« La police toujours présente » : le slogan estival du gouvernement portugais dément une montée réelle de la violence

PM, Luís Montenegro em SetúbalPhoto: Rui Minderico/Lusa

Le week-end dernier, l’agence de presse d’État Lusa a discrètement publié un texte générique annonçant le lancement d’une nouvelle campagne de sécurité estivale, présentée comme conforme aux éditions précédentes, dans un pays encore largement perçu comme l’une des destinations de vacances les plus sûres au monde.

Mais le même jour, d’autres médias rapportaient un homicide choquant : un épicier d’origine hindoustanie, père de deux enfants et dont l’épouse attend un troisième, a été abattu de trois balles dans la poitrine alors qu’il fermait boutique à Feijó, dans la banlieue d’Almada, près de Lisbonne. L’agression a été perpétrée par deux adolescents, âgés de 16 et 17 ans. Une chasse à l’homme s’est engagée, mais l’affaire n’a depuis reçu que très peu de couverture médiatique.

Pendant des années, les responsables politiques portugais ont refusé de reconnaître une dégradation du climat de sécurité, évitant soigneusement d’établir un lien avec l’augmentation marquée de la population issue de l’immigration. Mais le vent semble tourner.

Alors que la PJ (Police Judiciaire) menait une opération d’envergure contre une milice armée d’extrême droite, et que d’autres forces procédaient à des saisies d’armes illégales – notamment dans le quartier de Martim Moniz, transformé ces dernières années par l’immigration – le Premier ministre Luís Montenegro s’exprimait au Parlement et annonçait le renfort de 1 500 nouveaux agents pour la GNR (forces rurales) et la PSP (forces urbaines), ainsi que la mise en place de nouveaux programmes de formation pour l’intégration de plusieurs centaines d’autres recrues.

Le programme de son gouvernement fraîchement formé affirme : « Il est urgent de réaffirmer la sécurité intérieure comme pilier de la liberté et de la prospérité économique. »

Comme le note le média Observador, la sécurité est l’un des axes forts de ce nouveau mandat, avec la promesse d’introduire – enfin – des caméras-piétons, des systèmes de vidéosurveillance, et même une révision du fonctionnement des polices municipales.

Fait rare, les trois principaux partis politiques semblent alignés sur ce sujet. « L’insécurité, même marginale, mine la confiance civique et compromet l’attractivité des investissements », stipule le programme gouvernemental sur quatre ans.

Une déclaration qui rassurera sans doute de nombreux maires urbains, de plus en plus confrontés à des actes de violence.

La semaine dernière, le maire de Porto, Rui Moreira, a convoqué une réunion d’urgence de l’exécutif municipal après l’agression de bénévoles du centre d’aide aux sans-abri (CASA) et l’attaque d’un policier.

« La banalisation de la violence doit nous alerter collectivement », a-t-il affirmé, dénonçant l’augmentation des épisodes violents à Porto ces dernières années. « La liberté s’épanouit dans un cadre clair. Il faut promouvoir un dialogue respectueux et préserver un climat de civilité. »

S’il n’a pas explicitement demandé plus de policiers, le message était clair : le gouvernement central doit agir – ce que semble faire le Premier ministre.

Le maire de Porto a également invité les médias à suivre l’exemple du journal Público, qui désactive les commentaires en bas des articles afin d’éviter l’exacerbation de la haine et de l’intolérance en ligne.

Toujours la semaine dernière, le maire de Lisbonne, Carlos Moedas, appelait à des « mesures immédiates » face à l’insécurité croissante dans la capitale, insistant particulièrement sur la nécessité d’installer des caméras de vidéosurveillance dans les quartiers problématiques comme Martim Moniz, Mouraria, Arroios, São Domingos de Benfica et l’Avenida da Liberdade.

Enfin, durant le week-end, des centaines de personnes ont défilé contre le racisme et la violence, en particulier celle perpétrée par des groupes d’extrême droite. L’agression d’un acteur devant un théâtre de Lisbonne le jour de la fête nationale est l’un des exemples récents qui ternissent l’image d’un Portugal jadis synonyme de tranquillité et de sécurité.

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