Après le luxe, le bien-être et la gastronomie, le Vila Vita Parc défend la scène artistique contemporaine.
L’hôtel Vila Vita Parc peaufine sa vision du luxe depuis 30 ans. Au cours de ces trente dernières années, un personnel spécialisé a pu construire un temple de l’hospitalité dans lequel de nombreux clients fidèles reviennent en toute confiance. Le complexe très prisé, membre de « The Leading Hotels of the World » depuis 1995, a notamment connu une belle année 2022, avec un taux de réservations qui avoisine les niveaux prépandémiques. Les visiteurs britanniques et allemands représentent plus des deux tiers de toutes les réservations, tandis que les séjours de ressortissants américains ont augmenté de manière significative. Seuls les plus exigeants oseraient murmurer qu’il manquait peut-être quelque chose à ce luxueux cocktail pour que l’établissement atteigne la perfection absolue : l’art.
En s’appuyant sur l’expertise du commissaire d’exposition et galeriste Ben Austin, qui participe depuis longtemps à la scène artistique de l’Algarve, le Vila Vita Parc a ajouté l’art à la palette d’expériences sensorielles de ses hôtes, rejoignant ainsi un mouvement dans lequel l’aspect artistique n’est plus seulement présenté dans les galeries ou les musées mais également dans une variété d’espaces informels et parfois temporaires. Katya Bauval, directrice
exécutive des ventes et du marketing de l’établissement, a déclaré : « Les personnes ont une réceptivité plus accrue à l’art lorsqu’ils se détendent en vacances dans un cadre magnifique. Beaucoup de nos clients sont justement des amateurs d’art ». Les propriétaires du complexe, la famille Pohl, sont également collectionneurs et ont l’intention d’organiser régulièrement des expositions d’œuvres portugaises et internationales, ainsi que des événements exclusifs impliquant des artistes et des célébrités.
La première édition présente les œuvres de deux artistes, une Portugaise et un Britannique, qui sont tous deux installés en Algarve. C’est tout d’abord à l’Ocean que la magie prend forme : le restaurant phare de Vila Vita Parc, doté de deux étoiles Michelin et dirigé par le chef Hans Neuner. Une œuvre saisissante y a été installée, créée par créatrice textile Vanessa Barragão, qui travaille avec des restes de fil provenant de l’industrie de la mode, qui seraient
autrement devenus des déchets. Vanessa Barragão explique comment enfant, elle avait été émue par la beauté des récifs coralliens lors de ses voyages dans les Caraïbes : « Ces récifs sont aujourd’hui blanchis car le corail meurt, tué par le changement climatique. »
À 30 ans, l’artiste jouit d’une solide popularité à l’internationale, elle a en effet déjà reçu des commandes de l’aéroport de Londres Heathrow et des Jardins botaniques royaux de Kew, et à en juger par le nombre de personnes qui la suivent sur Instagram, son environnementalisme trouve un écho auprès de son public. Le jour de notre conversation, elle venait de terminer une œuvre pour la West Bund Art & Design Fair, à Shanghai. D’après elle, l’art textile n’est plus considéré comme une forme d’art « mineure », même si elle aimerait qu’une plus grande visibilité lui soit accordée. Dans l’exposition « Ocean », la créatrice a intégré un éclairage LED vibrant dans les tons sourds de son œuvre textile inspirée de l’océan : « Luttantnpour sa survie, le corail réclame notre attention ».
Puis, une exposition de l’artiste londonien Tom Leamon est présentée dans un autre restaurant du parc Vila Vita, le « Bela Vita Bar & Brasserie ». Tom Leamon a créé une série de 20 tableaux intitulée « Chamber of Secrets », qui fait référence aux grands modernistes de la première heure qui travaillaient à Paris entre les deux guerres mondiales et passaient leurs soirées dans les brasseries de Montparnasse. S’appropriant le vocabulaire du XXe siècle, il le réinvente dans l’idiome du XXIe siècle. Le Londonien, qui a participé à la foire Frieze New York, parle de la force qu’un artiste individuel peut trouver en faisant partie d’un collectif. C’est dans cet esprit qu’il a conçu « Espaço Yucca », des ateliers situés à l’extérieur de Tavira, dans l’est de l’Algarve. Lorsqu’on lui demande si le Portugal pourrait devenir un nouveau point de convergence de l’art, il répond : « Il est certain que le Portugal attire un nombre croissant d’artistes ». Il regrette que la relation artiste-revendeur ne soit peut-être pas aussi stable qu’auparavant, tout en reconnaissant que l’équilibre du pouvoir s’est parfois déplacé vers le créateur, qui doit aujourd’hui développer des compétences en marketing et en communication.
Bien connu en Algarve, le conservateur Ben Austin donne à Vivre le Portugal son avis : « J’ai été ravi d’avoir l’occasion de travailler avec le Vila Vita Parc. Katya Bauval a eu l’idée d’inclure l’art dans les célébrations du 30e anniversaire du complexe hôtelier et Vanessa Barragão est extraordinairement talentueuse. L’installation de Tom Leamon rend un merveilleux hommage aux grands modernistes du début du XXe siècle et au mouvement d’avant-garde. »
Le conservateur a également indiqué qu’il travaillait sur un nouveau projet à Lisbonne : « Il s’agit d’un nouvel espace qui a récemment ouvert ses portes dans la capitale, dans le quartier de Graça, la Galeria Augustine, avec un programme d’expositions en partenariat avec des artistes britanniques et portugais et d’autres de renommée internationale. » Pour l’exposition « Carry-on Baggage », les artistes britanniques sont invités à mettre une œuvre d’art dans leur bagage à main et à s’envoler vers Lisbonne pour un court séjour, tout en court-circuitant les complications douanières qui se sont multipliées depuis le Brexit et ont rendu les voyages en avion difficiles. Ben Austin est également un grand défenseur de l’art portugais, et sa galerie lisboète présente une exposition parallèle intitulée « Novas Descobertas » (nouvelles découvertes), qui met en vedette les créateurs nationaux à en devenir.
James Mayor