Photo: José Sena Goulão/Lusa
Le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, a lancé une attaque frontale contre la bureaucratie excessive qui, selon lui, freine le développement du pays. Dans son premier grand discours depuis son investiture, il a affirmé que seule une transformation en profondeur de l’État permettrait de lutter efficacement contre la pauvreté et de garantir la prospérité.
« Je veux déclarer solennellement, ici et aujourd’hui, la guerre à la bureaucratie », a lancé le chef du gouvernement, dénonçant une régulation excessive, des décisions trop lentes et un État peu réactif qui freinent la croissance.
Montenegro a précisé que la croissance économique et la création de richesse constituent la priorité absolue de son gouvernement, au service du bien-être du peuple portugais.
Un ministère dédié à la réforme de l’État
Pour porter cette ambition, un nouveau ministère de la Réforme de l’État a été créé, placé directement sous l’autorité du Premier ministre. « En créant un ministère chargé de promouvoir et de superviser cette transformation, sous ma responsabilité directe, le message est clair : tous les départements devront collaborer à cet objectif national », a-t-il déclaré.
Le président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a lui aussi tiré la sonnette d’alarme, soulignant l’urgence de moderniser l’administration. Selon lui, le Plan de Relance et de Résilience (PRR) du pays est déjà entravé par une bureaucratie paralysante et des systèmes fragmentés.
« Le PRR traîne en longueur, il avance trop lentement à cause de l’excès de bureaucratie », a-t-il averti lors des célébrations de la Journée du Portugal à Lagos. « Au lieu de dépenser 200 millions d’euros par semaine, nous en sommes à 100, 60, 80 ou 70. Sur la durée, cela représente une perte considérable. »
Le président a également insisté sur la nécessité de réformer d’urgence les systèmes numériques de l’administration. « Certains ministères comptent des dizaines, voire des centaines de systèmes et de contrats différents. Chaque direction, chaque inspection a son propre système. Cela n’a plus aucun sens, ni sur le plan économique ni en matière de coordination. »
Il a salué la nomination de Bernardo Correia, ancien dirigeant de Google Portugal, au poste de secrétaire d’État à la Transition numérique au sein du nouveau ministère, estimant que sa mission sera de « coordonner et harmoniser la gestion des données publiques ».
Un constat partagé par Bruxelles et les milieux économiques
Les prises de position de Montenegro et Rebelo de Sousa s’inscrivent dans une série de revendications croissantes du monde économique et des institutions européennes. Un rapport de 15 pages publié récemment par la Commission européenne souligne que les lourdeurs administratives freinent la croissance et les investissements au Portugal : 48,8 % des entreprises portugaises considèrent la réglementation excessive comme un frein majeur à l’investissement.
Bruxelles appelle ainsi Lisbonne à simplifier les procédures de licences, alléger les charges administratives et lever les obstacles à l’innovation et à l’expansion des entreprises. Des améliorations sont également attendues du côté des tribunaux administratifs et fiscaux, ainsi que du système fiscal dans son ensemble.
L’organisation Business Roundtable Portugal (BRP), qui regroupe 43 des plus grands groupes économiques du pays, abonde dans ce sens. Elle affirme que la simplification des processus administratifs est cruciale pour relancer la croissance. Le BRP a d’ailleurs mis en place un groupe de travail dédié, dirigé par son vice-président, Nuno Amado, également président de la banque BCP.
Si l’organisation salue certaines réformes récentes – notamment dans le domaine de l’environnement via le programme Simplex Ambiental – elle insiste : le Portugal doit aller plus loin. « Malgré les efforts de simplification, le pays reste encore extrêmement bureaucratique », conclut-elle.
Les investisseurs étrangers se découragent
Dans le sud du pays, les hôteliers de l’Algarve lancent eux aussi un cri d’alarme. Pour Hélder Martins, président de l’association AHETA, la bureaucratie constitue un véritable obstacle au développement : « Il faut en moyenne sept ans pour faire approuver un projet hôtelier. »
« Les investisseurs étrangers se détournent de la région en raison des retards et des lourdeurs administratives. Certaines grandes marques mondiales veulent investir ici, mais une fois confrontées à la réalité locale, elles préfèrent aller ailleurs. »
Appel à la stabilité politique
Cette déclaration de guerre à la bureaucratie intervient alors que le 25e gouvernement constitutionnel portugais a officiellement pris ses fonctions jeudi dernier.
Lors de la cérémonie d’investiture au Palais d’Ajuda à Lisbonne, Montenegro et son équipe de 16 ministres ont été assermentés par le président Rebelo de Sousa. L’Aliança Democrática (AD), bien qu’elle n’ait pas obtenu la majorité absolue, est devenue la première force parlementaire avec 91 députés.
Dans son discours d’investiture, le Premier ministre a appelé à la responsabilité de tous pour garantir la stabilité politique : « La stabilité est l’affaire de chacun. »
Il a remercié le président pour sa coopération « exemplaire » et assuré vouloir entretenir une relation « loyale et institutionnellement ferme ». Montenegro a conclu en affirmant accepter la confiance des électeurs avec humilité, tout en se disant prêt à dialoguer avec l’opposition, incarnée par CHEGA et le Parti socialiste, dans un esprit d’ouverture et de convergence.
Le poste PM promet de couper une paperasserie excessive «Holding Portugal Back» est apparu en premier sur Résident du Portugal.