagé un pipeline pour transporter l’excès d’eau du nord (où, même cette année, il a plu abondamment) vers le sud ?
Vu les millions d’euros qu’il faudrait dépenser pour les usines de dessalement – et le temps qu’il faudra sans doute pour y arriver – c’est une très bonne question.