Photo: MANUEL DE ALMEIDA/LUSA
Quatre ans après avoir juré qu’il ne ferait jamais de politique, l’amiral Henrique Gouveia e Melo est désormais le favori pour la présidentielle de 2026 au Portugal.
Âgé de 64 ans, l’ancien chef de la Marine nationale s’était fait connaître du grand public en dirigeant avec efficacité la task force de vaccination contre la Covid-19, gagnant la reconnaissance du pays. Aujourd’hui, il affirme ne plus pouvoir rester les bras croisés. « Le Portugal est confronté à des défis majeurs. Maintenant plus que jamais, nous avons besoin d’un président différent », a-t-il déclaré devant un public de partisans et de journalistes.
D’une corde à la présidentielle
Son engagement contraste avec une déclaration faite en 2020, lorsqu’il avait affirmé publiquement : « Si un jour j’entre en politique, donnez-moi une corde pour me pendre. » Une phrase aujourd’hui largement reprise, à laquelle il répond par la constance de son appel à servir, mais en dehors des querelles partisanes.
Et les sondages lui sont déjà favorables : selon une enquête du CESOP – Universidade Católica Portuguesa, réalisée en avril pour la RTP, Antena 1 et le journal Público, 62 % des personnes interrogées affirmaient envisager de voter pour lui, bien avant même qu’il n’officialise sa candidature. Il devançait largement Luís Marques Mendes (44 %), António José Seguro (33 %) et António Vitorino (27 %), entre autres.
Un président rassembleur et expérimenté
L’amiral a souligné qu’il n’avait jamais cherché le pouvoir pour lui-même, mais qu’il avait reçu un soutien “authentique et persistant” depuis trois ans, de la part de citoyens estimant qu’il incarne le profil qu’il faut à la tête de l’État.
Face à un monde incertain, où la guerre est revenue au cœur de l’Europe et où la démocratie est mise à l’épreuve, il appelle à la vigilance. Le Portugal, a-t-il dit, n’est pas à l’abri.
Il a rappelé son rôle dans des situations d’urgence nationale : les incendies de Pedrógão Grande en 2017, la gestion de la pandémie, et plus de 40 ans de service militaire, dont des missions dans l’Arctique et des postes de commandement dans la marine. « Je veux être un président stable, vigilant, digne de confiance et fidèle au peuple qui l’aura élu. »
S’il a assuré qu’il respecterait les partis et les institutions démocratiques, il entend se démarquer en refusant les discours partisans et en faisant preuve de retenue dans ses prises de parole. Il s’est dit conscient des limites constitutionnelles du rôle présidentiel, mais a affirmé vouloir incarner l’unité et l’espoir, et contribuer au changement de ce qui doit l’être depuis longtemps.
Une vision tournée vers l’avenir
S’il reconnaît les avancées du pays en un demi-siècle de démocratie, Gouveia e Melo insiste sur la nécessité de résoudre des problèmes structurels : pauvreté persistante, économie fragile, justice lente et inégale.
Il plaide pour plus d’investissement dans les technologies, l’innovation, la transformation numérique, ainsi que pour une réforme de l’administration publique et du système judiciaire.
Côté défense, domaine dont il est issu, il prône un réarmement responsable, ni alarmiste ni naïf.
Il a conclu son discours en rappelant les principes fondamentaux du rôle présidentiel : défendre l’indépendance nationale, assurer le bon fonctionnement des institutions démocratiques, promouvoir la cohésion nationale et représenter le Portugal avec dignité. « Que l’avenir du Portugal devienne notre cause commune », a-t-il lancé.
Qui est Henrique Gouveia e Melo ?
Né en 1960 à Quelimane, au Mozambique, Gouveia e Melo a quitté le pays après la Révolution des Œillets pour s’installer au Brésil, avant de revenir au Portugal. Il a entamé sa carrière navale en 1979 et a passé plus de quarante ans dans les forces armées, spécialisé en guerre électronique et communications.
Il a dirigé des missions dans des zones polaires, coordonné l’aide militaire après des catastrophes naturelles, et a surtout été salué pour son rôle central dans la campagne de vaccination contre la Covid-19 en 2021. Il a été nommé Chef d’état-major de la Marine la même année, poste qu’il a occupé jusqu’en 2024.
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