Vivre le Portugal a interviewé Laurent Marionnet, Directeur de la Chambre de Commerce et d’Industrie Luso-Française
Cela fait déjà 3 ans que Laurent Marrionet est arrivé à Lisbonne. Sans connaître le Portugal, il a pris la direction de la Chambre de Commerce et d’Industrie Luso-Française, suite à la retraite de son prédécesseur.
Originaire de Blois, dans le Loir et Cher, et diplômé en Commerce International il a démarré sa carrière professionnelle dans le secteur privé en tant que commercial export. Il connaît bien le réseau des Chambres de Commerce en France et international et aujourd’hui a la responsabilité de “favoriser la mise en réseau des membres pour développer les relations d’affaires” au sein de la CCILF.
Cela fait 3 ans que vous êtes arrivé au Portugal. Quelle fut votre première impression et a-t-elle changé depuis?
“Aussitôt sorti de l’aéroport je suis tombé amoureux de Lisbonne et j’ai découvert une Chambre de Commercer très active. Je suis arrivé dans un environnement très favorable à une époque où tous les français arrivaient et l’économie reprenait. J’ai eu de la chance d’arriver à ce moment et j’ai une équipe qui travaille très bien. Trois ans plus tard je ne suis vraiment pas déçu.”
Et au niveau personnel?
“J’habite à Príncipe Real, à 10 minutes à pied du bureau, c’est formidable. Je n’ai eu aucun souci pour m’installer, tout s’est bien passé. La seule chose un peu négative c’est que l’hiver est très humide. Pour moi, de novembre à mars c’est le calvaire!”
Quel est le statut de la CCILF au Portugal?
“Cette Chambre de Commerce est une institution qui est déjà ancienne mais encore très dynamique. Nous fêtons cette année nos 130 ans. C’est l’une des premières Chambres de Commerce à avoir été créée. On fait partie d’un réseau de 115 Chambres de Commerce dans le monde, qui ont été créées comme clubs d’affaires pour les chefs d’entreprises français qui voulaient se retrouver pour partager leurs expériences. Ce sont des sociétés indépendantes, privées, autofinancées et juridiquement indépendantes.
Combien de membres avez-vous?
Nous avons 600 membres, la plupart d’entre-eux sont des entreprises portugaises qui font des affaires avec la France, dans tous les secteurs d’activités, c’est très varié. Je dirais que l’on a 70 pour-cent de sociétés portugaises et 30 pour-cent françaises.
Y a-t-il beaucoup de nouvelles entreprises françaises au Portugal?
“Oui, la France est aujourd’hui le deuxième pays investisseur au Portugal avec une présence importante de grands groupes. Vinci, par exemple, qui a racheté les aéroports Portugais; l’actionnaire de SFR qui a racheté Portugal Telecom; vous aussi avez BNP Paribas qui est très présent; Altran un grand groupe de services partagés. Mais à côté de ça il y un certain nombre de PME et même d’artisans qui souhaitent venir au Portugal, parce que il y a quand même un effet de mode. Il y a aussi toutes ces réformes qui ont été menées pendant la crise, qui ont eu pour objectif d’attirer des investissements étrangers, et qui portent leurs fruits.
Nous sommes une Chambre de Commerce bilatérale, c’est-à-dire, nous sommes capables d’accompagner des entreprises Portugaises qui veulent faire du business en France. Mais d’une façon limitée afin de ne pas entrer en concurrence avec l’AICEP, l’agence du gouvernement Portugais. Nous travaillons bien avec eux. De même avec Business France, qui est l’agence de développement export du gouvernement Français. Nous travaillons tous avec le même objectif, aider les entreprises, autant bien faire les choses.”
Quelles sont les fonction de la CCIFL?
“Nous avons des membres qui cotisent à l’année. Nous avons gardé la fonction de club et nous devons l’animer pour nos membres. L’objectif est de mettre en relation les membres du club pour qu’ils se rencontrent pour faire du networking afin de favoriser cet effet réseau.
Notre deuxième activité principale est que l’on fonctionne un peu comme un cabinet de consulting, où notre objectif final est d’aider les entreprises françaises qui souhaitent venir s’installer au Portugal, les accompagner dans toutes leurs démarches, qu’elles veuillent trouver des clients ou qu’elles veuillent trouver des sous-traitants. On parle bien d’entreprises, le phénomène des particuliers qui arrivent n’est pas notre coeur d’activité.
Nous avons un catalogue de services et de prestations qui permet d’accompagner les entreprises du niveau zéro, de la validation du projet jusqu’à l’installation au Portugal, en passant par la création de la société et l’hébergement, car nous sommes capables de faire de la domiciliation d’entreprises dans nos locaux. Nous avons aussi quelques bureaux pour accueillir des entreprises qui ont besoin de locaux tant qu’elles se développent, c’est un peu comme une pépinière et quand elles “volent de leurs propres ailles”, elles sortent de chez nous.
Et puis nous organisons des conférence et des forums d’investissement afin de mettre des entreprises françaises en contact avec des entreprises portugaises, faits par filière d’activité. Il y a quelques semaines nous avons fait un évènement sur le secteur automobile, où nous avons réuni tous les grands acteurs français de l’automobile au Portugal et fait venir des entreprises qui veulent faire des affaires avec eux. On fait partager l’expérience de ceux qui sont déjà sur le terrain et cela interresse aussi les français qui veulent s’installer ici. Le prochain forum sera sur le secteur du tourisme, au mois de juin.”
Quelles sont les grandes lignes de travail et évènements pour 2017 ?
Cette année nous fêtons nos 130 ans et organisons une soirée de gala le 29 juin, à l’hôtel Palácio à Estoril, en présence du Président de la République et fin septembre nous avons les Trophées de la Chambre de Commerce, notre soirée de gala annuelle, au cours de laquelle nous remettons des trophées dans différentes catégories aux entreprises qui font des affaires avec des entreprises françaises ou qui sont intéressées.
La CCILF a un bureau à Lisbonne et à Porto. Pensez-vous en ouvrir un en Algarve?
“Nous sommes en train de réfléchir à ce que l’on va faire en Algarve car il y a de plus en plus de français dans cette région. […] Pour le moment nous organisons des évènements avec nos collègues britanniques et hollandais. Nous finirons par faire quelque chose, probablement [engager] un représentant.”
Quels conseils donnez-vous à ceux viennent s’installer au Portugal?
“Il ne faut pas venir uniquement pour les raisons fiscales, parce que ce n’est pas toujours vrai. Ce fameux statut de résident non habituel n’est pas ouvert à tout le monde, il a des critères d’éligibilité. Si l’on n’est pas dedans il faut savoir que le niveau d’impôts est plus haut qu’en France. Il faut surtout se préparer. Le plus grand obstacle est le côté familial, toute la famille doit pouvoir suivre.
Côté positif, en plus de la météo et de la sécurité, ce que j’apprécie c’est que l’on est dans un pays culturellement semblable, il n’y a pas de décalage. […] Les portugais parlent très bien les langues. On arrive facilement à communiquer. Ceci dit, si l’ont veut s’intégrer il faut apprendre le Portugais, c’est indispensable! “
www.ccilf.pt