Le Palácio do Correio Velho

PCV

À Lisbonne, les ventes aux enchères restent dans l’air du temps

Texte Alexandra Stilwell

Les ventes aux enchères existent depuis des siècles, elles sont un lieu de rencontre idéal pour vendeurs et acheteurs, et aujourd’hui encore leur principe reste le meilleur moyen de déterminer la juste valeur d’objets rares.
À Lisbonne il y a une maison de ventes aux enchères qui, non seulement est connue pour son savoir-faire et fiabilité, mas aussi pour sa capacité de s’adapter au marché contemporain. Depuis sa création 1989, le Palácio do Correio Velho ne cesse de perfectionner ses ventes aux enchères, grâce aux innovations apportées par la diffusion des ventes sur Internet et les ordres d’achat en ligne et en temps réel.
C’est João Pinto Ribeiro, un antiquaire passionné, qui a repéré une opportunité sur le marché Portugais. “Il y avait une lacune de générations”, explique son fils, Sebastião. “Les vieux antiquaires disparaissaient et il n’y avait personne pour reprendre leurs magasins.” Aujourd’hui père et fils gèrent l’une des plus grandes et plus réputées maison de vente aux enchères de Lisbonne.
Avec un diplôme en beaux-arts et arts décoratifs chez Sotheby’s et plusieurs années d’expérience dans l’industrie bancaire à Londres, Sebastião est responsable pour la partie financière de l’entreprise, ainsi que des nouvelles technologies. Tandis que son père, qui a une sensibilité extrême pour l’évaluation d’antiquités, dirige une équipe de spécialistes.
Le Palácio do Correio Velho (Palais de l’Ancienne Poste) est un magnifique palais du 18ème siècle, ils s’y sont installés car, “l’idée était de recréer les chambres d’un palais portugais, les remplissant d’antiquités, pour créer une ambiance réelle pour les acheteurs”, explique Sebastião. Le résultat est fabuleux, nous transportant à travers plusieurs époques. “Néanmoins, de nos jours, c’est une entreprise beaucoup plus complexe, qui nécessite d’autres types de technologies”, dit-il. Ils ont modernisé et mis au point certaines technologies et ont lancé leur plate-forme sur Internet en 2014, leur permettant de faire des ventes en ligne ainsi que des ventes aux enchères minutées.
“Les temps changent et les acheteurs veulent dorénavant acheter en ligne. Autrefois, quand on pensait aux antiquités, on voulait voir et toucher, mais maintenant, avec l’ère numérique cela change. Les nouvelles technologies sont tellement avancées que vous pouvez examiner et évaluer parfaitement la pièce en ligne.”
Bien que la crise les ait quand même affectés, le secteur de l’art fonctionne en contre-cycle, “la crise est un bon moment pour ceux qui veulent acheter, mais mauvais pour ceux qui vendent, et vice-versa, quand il y a très peu d’offre, les prix augmentent.” À l’instant il nous conseille d’acheter, “les choses ont une valeur plutôt absurde en ce moment, et nous, en tant qu’agents, devons travailler deux ou trois fois plus pour atteindre notre niveau de facturation d’antan.”
Ils organisent environ 7 à 8 ventes aux enchères en direct par an et environ 60 à 70 ventes aux enchères en ligne. João Pinto Ribeiro et son équipe étudient et évaluent les pièces. “Mais nous sommes toujours soumis à l’inconnu, nous ne savons pas toujours comment identifier une pièce. Nous connaissons par coeur tout ce qui est portugais mais il peut y a une ou deux pièces internationales que nous donnent du mal.” C’est pourquoi il ont établi une collaboration avec un large éventail de connaisseurs, d’experts nationaux et internationaux, et ont également collaboré avec plusieurs musées dans l’identification et la classification d’œuvres d’art.
Le Palácio do Correio Velho possède également son propre atelier de restauration, qui fait principalement de la peinture, et fait appel à des experts indépendants pour d’autres types de restaurations.
Sebastião explique que le processus de vente peut prendre jusqu’à 2 mois, “de la réception de la pièce, à son identification, évaluation, nettoyage, catalogage et insertion dans la prochaine vente aux enchères. Il y alors quelques jours d’exposition, puis la vente aux enchères et finalement la livraison de la pièce chez le client.” Quant à l’achat d’antiquités, il nous dit que c’est surtout “une relation de confiance, n’importe qui peut venir ici et s’inscrire à la vente. Et à partir de ce moment, vous devez honorer votre engagement.”
Ne sachant pas toujours le juste prix, il y a bien sûr de nombreuses surprises. “Nous avons déjà eu plusieurs belles histoires”, se souvient Sebastião, “dont l’une au mois de juin de cette année. Nous avons battu notre record de ventes avec un vase chinois : 557 000 euros! Nous savions qu’il pouvait avoir une grande valeur mais comme les Chinois sont experts en copies, nous n’étions pas sûrs. C’est à dire, ils font des copies d’une manière si parfaite qu’un vase du 20ème siècle peut paraître être une pièce du 18ème. Donc, c’est très difficile d’être expert en porcelaine chinoise.”
Une autre histoire surprenante est celle d’un éventail. “Une vieille dame avait laissé tout son héritage à ses nièces qui nous ont appelé pour prendre et vendre les objets de valeur. Dans la poubelle nous avons découvert un éventail. Il était légèrement déchiré sur l’une des tiges mais avait été jugé ne pas avoir de valeur. Nous l’avons rapidement identifié, c’était un éventail en or et nous l’avons emporté pour l’évaluer. Nous l’avons mis en vente pour une somme symbolique de 2 000 euros, sachant qu’il pourrait atteindre 20 à 40 mille euros, car c’était une belle pièce française, mais nous n’avions pas réalisé qu’il avait était fait par un très bon ébéniste du 19ème siècle. Après 16 minutes d’enchères (ce qui est très long) il a été vendu pour 250 000 euros ! C’est le deuxième record mondial pour un éventail !”
Bien sûr, malheureusement, il y a également de tristes histoires, où les personnes pensent qu’une pièce vaut plusieurs centaines d’euros et nous n’arrivons pas à les vendre au prix souhaité.
Ayant l’esprit entrepreneurial et étant toujours à la recherche de nouvelles opportunités, Sebastião a parallèlement mis en place deux autres activités liées aux antiquités. Il y a deux ans, avec son équipe, il a créé un cours sur les marchés d’art en collaboration avec la faculté des sciences de l’Université Nova de Lisbonne, afin de partager leur savoir-faire. Et, plus récemment, ils ont organisé plusieurs ventes aux enchères afin de récolter des fonds pour des oeuvres de charité. “Ce sont des expériences extrêmement gratifiantes,” dit-il.

Palácio do Correio Velho
Ouvert de 9h30 à 13h30 et de 14h30 à 18h00
Calçada do Combro, 38 A – 1º | 1200-114 LISBOA
+351 213 242 980 | mail@pcv.pt |www.pcv.pt

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