DÉFIER LES MAÎTRES

L’œuvre provocante de Marco Battaglini réunit des motifs d’art classique et urbain.

Originaire de Vérone, en Italie, Marco Battaglini s’est toujours intéressé aux grands maîtres de la peinture, Michel-Ange ou Léonard de Vinci, à la Renaissance ainsi qu’aux périodes baroque et rococo.

L’un des aspects les plus fascinants de la pratique de Battaglini est la manière dont il a combiné son amour et sa passion pour l’art des « maestro » avec le langage vernaculaire contemporain, c’est-à-dire un langage d’art urbain, par l’utilisation de graffitis, de tags, de pochoirs et de textes. Il propose en fait une dualité, un regard sur le passé confondu dans un aperçu du présent.

De nombreux grands artistes se sont inspirés des peintres classiques, qu’il s’agisse de Roy Lichtenstein, qui a travaillé avec une image de la Joconde, ou de figures plus contemporaines, comme Banksy, qui a réimaginé la scène du jardin de Giverny de Monet avec les nénuphars, mais en utilisant cette fois des déchets urbains comme un caddie et un cône de signalisation. Il y a donc quelque chose de très humoristique ici, quelque chose de très moderne qui
est un commentaire sur ce qui a été et ce qui est maintenant. Il s’agit d’un regard classique sur la beauté et l’esthétique combiné à l’art urbain contemporain.

Marco Battaglini met dans ses œuvres des putti ailés (garçons joufflus et nus) et des figures romaines héroïques issues de la mythologie et des légendes classiques. Il s’est manifestement inspiré de grands artistes classiques, ainsi que d’artistes de la période du néoclassicisme, comme le peintre français Jacques-Louis David. Battaglini a réimaginé ces peintures historiques en leur insufflant un langage urbain. Il a isolé ces personnages et les a placés dans un arrière-plan qui est assurément un contexte très moderne et contemporain. Les personnages eux-mêmes sont retravaillés, de sorte que nous pourrons voir les tatouages ou l’encrage sur eux. Les petits cupidons ou les formes féminines nues font l’objet d’une sorte de remarque ou de remaniement, créant constamment une dynamique entre le passé et le présent.

Pourquoi cela est-il important ? Parce que l’art n’existe pas de manière isolée, il existe un canon de l’histoire de l’art, et il faut un artiste comme Marco Battaglini pour relier les points et tracer une ligne entre les grands maîtres et ce que nous voyons autour de nous aujourd’hui, en utilisant des motifs tels que les marques d’un artiste de graffiti, les tags et les étiquettes. Nous sommes confrontés à quelque chose qui est à la fois intemporel et actuel, et l’effet est saisissant. Nous sommes attirés dans un vieux monde de vertus classiques, de valeurs qui précèdent en fait le christianisme, remontant à une période classique et à la mythologie romaine et grecque. Mais soudain, elles sont transposées et transportées dans un contexte contemporain. C’est important car l’art doit aller de l’avant pour être pertinent. Battaglini y parvient en reconnaissant le passé, par sa compréhension des classiques et des grands maîtres de la Renaissance dans sa propre langue. Ce qu’il voit autour de lui, c’est l’art d’aujourd’hui, l’art urbain de Banksy et d’autres artistes du pochoir et du spray.

Il y a de l’humour dans son travail, ainsi qu’une certaine ironie et un esprit ludique. Si vous regardez attentivement l’œuvre, vous verrez que les textes peints sont des blagues et des commentaires spirituels. L’art de Battaglini est stimulant et donne à réfléchir. Ce qui est passionnant dans son travail, c’est cette dualité, ce dialogue entre l’esthétique classique, raffinée et délicate, et un regard nerveux et humoristique sur l’art urbain.

Ben Austin

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