FILTRE OU EXPRESSO ?

L’histoire du café au Portugal est riche en traditions et en saveurs, et aucun endroit ne l’illustre mieux que l’usine de torréfaction Negrita. Cette institution emblématique est un symbole lisboète.

Au cœur de l’usine du Café Negrita réside l’art ancestral de la torréfaction du café, transmis de génération en génération par des maîtres torréfacteurs passionnés. Chaque lot de grains est soigneusement sélectionné parmi les meilleures récoltes du monde entier, puis torréfié selon des méthodes traditionnelles pour révéler toute sa richesse aromatique. De la torréfaction lente à la température parfaite à la surveillance attentive du processus, chaque étape est effectuée avec une précision méticuleuse pour garantir une qualité et un goût incomparables à chaque tasse.

En plein centre de Lisbonne, au 18 rue Maria Andrade, l’entreprise était initialement un entrepôt d’épicerie où l’on trouvait du savon, de la morue, des conserves nationales et importées, des épices ainsi que du café. Ce dernier venait alors d’Angola, du Cap-Vert, de São Tomé ainsi que du Timor et était torréfié au feu de bois, dans des torréfacteurs à balle PROBAT et dans des machines à air chaud.

Après la révolution du 25 avril 1974, si les grains provenaient toujours d’Angola et du Timor, des importations ont commencé à être effectuées depuis l’Ouganda, la Côte d’Ivoire, l’Inde et, bien que dans une moindre mesure, de l’Indonésie. Le stockage des marchandises d’épicerie a petit à petit disparu mais l’activité de torréfaction a subsisté jusqu’à aujourd’hui, avec un système de contrôle informatique ainsi que des machines plus modernes, et en plus du café, de l’orge, de la chicorée et d’autres substituts sans caféine y sont également traités.

Né en 1926, c’est Carlos Pina qui est aujourd’hui à la tête de l’entreprise « Cafés Negrita, S.A. » crée deux ans après sa naissance par son père et ses associés, les six membres fondateurs de la marque. Lorsque son père est décédé en 1973, il a hérité de sa part et en a progressivement acquis de nouvelles jusqu’à détenir 70 % du capital dans les années quatre-vingt. En 1993, il a obtenu les 30% restants en acquérant en outre la société interne de la compagnie : « A Carioca, Lda. ».

On assiste à un débat au sein même de l’entreprise concernant son nom et son logo, qui aurait, selon certains, des connotations colonialistes ; aussi, un travail interne est en train d’être effectué pour pallier ce problème. En effet, l’image initiale de l’entreprise « Cafés Negrita », enregistrée en 1928, présentait le buste d’une jeune femme noire, avec des boucles d’oreilles, enveloppée dans un tissu africain et tenant une tasse de café. Par la suite, une nouvelle enseigne est apparue, difficile à dater avec précision, avec la tête de profil d’une femme africaine, avec de nombreux colliers dorés buvant un expresso qui est devenue depuis l’image officielle de la marque.

Qu’on le déguste serré, allongé ou avec une pointe de lait, le café est une des bases de la culture portugaise. Si l’envie de boire un « bica » ou un « carioca » vous prenait, rendez-vous à l’usine de torréfaction Negrita pour une visite guidée ou bien, à la porte à côté, au salon de café de l’hôtel Palacio do Visconde.

Johanna Trevoizan

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