Toutes les formes artistiques sont en émoi jusqu’au 17 octobre à la BoCA, la biennale au programme interdisciplinaire qui se déroule entre Lisbonne, Faro et Almada.
Les mots choisis pour intituler la 3e édition de la biennale d’art contemporain BoCA sont explicites et forts de sens : « Prove you are human » (prouvez que vous êtes humains). Cet événement aux mille facettes est organisé par l’association à but non lucratif homonyme, fondée en 2015 dans la capitale, qui, dans une perspective transdisciplinaire, d’hybridation et d’abolition des frontières, s’est donnée la mission de promouvoir la création moderne.
L’équipe de Boca met l’accent sur la transdisciplinarité et développe un écosystème culturel diversifié basé sur des synergies entre les villes (à partir de Lisbonne, des intersections sont établies avec d’autres cités portugaises et étrangères), entre les équipements culturels (musées, théâtres, galeries, équipements patrimoniaux) et l’espace public, entre les territoires artistiques (performance, arts du spectacle, arts visuels et musique) et entre leurs publics respectifs.
Alice Ripoll
L’initiative lisboète développe ses activités à travers divers axes comme l’éducation, la commande et la production de projets artistiques ou encore une programmation régulière comme la biennale d’art contemporain BoCA. Cette dernière, qui se déroule cette année dans trois villes portugaises, Almada, Lisbonne et Faro du 3 septembre au 17 octobre, répond à tous les objectifs de l’association.
La biennale établit le croisement entre les territoires artistiques, les espaces de culture et de nature, et accueille le public comme des constituants d’êtres polysémiques qui n’ont pas besoin de s’identifier – ce qui compte c’est la génération de vie, l’échange d’expériences et de connaissances qui a lieu dans le collectif.
Cette troisième édition poursuit sa mission en soutenant de nouveaux langages, en privilégiant les espaces « entre » – par exemple, entre le performatif et le visuel – de nouvelles commandes à des artistes portugais et étrangers, dans le cadre d’un dialogue trans (donc, transgenre dans toutes ses significations) mettant en œuvre des créations qui proposent une nouvelle conscience et des modèles entre les pratiques artistiques et la durabilité.
Odete
Face à la nouvelle ère civilisationnelle que nous vivons, la seule voie fiable est l’action, la prise de mesures concrètes, aussi petites soient-elles, vers une transformation profonde. Le chemin qui s’ouvre comme un défi est la recherche d’une nouvelle conscience, de nouveaux modèles, de nouvelles identités et de nouvelles dissensions.
Les courants d’innovation et de recours au numérique diront qu’il est tard pour réfléchir à l’humain, pour se le réapproprier et qu’il faut investir des efforts dans la réflexion sur le post-humain. Face à la déshumanisation actuelle à laquelle nous assistons, il semble que nous sommes face au grand défi de notre vie, que la pandémie n’a fait que rendre plus évident : faire de la responsabilité éthique de la vie et de ce lieu « entre » et « trans » que nous voulons construire, un véritable lieu d’amour.
Noé Soulier
C’est vers cela que se tourne le programme de cette édition de BoCA, ouvrant l’espace à la polysémie des lieux de parole, mettant le doigt sur les blessures du passé que nous n’avons pas encore affronté, regardant vers un futur possible à construire ensemble. Au milieu de la tempête de la crise écologique, de la crise économique et de la crise des valeurs, appuyons-nous sur la sage vision de Bruno Latour (qui est également présent dans ce BoCA) lorsqu’il affirme que nous avons deux possibilités pour faire face au moment que nous vivons. D’un côté la catastrophiste, dans laquelle nous acceptons que tout se termine, et nous nous résignons à nos responsabilités, et de l’autre, l’optimiste, dans laquelle nous affirmons que nous avons appris que tout est toujours pleinement en train de renaître.
Lastesis
Des performances, des spectacles, des installations, des rencontres, des conférences, des concerts, des films ou encore des ateliers sont au programme de cet événement à ne pas manquer qui se déroulera jusqu’au 17 octobre dans des lieux culturels phares au pays : le MAAT, le CCB ou le Museu de Arte Antiga à Lisbonne ; la Fabrica de Cerveja et le Teatro das Figuras de Faro ou le Lisnave de Almada. Plus d’informations et programmation complète sur www.bocabienal.org.
Johanna Trevoizan
Photos BoCA
