28 avril, le jour où la radio a gagné

 

Quand la radio devient la voix de la résilience

L’électricité est le nerf vital de notre monde moderne. Dans les zones urbaines densément peuplées, l’alimentation continue en énergie conditionne le fonctionnement des infrastructures qui desservent habitants, entreprises et industries. Mais que se passe-t-il lorsque ce flux essentiel est brutalement interrompu ?

C’est précisément ce qu’ont vécu l’Espagne et le Portugal, le lundi 28 avril à 11h33, lors d’une panne électrique massive et sans précédent. Des millions d’habitants se sont retrouvés plongés dans l’obscurité, les transports et services publics désorganisés, les pertes économiques encore incalculables.

Un test grandeur nature pour la communication d’urgence

Lors d’un débat parlementaire le 30 avril, la ministre de la Présidence a souligné que le gouvernement avait mobilisé « tous les canaux : télévision, réseaux sociaux, SMS, radio » pour informer la population. Pourtant, la majorité des citoyens sont restés dans le flou toute la journée, à l’exception de ceux ayant accès à un poste radio fonctionnant sur piles ou à la radio de leur voiture.

L’information, un outil vital en temps de crise

Dans une situation d’urgence, la circulation d’une information fiable et rapide est cruciale : consignes d’évacuation, points de ralliement, suivi de la situation, contacts familiaux, accès à l’aide… C’est encore plus vital lors d’une panne de longue durée, lorsque la plupart des moyens de communication modernes deviennent inopérants.

En d’autres termes : l’information n’est pas un luxe, mais un vecteur d’ordre, de sécurité et de repères. En son absence, la peur, l’improvisation et le chaos s’installent.

Alors que les chaînes télévisées continuaient de diffuser… vers un pays incapable de les regarder, le paradoxe est apparu clairement : l’information sans accès est une illusion. Les smartphones sans batterie tombent immédiatement en panne, les appareils connectés, même avec batterie de secours, deviennent inutiles si les réseaux sont hors service. Seule la radio alimentée par piles ou la radio embarquée dans les voitures permettait encore de capter des informations fiables.

La radio, bastion de stabilité

Pour Luís Mendonça, président de l’Association Portugaise de Radiodiffusion, c’est une évidence : « La radio est essentielle. Grâce aux groupes électrogènes des stations et à l’approvisionnement en carburant assuré par la Protection Civile, tout citoyen disposant d’un poste radio fonctionnant sur piles ou d’une voiture peut continuer à s’informer. »

La radio est alors devenue l’unique repère stable, capable de rassurer et de guider. Mendonça note une distinction marquante : ceux qui se sont rués dans les supermarchés l’ont souvent fait en réponse à de fausses informations relayées sur les réseaux sociaux. La radio, quant à elle, a su maintenir un discours clair et vérifié, démontrant à nouveau la différence entre sources fiables et vecteurs de panique.

Mais toutes les radios n’ont pas résisté…

Si les grandes stations nationales comme Antena 1, TSF, Rádio Comercial ou Renascença ont pu maintenir leurs émissions, d’autres, comme la radio anglophone Kiss FM, sont restées silencieuses, faute de groupes électrogènes. Les onduleurs UPS n’ont tenu que trois heures au maximum, bien insuffisants face à une telle situation.

Quand les SMS ne passent plus

Entre 18h et minuit, l’ANEPC (Autorité nationale d’urgence et de protection civile) a tenté de joindre la population par message écrit. Seuls 2,5 millions de citoyens ont reçu l’alerte, loin des 95 % de couverture habituelle. En cause : les trois opérateurs de télécommunications, également touchés par des coupures électriques, ont rencontré des problèmes techniques rendant impossible la diffusion de masse.

Le recours aux réseaux sociaux, au site web de la Protection Civile, et à la radio n’a pas suffi. L’absence de connexion Internet a coupé l’accès à l’information pour la majorité de la population.

Un risque à ne pas sous-estimer

Deux jours après la panne, Beatriz Corredor, présidente du Réseau Électrique Espagnol, déclarait que l’origine de la panne était « plus ou moins localisée », tout en appelant à une analyse technique très fine, milliseconde par milliseconde. Elle a assuré que cela “ne se reproduirait pas”, car des leçons en avaient été tirées.

Mais cette certitude reste fragile. Cyberattaques, erreurs humaines, actes terroristes ou catastrophes naturelles : les menaces pesant sur nos infrastructures énergétiques sont multiples. Et ces dernières dépendent de plus en plus de logiciels tiers, de services cloud et de composants importés.

En somme : personne ne peut garantir que cela ne se reproduira pas.

Se préparer : une nécessité

En mars dernier, Bruxelles appelait les citoyens de l’Union européenne à constituer un kit d’urgence de 72 heures, incluant nourriture, eau, documents importants, lampe torche, radio portable, piles et chargeurs. Un message que l’organisation Safe Communities promeut depuis longtemps.

Une alerte, heureusement isolée

Le Portugal a eu de la chance : aucun autre événement majeur ne s’est produit ce jour-là. Mais si cette panne avait eu lieu en pleine vague de chaleur, ou en hiver glacial ? Et qu’en aurait-il été pour les personnes âgées isolées, sans moyen de se réchauffer ni de s’informer ?

Les autorités ne peuvent exclure des catastrophes simultanées, surtout à l’heure du changement climatique.

Une enquête indépendante en cours

Le gouvernement portugais a annoncé la création d’une commission technique indépendante, des audits dans les secteurs de l’énergie, de l’aviation et des transports, ainsi qu’une enquête européenne.

Ce blackout doit être une leçon. Et la radio, elle, un exemple à suivre.

Tout ce qu’il faut, c’est une radio et des piles — pour que l’information ne s’arrête jamais.

Et n’oublions pas de saluer l’engagement des services d’urgence, qui ont œuvré sans relâche, dans l’ombre, pour garder le pays debout. Bravo à eux.

Le poste La radio du jour a gagné – 28 avril est apparu en premier sur Résident du Portugal.

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