« Souvenons-nous de lui tel que nous l’avons connu : un géant doux et bienveillant »
Né à Lagos, au Nigeria, Dirk Bandele Hinrichs, plus connu sous le nom de Skip Bandele, a très vite vu sa vie prendre un tournant international. Peu après sa naissance, ses parents regagnent l’Allemagne, où naît sa sœur Christiane dix mois plus tard. La famille s’installe ensuite à Accra, au Ghana, où Dirk fréquente l’école suisse, avant de déménager à Richmond, à Londres. À 12 ans, sans parler un mot d’anglais, il intègre Hampton Grammar School. Il mesure alors déjà 1m87 – ce qui, combiné à son accent et à sa stature, lui vaut quelques moqueries, vite oubliées.
À l’école, Dirk brille en sport, en langues et dans bien d’autres matières. Il se lie d’amitié avec Bamdad et Bill, deux camarades d’un autre établissement, et développe un goût éclectique pour la musique. Il maîtrise aussi très tôt l’art d’entrer dans les pubs sans se faire remarquer, grâce à sa grande taille. Après avoir décroché d’excellents résultats au bac, il poursuit ses études à Keele University, qu’il décrit avec humour comme un « cursus de quatre ans en consommation d’alcool », au terme duquel il obtient un diplôme en relations internationales.
Entre-temps, sa famille s’installe au Portugal. À Monchique, ses parents construisent la maison de leurs rêves et ouvrent un restaurant, Al Borboleta, brillamment tenu pendant des années par Jutta, Karl et Christiane. Dirk y prête main-forte pendant ses vacances.
Une figure bien connue de l’Algarve
C’est ainsi que débute l’histoire d’amour de Dirk avec l’Algarve, qui durera près de 30 ans. Amoureux des animaux, notamment des chats, il travaille à Al Borboleta, co-dirige le Café Tulipa à Bemposta avec sa sœur, distribue des prospectus pour un restaurant chinois à Alvor, tient un magasin de liège dans la ville, et s’impose comme un maître de quiz aussi cultivé que divertissant. Il devient également journaliste accrédité pour l’Associated Press, couvrant principalement des événements sportifs à travers l’Algarve.
Dirk collabore avec le magazine GoodLife jusqu’à la crise financière de 2008, puis continue d’écrire chaque semaine pour le Algarve Resident (aujourd’hui Portugal Resident), où il suit notamment les performances de l’équipe de football de Portimonense. Sa chronique « Is It Just Me? » rencontre un franc succès, car beaucoup s’y reconnaissent.
Une passion indéfectible pour le tennis
Pendant près de 25 ans, Dirk travaille au club de tennis de l’Hotel Praia, d’abord avec Val, puis en solo, cumulant les fonctions de gérant, jardinier, administrateur, et bien sûr joueur talentueux. Ses tournois du dimanche matin deviennent légendaires. Lorsque Pestana met fin à son contrat en 2018, il est immédiatement embauché par Frank, le nouveau responsable du club. Dirk y trouve une grande satisfaction, jusqu’au 31 décembre 2024, date à laquelle Pestana reprend les lieux.
Une dernière aventure au Frog Bar
Alors que l’année 2025 commence difficilement – perte d’emploi, décès de sa mère le 20 janvier, météo catastrophique – Dirk reprend les rênes du Frog Bar à Alvor. Grâce au soutien précieux d’Inês et Lisa, l’établissement prend vie, notamment avec les soirées quiz du vendredi, où le style inimitable de Dirk, entre humour piquant et sarcasmes bon enfant, fait mouche.
Une lutte éclair contre la maladie
Mais le sort s’acharne. En mars, des douleurs à l’estomac apparaissent. Après une consultation le 16 avril, juste après son anniversaire, une endoscopie et une coloscopie révèlent des lésions suspectes. Le 29 avril, le verdict tombe : cancer avec lésions malignes. Une biopsie confirme la présence de métastases à l’estomac et à l’intestin, liées à un mélanome cutané retiré en 2018. L’espoir renaît avec l’annonce d’un traitement par immunothérapie, prévu toutes les trois semaines pendant six sessions. Dirk espère alors pouvoir rejouer au tennis en septembre.
Mais la douleur, la fatigue et la perte d’appétit s’intensifient. Le 15 mai, les médecins diagnostiquent un mélanome de stade 4. Le traitement reste envisageable, et Dirk accepte de le commencer. Le dimanche 18 mai, il vit une journée plus sereine : il dort mieux, plaisante à nouveau, et termine même son article sur le Portimonense, dont il est fier – lui qui se décrivait comme un « orfèvre des mots ».
Dans la nuit du 19 au 20 mai, sa respiration devient difficile. Hospitalisé d’urgence, il est placé sous oxygène et morphine. Après une lutte intense de près de 24 heures, Dirk s’éteint peu avant 1h du matin, le mardi 20 mai. Le cancer l’a emporté, brutalement, lui volant tout ce qu’il aimait : le tennis, le bowling, les quiz, la cuisine, la lecture, les bons repas, et le sommeil.
Souvenons-nous de lui comme il a été : un géant tendre, brillant, passionné, et profondément humain.
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