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Le président de l’association des hôteliers de l’Algarve prédit une saison estivale très chargée, tout en alertant sur la nécessité d’investissements pour préserver l’attractivité de la région
Alors que l’Algarve se prépare à vivre un nouvel été record, les professionnels du secteur touristique lancent un appel à l’investissement stratégique pour préserver la réputation d’excellence de la destination.
Malgré une forte demande et l’ouverture de nouvelles liaisons aériennes, plusieurs acteurs du tourisme estiment que sans amélioration rapide des infrastructures, des services publics et de l’expérience globale des visiteurs, la région pourrait perdre son avantage compétitif.
« En Algarve, nous devons prendre soin de notre poule aux œufs d’or. Il ne suffit pas d’accueillir de nouveaux touristes ou de nouvelles routes aériennes. Le produit touristique doit se réinventer », a déclaré Hélder Martins, président de l’AHETA (Association des hôteliers de l’Algarve), lors de la conférence Tourism 30+ qui s’est tenue à Albufeira la semaine dernière.
Une déclaration qui résonne comme un sérieux avertissement pour une région quasi totalement dépendante du tourisme.
Le soleil ne suffit plus
Si l’Algarve a réussi à attirer de nouveaux marchés, comme l’illustre le lancement de la ligne directe entre Faro et les États-Unis par United Airlines, Martins estime que le soleil, les plages, les marinas et les golfs ne suffisent plus à assurer la compétitivité face à d’autres destinations mondiales.
Les visiteurs s’attendent aujourd’hui à une expérience fluide, au-delà de leur séjour à l’hôtel : aéroports, routes, transports publics doivent suivre.
À l’aéroport de Faro, de nombreux touristes ont récemment subi de longues files d’attente à la frontière, parfois jusqu’à trois heures. « C’est un problème qui doit être résolu de toute urgence », a confié Martins au Resident. Malgré l’annonce de renforts policiers par la PSP, le président de l’AHETA demande des mesures plus rapides. « Si rien n’est fait, les conséquences pourraient être sérieuses. »
Les défis se poursuivent après le contrôle des passeports : la route nationale EN125 demeure insuffisamment modernisée, et les trains datent parfois de plus de 50 ans. « Ce n’est pas l’image qu’une destination de premier plan veut offrir à ses touristes », déplore-t-il.
Sécurité, image et compétitivité
Les récents faits divers survenus dans des stations balnéaires comme Albufeira ou Praia da Rocha n’aident pas non plus. Pour Martins, la mise en place de polices municipales dans toutes les communes concernées serait une piste, tout comme l’extension de la vidéosurveillance, dont les effets positifs sont déjà visibles.
Chaque été, des renforts de police sont déployés, mais l’AHETA estime qu’une présence renforcée toute l’année s’impose, alors que le tourisme hors saison continue de croître.
« Tout ce que nous proposons doit être perçu comme haut de gamme. Sinon, les avions partiront ailleurs, et les touristes aussi. »
Une inquiétude renforcée par les données de l’Association nationale des agences de voyages (ANAV), qui révèle que de plus en plus de Portugais choisissent de partir à l’étranger cet été. Les destinations comme les Caraïbes ou l’Afrique du Nord séduisent, avec des offres tout compris souvent plus avantageuses.
« En haute saison, une semaine en Algarve peut coûter entre 1 000 et 1 500 €. À ce prix-là, on peut avoir un cinq étoiles en République dominicaine », note Miguel Quintas, président de l’ANAV. « Le Portugal n’est pas plus cher, mais il est moins compétitif. »
Hélder Martins, président de l’AHETA
Une saison estivale record en perspective
Malgré ces défis, l’été s’annonce prometteur. Les hôtels affichent presque complets, et les vols à destination de Faro sont très bien remplis, selon Hélder Martins.
Mais un autre frein persistant reste la lourdeur administrative. Martins déplore qu’il faille en moyenne sept ans pour faire valider un projet hôtelier. « Les investisseurs étrangers perdent vite patience. Nous avons des marques internationales prêtes à investir, mais elles fuient face aux retards. »
Un mois d’avril historique
Malgré ces alertes, les résultats touristiques d’avril témoignent de la bonne santé du secteur. Grâce aux vacances de Pâques et à une hausse marquée des arrivées internationales, le mois a enregistré des croissances à deux chiffres.
Selon l’INE (Institut national de la statistique), près de 492 000 touristes ont séjourné en Algarve en avril, soit une hausse de 10,1 % par rapport à 2023. Le nombre de nuitées a atteint 1,86 million, en hausse de 11,3 %, avec une croissance équivalente des clientèles nationales et étrangères.
Les recettes touristiques ont bondi à 129 millions d’euros, soit une hausse de 16,1 % par rapport à l’an dernier. Entre janvier et avril, les revenus globaux sont en hausse de 4,7 %.
La durée moyenne de séjour, à 3,77 nuits, reste l’une des plus longues du pays, nettement au-dessus de la moyenne nationale (2,5 nuits).
Albufeira reste la championne en nombre de nuitées (678 000, +4,8 %), tirée par une forte demande internationale (+7,6 %). D’autres communes enregistrent également de belles progressions : Portimão (+26,2 %), Lagoa (+15,7 %), Lagos (+15,5 %) et Loulé (+8,7 %).
À l’aéroport de Faro, plus d’un million de passagers ont été accueillis en avril (+13,6 %).
Une destination en plein essor, mais à surveiller
André Gomes, président de l’office régional du tourisme, a salué ces performances, y voyant la preuve que l’Algarve « reste une destination de référence, capable de s’adapter dans un contexte international très concurrentiel ».
Il conclut : « Nos résultats témoignent de l’efficacité de notre stratégie de promotion. Nous continuerons à positionner l’Algarve comme un pilier de l’économie nationale et un exemple de développement touristique durable. »
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