LA SCULPTURE EN HERITAGE

Rencontre avec Rita Pereira, ou RoMP, qui sculpte la nature avec la pierre.

Lorsque Rita Pereira, connue sous son nom d’artiste RoMP, explique pourquoi elle a choisi la sculpture, les mots qui lui viennent à l’esprit sont : « Chaque nuage a son propre revers ». « Je n’avais pas les notes requises pour m’inscrire à un cours de design, c’est pourquoi j’ai dû étudier la sculpture pendant un an en 2009, avant de me lancer dans la conception d’équipement », se souvient Rita qui sait maintenant que cette année a été cruciale pour son avenir.

RoMP sont les initiales de « Rita os Meus Pès » [Rita, mes pieds] et font référence à sa première création en pierre, une paire de pieds dont elle parlait constamment lors de sa réalisation : « Je dois travailler sur mes pieds ou je dois mieux polir mes pieds ».

En tant qu’artiste résidente au Laboratório de Actividades Criativas (LAC), la jeune femme confie que le fait de pouvoir travailler dans un espace comme celui-ci est capital. « J’ai besoin d’un endroit où je peux faire beaucoup de bruit et de poussière et de m’inspirer d’autres créateurs, comme ça a été le cas avec Raymond Dumas [un sculpteur local qui m’a motivée depuis mes débuts] ».

Le premier contact de Rita avec la pierre a eu lieu pendant sa première année d’université : « Tout s’est fait de façon naturelle ; j’ai saisi une pierre, je l’ai explorée et j’en suis tombée amoureuse. Depuis mon plus jeune âge j’aime les œuvres de Vera Faria et de Raymond Dumas », se souvient-elle. « J’étais réticente à assumer la sculpture comme mon art jusqu’à ce que je termine mon master en design d’équipement et que je reçoive une invitation à participer au Symposium international de sculpture sur pierre [SIMPPETRA]. » Le contact avec des sculpteurs avertis a été un tournant important pour elle et marque l’instant où elle a réalisé qu’elle voulait faire partie de ce monde de modeleurs.

Aujourd’hui, elle crée son héritage. Le travail de Rita va de pièces fonctionnelles à des sculptures publiques de grandes dimensions en passant par des objets décoratifs, notamment pour les vitrines de Hermès à Lisbonne, qu’elle expose au Portugal et à l’étranger. En 2018, elle a participé au cinquième symposium international de sculpture à Vitulano, en Italie, avec son œuvre « Apparition » et en 2019, elle a présenté son « Eternal tree » (arbre éternel) en France lors du troisième symposium international de sculptures.

L’arbre a d’abord été conçu pour le projet Monchique Places of Globalisation, puis l’idée a été reprise pour un symposium en France dont le thème était « Flore et faune méditerranéennes ». « Tout a commencé lors d’un projet de design où j’ai observé que des sculptures en pierre se couvraient de mousse. Je me suis alors demandé pourquoi on ne concevrait pas des sculptures en pensant à leur état dans le futur, car les pierres ne restent pas éternellement belles, brillantes et polies. » Forte de cette idée, Rita a créé un arbre qui pourrait subir une transformation « éternelle », enclin à absorber tous les lichens et les mousses du temps qui passe. Quant à « Equilibrium », il s’agit d’une œuvre essentielle dans la carrière de l’artiste : « C’est une œuvre particulièrement importante pour moi, en partie à cause de la phase que je traversais au moment de sa création. C’était la fin de mes études et le début de ma carrière sur le marché de l’art mais je ressentais le besoin de me retrouver alors je suis partie voyager seule », explique-t-elle. La sculpture est composée en trois temps : une main saisissant un triangle représentant l’illusion de l’équilibre, un pied repoussant un triangle qui signifie la quête du déséquilibre, puis un cercle dans un triangle, reflet de la dichotomie de l’équilibre et du déséquilibre.

Dans un avenir proche, l’ambition de Rita est de travailler davantage sur des sculptures publiques de grande envergure. « Je pense que chaque personne devrait avoir accès à l’art », déclare-t-elle. Le dernier exemple en date est une statue réalisée en hommage à Matthias Sandeck, un ami décédé lors d’une compétition de plongée professionnelle au Danemark. « Nous avions besoin de garder son esprit vivant et nous avons décidé d’installer la statue juste en face de l’océan, à Praia da Luz ».

L’inspiration de Rita vient principalement de la nature. « Les vagues en pierre sont mes meilleures ventes ; je les ai commencées tout simplement parce que j’étais connectée à la mer », révèle-t-elle. « Il est intéressant que ce que je crée soit une représentation de ce que je vis à un certain moment de ma vie ».

Lorsqu’on lui demande ce qui sépare Rita de RoMP, elle cite Frida Khalo : « Je suis ma propre muse. Je suis le sujet que je connais le mieux. Le sujet que je veux mieux connaître. » Il n’y a pas de fossé entre Rita et RoMP, car ce qu’elle crée est presque un pur reflet de ce qui se passe en elle.

Les œuvres de Rita Pereira sont actuellement disponibles à la vente dans les boutiques Artes and Spa (Monchique), Salty Wave surf shop (Praia da Luz), LiR gallery (Lagoa) ainsi qu’au Femi Art Warehouse de Lagos.

Margarida Pimenta

Photos Phaze Photography & Rita Pereira

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