Près de la moitié des marchés publics d’une valeur supérieure à 38 millions d’euros « célébrés au cours des sept derniers mois ».
Tout comme l’artiste portugais Bordalo II a réussi à organiser une manifestation très individuelle sur l’autel principal érigé pour les Journées mondiales de la jeunesse, Expresso rapporte qu’il y a eu une véritable ruée vers les contrats directs lucratifs remportés dans le contexte de ce méga événement catholique romain.
L’installation de Bordallo II, intitulée « Walk of Shame » – une forme de tapis composé de gigantesques billets de 500 € ressemblant à des sosies – a été conçue pour souligner à quel point on fait des folies lors des Journées mondiales de la jeunesse « à un moment où beaucoup de gens se battent pour garder leur maison, leur travail et leur dignité ».
« Des millions de fonds publics ont été investis pour parrainer la tournée » de ce que l’artiste qualifie de « multinationale italienne ».
D’accord avec lui ou non, la vérité est que l’essentiel des 38,33 millions d’euros de contrats ont été signés cette année.
Sur 194 contrats recensés par Expresso, 91 (46,9% du total) ont été célébrés le mois dernier pour une valeur proche de 6 millions d’euros, « pratiquement €200,00 tous les jours », précise le journal.
Dans cette période (30 jours), le poids des contrats passés directement (contrats non mis en concurrence ; essentiellement confiés à une entreprise, sans qu’elle ait à entrer en concurrence avec un autre concurrent) « a augmenté de 13 points pour atteindre 83,5 % de l’ensemble des contrats célébrés en comparaison avec le pourcentage vérifié entre 2020 (lorsque les contrats ont commencé lentement à être attribués) et le 26 juin de cette année.
« Ces plus de 38 millions d’euros ne représentent pas l’intégralité des dépenses de l’État en cas d’événement », souligne le journal, citant par exemple les dépenses de l’autel-scène du Parque Eduardo VII (450 000 €) « dont la valeur n’a pas été signalés sur le portail BASE » (le portail des contrats attribués par l’État).
« Autre chiffre : 75,8 % des contrats identifiés par Expresso ont été conclus « en direct » (pas d’appel d’offres), même des contrats importants qui, dans des conditions normales, exigeraient un processus d’appel d’offres public supervisé par la Cour des comptes (Tribunal de Contas) », indique le journal. – énumérant certains d’entre eux, pour des sommes de plusieurs millions d’euros.
« Tous ces contrats attribués directement – 147 au total – n’ont été possibles que grâce à l’article 149 de la loi de finances de l’État 2022, approuvée par la majorité du gouvernement et qui a prorogé les montants maximaux de tous les marchés publics signés pour les Journées mondiales de la jeunesse. »
« Ainsi, seuls 11 % des contrats analysés par Expresso (22) ont fait l’objet d’un appel d’offres ; et seulement 24 (soit 12,4%) ont exigé la consultation préalable des entités publiques ».
Expresso remarque qu’il y a « diverses entités publiques qui se distinguent, soit par le nombre de contrats réalisés, soit par les montants dépensés » (mairie de Loures, le gouvernement lui-même et la société municipale de Lisbonne SUR), tandis que diverses communes en dehors de Lisbonne « Felgueiras, Benavente, Amares, Esposende par exemple investissent des milliers de dollars pour garantir les transports et les repas aux habitants de leurs arrondissements se rendant dans la capitale. »
« Il y a toutes sortes de contrats : sécurité privée et conseillers pour diverses activités, 95 000 € versés par (le maire de Lisbonne) Carlos Moedas à TVI pour promouvoir la ville à la télévision et sur les plateformes numériques, et plus que 684 000 € que la municipalité d’Oeiras a donnés il y a quelques jours à l’entité de promotion Tout est nouveau gérer la logistique des activités programmées sur la promenade d’Algés, où Festival NOS Vivant qui va se passer. (Ces deux sociétés appartenant, selon Expresso, au même homme.) »
Ensuite, il y a des contrats qui ont permis au GNR d’acheter pour 9 500 € de générateurs ; l’INEM d’acheter 70 téléphones portables pour près de 15 000 €, et l’Institut du Vin de débourser 3 500 € (sans appel d’offres) pour un « boîte à saucisses personnalisée à offrir à Sa Sainteté le Pape François… ».
« Au total, ce n’est qu’une part du gâteau des Journées mondiales de la jeunesse par rapport à l’estimation des coûts avancée ces derniers mois », conclut Expresso. « Le gouvernement estime sa part à 30 M€, Lisbonne (Mairie) a avancé de 35 M€ (13,5 M€ de plus que prévu initialement), et Loures de 9 M€. »
« Mais les coûts combinés pour les deniers publics avec cette visite du pape n’ont toujours pas été officiellement communiqués par aucune des parties concernées, ni le retour au pays de cet investissement ».
La Journée mondiale de la jeunesse commence le mardi 1er août avec une énorme anticipation suscitée par les médias – mais à un moment extrêmement difficile pour les citoyens ordinaires, en particulier ceux dont les remboursements hypothécaires ont explosé en raison de la hausse des taux d’intérêt, comme l’artiste Bordalo II s’est efforcé de l’illustrer.