Le secrétaire général de l’ONU en Espagne recevra le prestigieux prix Charles V.
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a déclaré aujourd’hui que le monde avait besoin « arsenaux diplomatiques » pour assurer la paix et que l’Europe doit se réformer pour défendre « sans relâche » tous les droits et valeurs fondamentaux.
« Jamais depuis la création de l’ONU et de l’Union européenne ces valeurs n’ont été aussi menacées », a-t-il déclaré à son auditoire lors de la Journée de l’Europe à Cuacos de Yuste, en Espagne, où il a reçu le Prix Carlos V, du roi d’Espagne, Felipe VI, lors d’une cérémonie en présence du président et premier ministre du Portugal.
« Nous devons donc élever la voix et réaffirmer ces valeurs. Et par dessus tout, nous avons besoin de paix », a insisté M. Guterres, qui a décrit la violence aujourd’hui « dans trop de coins de la planète », dans des guerres comme celle d’Ukraine, mais aussi dans d’autres guerres et crises humanitaires souvent « loin de l’attention médiatique ».
« La paix ne doit jamais être sous-estimée ou tenue pour acquise. Nous devons y travailler, tous les jours, sans repos. Dans un monde qui se déchireil faut apaiser les clivages, prévenir l’escalade, écouter les doléances. Au lieu de balles, nous avons besoin d’arsenaux diplomatiques ».
Pour le secrétaire général des Nations unies (ONU), il faut réaffirmer la primauté de la paix « entre les peuples », mais aussi « la paix avec la nature ».
António Guterres a souligné que le « chaos climatique met en danger la survie même de l’humanité » et provoque des phénomènes tels que des incendies, des inondations et des sécheresses qui déplacent des millions de personnes et « exacerbent les tensions et enflamment les conflits ».
Pour que « la paix soit durable, elle doit être fondée sur le respect et la protection des droits de l’homme dans leur ensemble », a-t-il déclaré – soulignant que l’Union européenne (UE) et les Nations unies ont été créées à l’un des « moments difficiles » de l’humanité après La Seconde Guerre mondiale, « autour des valeurs universelles » et que « les deux ont sorti des millions de personnes de la pauvreté et forgé la paix dans des pays troublés. »
« Il est maintenant temps de se montrer à nouveau à la hauteur. Nous avons besoin d’unité et de courage. Nous devons réinventer le multilatéralisme. En ce sens, l’Europe doit se renouveler pour rester à l’avant-garde, mais elle ne doit pas renoncer à son identité ».
Pour António Guterres, « seule une Europe unie peut faire face aux énormes défis du présent et de l’avenir » et « le monde a besoin d’une Europe forte et tournée vers l’extérieur, pas d’une Europe fermée sur elle-même.
« N’oublions pas que l‘Europe est une frontière, pas une île. Nous avons besoin d’une Europe qui défende sans relâche les valeurs universelles et les droits fondamentaux de tous, qui contribue pleinement à un monde multipolaire, avec des relations internationales fondées sur la justice et l’aide aux plus vulnérables ».
L’ancien Premier ministre portugais a rappelé que l’UE a été « un symbole de solidarité et de coopération internationales » et considère qu’elle a aujourd’hui « la responsabilité historique de réaffirmer le sens du multilatéralisme et de travailler en solidarité avec ceux qui aspirent à poursuivre le même développement et bien-être. »
« En cette Journée de l’Europe, réaffirmons les idéaux de paix, de justice et de coopération internationale. Défendons ensemble sans relâche la dignité et les droits de l’homme, le dialogue et le respect mutuel. Et construisons un monde plus juste, inclusif et digne qui ne laisse personne de côté », a-t-il dit, après avoir évoqué « l’expansion des discours de haine, du racisme et de la xénophobie. »
« Le moment est venu d’exiger le droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, à la liberté d’expression, au droit de demander l’asile », (…) « le moment est aussi venu de placer l’égalité au centre. »
« Égalité entre les communautés, égalité entre les citoyens, égalité entre les sexes ».
Le patron de l’ONU pour deux mandats a souligné que la pandémie de Covid-19 a mis en lumière les « fractures scandaleuses qui existent » dans le monde alimenté « par un système financier international profondément injuste », avec « les pays les plus pauvres étouffés par la dette, tandis que les plus riches ont pu investir dans une forte reprise économique ».
Ce qui est en jeu, c’est une « fracture économique et sociale qui risque de produire des fractures politiques », une « injustice qui menace la paix » et « encore une fois, il est urgent de reconstruire la confiance, fondée sur la justice et la solidarité. »
« Aujourd’hui, plus que jamais, dans notre monde fracturé, construire des ponts est la seule option », a-t-il déclaré.
Le Prix européen Carlos V décerné à M. Guterres récompense le travail de « personnes, organisations, projets ou initiatives qui ont contribué à la connaissance générale et à l’amélioration des valeurs culturelles, sociales, scientifiques et historiques de l’Europe, ainsi qu’au processus de construction européenne et intégration », selon le Fondation de l’Académie européenne et ibéro-américaine de Yuste qui décerne le prix.
LUSA