Un monde éternellement vert

Dans une vallée escarpée et peuplée de châtaigniers, de chênes-lièges, d’eucalyptus et de pins, Caldas de Monchique est l’antithèse des stations balnéaires de l’Algarve.

Ce village situé à 350 m au-dessus du niveau de la mer et à seulement 30 km des plages nous transporte au-delà des frontières de l’Algarve, voire du Portugal. Grâce à un climat à la fois montagneux et maritime et à un sol granitique parcouru par de nombreux cours d’eau, sa végétation méditerranéenne typique se croise avec celle de régions plus humides.

La promenade de Caldas (environ 2 km) offre un spectacle éblouissant, défini par un méli-mélo dense et exubérant d’arbres de plus de 10 m de hauteur et par une architecture dépaysant. A deux pas de la place principale, la chapelle de Santa Teresa, entièrement construite en syénite, est composée d’une seule nef. A l’intérieur, plusieurs panneaux datant du XVIIIe siècle représentent la vie de la sainte.

Sous les chênes centenaires, différents sentiers mènent vers l’autre parc du village (tous ne sont pas adaptés aux personnes à mobilité réduite), où des tables et de charmantes installations sont mises à disposition des visiteurs. Une douzaine de sources, presque toutes liées à des croyances populaires, alimentent les cours d’eau depuis le sommet de la Serra de Monchique. C’est le cas de la fontaine des amoureux, qui coule dans la partie nord du parc, et dont la légende raconte que l’amant doit répéter le nom de son aimé(e) et boire l’eau pour que son amour soit entendu ou qu’il perdure.

Des pièces de monnaie et autres antiquités ont été découvertes autour du site thermal et prouvent que les Romains utilisaient déjà les sources locales. Leur eau riche en soufre et naturellement chauffée à 32 degrés aurait eu, déjà à l’époque, un effet thérapeutique contre les maladies respiratoires et rhumatismales. Après leur départ, le village est resté dans l’oubli. Au siècle des Grandes Découvertes, le prince Henri le Navigateur envoyait des flottes en mission vers le nouveau monde depuis Sagres : Caldas est alors devenue un point d’escale pour les explorateurs qui partaient de la capitale.

Après le grand tremblement de terre de novembre 1755, monseigneur Francisco Gomes de Avelar a impulsé quelques améliorations dans le village et, en 1773, Caldas de Monchique est devenue une commune. En 1789, les bienfaits médicinaux de l’eau ont été évalués pour la première fois et des traitements concluants ont conduit à la construction d’un hôpital. En 1899, après avoir examiné attentivement l’eau de source, le professeur Charles Lepierre s’émerveille : « C’est l’eau la plus minérale que je connaisse. »

Sous la dictature de Salazar, l’endroit perd de son prestige et lors de la révolution des œillets en 1974, la petite ville est cédée au groupe Pousada Enatur, qui la laisse partiellement à l’abandon. La société de développement de Macao, la Fundação Oriente, a permis la réouverture du complexe hôtelier thermal de Monchique en mai 2000. Situé sur la EN 266, celui-ci ne s’intègre pas vraiment au paysage. La route goudronnée devant son entrée mène à la célèbre usine d’embouteillage de l’eau, certes peu élégante mais qui fournit des emplois à la population locale et permet la distribution de l’eau de Monchique à travers le pays.

Le village n’en reste pas moins très attractif : on y trouve de nombreux restaurants où déguster les spécialités locales, mais aussi des cafés, des boutiques d’artisanat, des jardins et, surtout, la fameuse « Casa do gato Pernalta ».

TEXTE ET PHOTOS Anabela Gaspar

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