Tarso Silva est l’un des auteurs de peintures réalistes qui ont transformé des coins abandonnés de Lagos en paysages incroyables et en une sorte de galerie à ciel ouvert.
Son amour pour l’art a commencé très jeune et l’a amené dans différents pays, mais il a passé les trois dernières années à Lagos à explorer sa créativité et à partager sa passion.
Originaire de Curitiba, au Brésil, il a visité le Portugal pour la première fois en 2017 et les charmes du pays l’ont convaincu d’y rester. Bien qu’il ait vécu à Porto pendant quelques années, son art se retrouve aujourd’hui dans les endroits les plus divers de Lagos, tels que les bars, les restaurants, les hôtels, les peintures murales de rue et même sur le van d’un magasin de décoration d’intérieur.
Tars82 est le nom artistique de l’artiste brésilien de 40 ans, les chiffres représentant l’année de sa naissance.
Il se souvient qu’il dessinait toujours étant enfant et qu’un jour, sa passion est passée du papier au mur, ayant développé un intérêt pour le graffiti, car il était skateur.
Avec seulement un peu de peinture en aérosol et de curiosité, il a commencé en 1996 à peindre dans les rues et en 2012, cela est devenu son travail à temps plein. Cette transition ne fut pas facile, car il dut apprendre les techniques de la peinture à grande échelle. « Cela a pris de nombreuses années. C’est une évolution constante jusqu’à ce que l’on réalise que la bombe aérosol n’est rien de plus qu’un outil et qu’il faut du temps pour réaliser des figures et des portraits parfaits », explique Tarso.
Sa persévérance et sa volonté de réaliser des dessins plus détaillés ont amélioré son travail, ce qui se reflète dans les commentaires édifiants et encourageants de la communauté locale. Les gens reconnaissent que les espaces qu’il a peints ont été négligés ou détruits et son intervention leur donne « une nouvelle vie », révèle-t-il, ajoutant cependant qu’il y a aussi ceux qui critiquent ses peintures.
Même si l’art urbain n’est pas apprécié de tous, la demande pour le travail de Tarso a commencé à augmenter en raison de la qualité de ses portraits précis, comme une fresque murale de la chanteuse Alicia Keys, près de la poste, et de la récente Mexicaine Catrina (un personnage associé à les traditions du Día de los Muertos) au restaurant Santa Maria de Lagos.
C’est au bar Red Eye que commence son parcours artistique à Lagos. Lors de son deuxième jour de vie dans la ville, il a proposé de peindre le mur afin de pouvoir exposer son travail. Quant à l’art urbain, il a commencé dans une rue près d’une station-service, avec deux portraits et, à partir de là, il en a fait d’autres dans la ville.
« Des œuvres d’ombres, de lumière et de nombreuses descriptions qui transmettent le bonheur aux gens et animent leur journée », tel est le message que l’artiste souhaite partager. Ses inspirations viennent de ce qui lui fait plaisir et lui rappelle ses racines à la fois dans le skateboard et dans le climat tropical du Brésil, avec ses couleurs vibrantes, qui sont également en lien avec la culture mexicaine, qui l’enchante tant.
Pour lui, il y a une grande différence entre peindre dans la rue et exposer dans une galerie d’art, car, en extérieur, chacun peut suivre pas à pas son processus de dessin et en profiter gratuitement. “Beaucoup de gens de passage apprécient mon travail et n’ont pas les moyens d’acheter un billet pour un musée ou une salle d’art.”
Bien que cette forme d’expression ne soit pas comprise par beaucoup, Tarso précise qu’elle peut être le début d’une carrière dédiée à ce pour quoi quelqu’un a du talent, qui « change la vie des gens » et souligne qu’il y a « un manque de compréhension et de soutien pour ceux qui débutent ».
L’artiste estime qu’il serait judicieux d’organiser des festivals avec des artistes urbains nationaux et internationaux, créant un lien entre eux et la population, afin de démystifier cette forme d’art souvent sous-estimée.
Ses prochains projets consistent à peindre un restaurant dans le centre-ville et la vieille voiture d’un Anglais, mais il ne s’arrêtera pas là : l’objectif de Tarso est de continuer à étendre son travail au-delà des frontières et de le partager avec autant de personnes et de générations que possible.
Par BEATRIZ MAIO
