L’ancien directeur de la prison accuse les gardiens d’être responsables de l’évasion massive de samedi

Rui Abrunhosa Gonçalves baisse la garde alors que le processus d’enquête mène des entretiens.

Le jour où la police de PJ semble cibler certains gardes dans l’enquête criminelle sur les manquements à la sécurité qui ont conduit à l’évasion massive de la prison de Vale de Judeus samedi dernier, l’ancien directeur des prisons Rui Abrunhosa Gonçalves l’a dit ouvertement : « Les défaillances de sécurité qui ont conduit à la disgrâce étaient imputables aux gardes. »

Interrogé dans une interview par la chaîne publique RTP « qui a échoué dans l’évasion » ce qui a conduit à sa démission, Gonçalves a répondu : « Les gardes ».

« Dans les prisons, nous avons deux grands groupes, les détenus et les gardiens, et les gardiens sont là principalement pour assurer la sécurité. Il est donc évident qu’il y a eu des failles de sécurité exploitées par les détenus. C’est ce qui fait l’objet d’une enquête fondamentale », a-t-il déclaré, faisant allusion au processus d’enquête interne de l’Audit et de l’Inspection des services pénitentiaires, ainsi qu’à l’enquête criminelle menée par le ministère public.

Selon l’ancien directeur des services pénitentiaires portugais, il est désormais « nécessaire de déterminer si ces manquements sont dus à la négligence, s’ils sont délibérés ou si, au contraire, il s’agit d’une autre circonstance fortuite ».

Rui Abrunhosa Gonçalves a expliqué que dans le centre de vidéosurveillance de la prison, le gardien est remplacé toutes les heures et que le cas concerne le changement d’équipe et les cinq minutes qui suivent.

« Les gens sont là, les caméras sont là », a ajouté l’ancien directeur des prisons du Portugal, soulignant que même s’il y avait de nombreuses caméras dans le centre de surveillance, seules quelques-unes (celles qui surplombent le périmètre de la prison) intéressaient le gardien de service, car le samedi les ateliers et autres installations sont fermés.

En d’autres termes, ce que Gonçalves entendait par « circonstance fortuite » c’est que les six minutes qu’il a fallu aux cinq évadés pour franchir les murs de la prison et la zone couverte par les caméras de surveillance auraient pu coïncider avec les cinq minutes pendant lesquelles les gardes « changeaient d’équipe ».

Demandé s’il croit qu’il pourrait y avoir eu collusion ou complicité de la part d’un gardien ou d’un autre employé de la prison dans l’évasion, Rui Abrunhosa Gonçalves a répondu que « pour le moment et dans ce scénario tout est admissible », mais il est « nécessaire d’attendre les résultats des enquêtes » en cours pour s’assurer de « la véracité des faits ».

Il a toutefois reconnu que dans d’autres situations – comme l’introduction de téléphones portables, de drogues et d’autres objets interdits dans les prisons – des liens ont été établis avec le personnel pénitentiaire, y compris les gardiens.

Selon l’agence de presse Lusa, Gonçalves a souligné qu’il ne voulait pas « porter de jugement hâtif » sur ce qui s’est réellement passé samedi dernier (après avoir déjà imputé les manquements de sécurité aux gardes…)

En ce qui concerne son départ, Gonçalves a déclaré qu’il était conscient que « dans ces circonstances, il y a toujours des têtes qui tombent » et qu’étant donné qu’il était le directeur général des prisons à l’époque, il savait que cela pouvait arriver, d’autant plus que « rien ni personne ne s’est manifesté pour faire une quelconque déclaration en faveur des directeurs » des prisons.

C’est alors, dit-il, qu’il a réalisé que l’avenir était « probablement prédit ».

Rui Abrunhosa Gonçalves a ajouté qu’il demandait depuis plus d’un an au ministère de la Justice d’augmenter le nombre de gardiens de prison (c’est-à-dire qu’il l’avait également demandé au gouvernement précédent). Cependant, il a réitéré que les 33 gardiens qui étaient en service le matin de l’évasion étaient suffisants pour assurer le service de sécurité et d’autres tâches.

Les déclarations de Gonçalves à RTP va sans doute exaspérer le syndicat national des gardiens de prison dont le leader Frederico Morais a déclaré depuis cette évasion que c’était une conséquence directe de la négligence répétée des gouvernements successifs à l’égard du service pénitentiaire délabré du pays, et non la faute des gardiens qui, selon lui, serait le premier sur la ligne de tir.

Source du matériel : LUSA

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