Au chevet des tortues marines

Il est rare de rencontrer ces animaux sur les plages de l’Algarve. Pourtant, le programme Tatô, dont l’objectif est la protection de cette espèce, y a trouvé refuge.

Chaque année à São Tomé, entre septembre et avril, une soixantaine de personnes se relaient 24 heures sur 24 pour aider ces nageuses chéloniennes à éclore sur les rivages sablonneux de l’île. Ces actions sont menées sur place avec l’aide de la population, mais aussi depuis la maison de Betânia Ferreira, ici, en Algarve, à Barão de São João.

Cette biologiste de 40 ans, originaire de Lisbonne et diplômée de l’université de l’Algarve, travaille depuis 2001 à la protection de ces merveilleuses créatures. Elle dirige l’ONG Programa Tatô, qui mène de nombreuses initiatives en faveur de la conservation environnementale à São Tomé et en Guinée-Bissau.

« Les tortues de mer existent depuis l’époque des dinosaures et ont survécu à tout sur Terre. Ce sont des animaux migrateurs qui, en plus de réguler l’écosystème en se nourrissant d’autres espèces, jouent aussi un rôle important dans le maintien des plages et des océans », explique Betânia, qui s’est installée en Algarve en 2014. « Elles sont des éléments clés dans les traditions des communautés côtières africaines mais, aujourd’hui, elles doivent lutter pour survivre et sont menacées dans le monde entier », ajoute la biologiste, tout en soulignant qu’il est vital de leur venir en aide.
En plus d’être capturées dans les filets de pêche industrielle et de subir la menace de la pollution des eaux, elles sont souvent tuées pour leur viande, que l’on peut trouver sur les marchés locaux de poissons
. « Il est très important de comprendre les aspects culturels d’une telle situation et de prendre conscience que le développement d’alternatives pour la population locale est essentiel si nous voulons changer les choses. »

C’est une enquête, réalisée par le Corps de la Paix américain sur l’île en 1996, qui a permis la création d’ONG comme Tatô. Betânia Ferreira, à l’époque installée au Brésil, a été l’une des premières personnes contactées par la coordinatrice, Sara Vieira, pour rejoindre le projet. Leur travail, dans la protection de l’espèce, passe obligatoirement par la sensibilisation et la participation de la communauté santoméenne, dont l’économie est étroitement liée au commerce de ces animaux. Il a par exemple été nécessaire de réorienter les vendeuses de viande de tortue sur les marchés de l’archipel. Grâce aux fonds récoltés par l’association, 17 femmes ont été soutenues financièrement pour choisir une autre profession la plupart d’entre elles ont décidé de devenir poissonnières « normales » ou encore de se tourner vers l’artisanat.

Malgré ses bons résultats, le projet s’est resserré entre 2008 et 2012 en raison d’un manque de financement et de soutien technique, mais, grâce à de nouvelles collaborations, il a retrouvé un second souffle. C’est le cas avec ATM, une association de volontaires portugais, qui, depuis 2010, a décidé de « faire quelque chose » contre le massacre des tortues marines dans les pays lusophones, en les protégeant et en les étudiant.
Alors que l’activité de Tatô à São Tomé est très variée
reconversion d’anciens pêcheurs en gardiens de plage, promotion de l’écotourisme et création d’un programme national de stages pour jeunes biologistes marins –, le travail de l’association en Guinée (en partenariat avec l’Ibap, le Biodiversity and Protect Areas Institute) se concentre davantage sur l’éducation et permet aux personnes de mener à bien la protection de l’espèce. Au fil du temps, le travail de l’association a porté ses fruits : « Nous avons remarqué un changement dans le comportement des gens. Le braconnage a diminué et le nombre de tortues mortes sur les plages a considérablement baissé : on est passé de 300 en 2013-2014, à moins de 40 en 2017-2018. »

www.programatato.org

Ana Tavares

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