Le Portugal achète deux bombardiers à eau Canadair

Le Portugal consacre 50 millions d’euros par an aux opérations aériennes de lutte contre les incendies.

Ce n’est qu’en 2023 que le pays disposera de son premier avion spécialement conçu pour la lutte contre les incendies ruraux – et ironiquement, les pompiers critiquent déjà le choix du Portugal.

Expresso revient aujourd’hui sur l’épineuse question de l’achat des avions nationaux de lutte contre les incendies.

L’année dernière, le Conseil des ministres a approuvé une résolution pour l’achat de 12 hélicoptères et de deux avions amphibies « lourds » – le choix étant des Canadair Cl 415, d’une capacité de 5 000 litres d’eau chacun.

Chaque Canadair coûte 30 millions d’euros, a expliqué une source de l’armée de l’air (l’armée de l’air étant le service qui les achètera).

Mais les Canadairs, malgré toute leur capacité et leurs promesses, sont peu maniables : ils ont besoin d’une grande surface pour décoller et atterrir : puiser l’eau des barrages et des rivières est semé d’embûches, en particulier si ces barrages et rivières sont bas…

Les alternatives sont les Fire Boss – des avions produits par Air Tractor – plus agiles, et beaucoup moins chers à l’achat (« un avion coûte 3 millions d’euros »).

Fire Boss peut être rempli d’eau à terre (jusqu’à 3 000 litres) et n’a besoin que de 300 mètres pour décoller.

Pratiquement, l’achat d’un Canadair pourrait acheter 10 Fire Boss, assurant « une attaque carrousel, une manœuvre dans laquelle plusieurs avions effectuent des décharges successives, avec 30 000 litres d’eau », a précisé la source de l’Armée de l’Air.

Le plan a un autre avantage : un Canadair a besoin de deux pilotes, un Fire Boss un seul.

C’est là que se situent les objections : João Marques, président de l’association des pompiers volontaires portugais, explique également que Canadair « a besoin de 20 minutes pour décoller ; la période de temps entre les décharges est plus grande (que Fire Boss) et il y a moins de flexibilité.

Fire Boss « sont plus adaptables au paysage portugais ; permettant des mouvements plus rapprochés de proximité, et des décollages plus rapides ».

Il y a un autre « problème » avec l’achat de deux Canadair… que se passe-t-il quand l’un a des problèmes d’entretien ? « Il ne suffit pas d’en avoir deux, il faut une réserve pour les moments où il y a des fautes », explique Marques.

Le « manque de réserves » et les « mauvais choix » du passé (témoin l’achat extrêmement coûteux par le Portugal d’hélicoptères Kamov essentiellement épuisés en 2006: ceux-ci ont passé plus de temps au sol que dans les airs).

Certes, d’après l’« exclusivité » d’Expresso aujourd’hui, il semble que la Force aérienne et les pompiers eux-mêmes seraient beaucoup plus heureux avec Fire Boss qu’avec deux Canadair. Ce ne serait pas la première fois qu’une décision politique, face aux experts de terrain, finirait par atterrir comme un ballon de plomb.

La résolution du Conseil des ministres qui a approuvé l’achat des deux Canadair, a choisi de financer l’opération avec L’argent du PRR en provenance de Bruxelles et de l’argent disponible par l’intermédiaire du Mécanisme européen de protection civile.

« Alors que les avions de l’Etat ne sont pas encore arrivés, l’armée de l’air n’a pas répondu aux questions d’Expresso », indique le journal – soulignant que l’armée de l’air dispose actuellement de 143 millions d’euros pour continuer à louer des avions.

Entre-temps, l’Espagne et la France ont fourni une aide sous la forme de Canadairs (un avion espagnol est aujourd’hui de retour sur le territoire national).

natasha.donn@portugalresident.com

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