Souvent lié au passé et à la vie rurale, l’artisanat suscite aujourd’hui un grand intérêt, et celui notamment du milieu de la mode. Les accessoires en osier de Maria João Gomes, par exemple, sont de plus en plus visibles dans les défilés.
Texte : Anabela Gaspar
Photos : Palmas Douradas, Filipe Da Palma, Daniel Thomas Gomes
Au cœur de Loulé, dans le sud du Portugal, la Casa da Empreita propose des articles de vannerie traditionnels et typiques de l’Algarve, tressés à la main par des artisans qui maîtrisent un savoir-faire séculaire. Grâce au soutien de la mairie et au projet Tasa, lancé par un groupe de designers pour faire revivre l’artisanat local, le marché de la vannerie en feuilles de palmier a connu un véritable boom ces dernières années en Algarve.
Principalement originaires du petit village de Barrocal, ces feuilles étaient autrefois utilisées pour confectionner des paniers, dédiés au transport et au stockage de produits agricoles et alimentaires. Le métier du tressage était enseigné aux femmes dès leurs plus jeune âge, mais Maria João Gomes ne l’a appris que tardivement, peu après son installation à São Brás de Alportel, terre natale de ses parents.
Au début, personne ne voulait lui enseigner l’art de la vannerie et les tisseuses conservaient jalousement leurs techniques. Avec le temps, elle a réussi à gagner leur confiance et appris toutes les étapes du processus, de la collecte et du séchage des feuilles aux différentes techniques de tissage. Elle a, par la suite, fait planter 60 palmiers sur le domaine familial et créé sa propre marque de paniers et d’accessoires, Palmas Douradas.
Un produit 100 % local et 100 % naturel
Tandis que d’autres s’approvisionnent au Maroc, il est important, pour Maria João, de fournir un produit 100 % local et 100 % naturel. « Après avoir ramassé les feuilles, on les lave, on les expose au soleil pour les faire sécher, puis on les découpe en bandelettes pour les tresser, explique-t-elle. Presque tous les artisans utilisent des feuilles de palmier blanchies au soufre, simplement pour les affiner. Mais le soufre n’est pas sain et son odeur est très désagréable. Il est hors de question que je m’en serve pour confectionner des sacs pour bébés ou des paniers pour les courses. Mes pièces sont pures, elles sentent la paille et la nature ! »
Au-delà du tissage, Maria João essaie de se démarquer en associant les feuilles de palmiers à d’autres matériaux naturels, comme le bois ou la canne, ou en ajoutant à ses créations de petits motifs brodés. Le styliste portugais Filipe Faísca lui a commandé des pièces pour sa collection été 2017 et a donné de la visibilité et de la crédibilité à son travail, et à l’artisanat de manière générale. On peut aussi désormais reconnaître ses accessoires lors des défilés organisés par ModaLisboa. « La vannerie n’est plus désuète, mais à la mode, assure Maria João. Quand j’ai lancé Palmas Douradas, on me disait que les paniers étaient pour les personnes âgées. Moi, j’aime les paniers, l’artisanat et la tradition. Pourtant, je suis une femme moderne et j’aime suivre les tendances et ce qui est à la mode. »
Sa marque Palmas Douradas propose donc des sacs, des pochettes, des chapeaux, des ceintures ou encore des mandalas, qui servent aussi de tapis. Bref, « tout ce qui laisse place à la créativité et à l’imagination dans votre cœur », sourit Maria João, qui organise, par ailleurs, des workshops, afin de promouvoir et divulguer la vannerie et ses techniques. En Algarve, ses articles sont disponibles à la Boutik Ange et au Museu do Traje de São Brás de Alportel, au Mar de Històrias de Lagos, au Portfolio de l’aéroport de Faro, et bien sûr dans son atelier, à Loulé.
Palmas Douradas
Maria João Gomes
Tél. : 914 843 784
artesanatopalma@gmail.com
www.palmasdouradas.com
Facebook : Palmas Douradas