La Chambre de Commerce et d’Industrie Luso-Française : une porte d’entrée au Portugal

Malgré les incertitudes de l’année passée sous le joug de la Covid-19, nos compatriotes continuent de venir s’installer au Portugal et d’ouvrir de nouvelles entreprises. Pour ce faire, la Chambre de Commerce et de l’Industrie Luso-Française basée à Lisbonne est un atout de taille et son directeur, Laurent Marionnet, nous en explique les caractéristiques.

Quel est le rôle d’une chambre de commerce et d’Industrie Française à l’étranger ?

Le rôle d’une CCI française à l’étranger est double et le premier est celui d’un club d’affaires. Elles ont en effet été créées à la base par des chefs d’entreprises français basés à l’étranger dans le but de partager leurs expériences et de faire des affaires. Nous organisons d’ailleurs, des initiatives afin que nos membres, 650 au Portugal, se rencontrent et collaborent. Aujourd’hui avec la pandémie les choses sont un peu plus compliquées mais nous réussissons à mettre en place des webinaires et des rendez-vous virtuels.

Notre deuxième rôle est celui que je définis comme du consulting dans l’accompagnement des entreprises françaises sur le territoire portugais. Nous proposons un accompagnement complet pour tous les nouveaux projets dès leur phase initiale, de l’étude de marché jusqu’á l’implantation : la domiciliation, l’hébergement si nécessaire, la recherche de clients, de fournisseurs, de partenaires, la création d’entreprise et une aide au recrutement. En d’autres termes, nous soutenons toute la démarche de développement économique d’une entreprise. S’il s’agit normalement d’une prestation sur mesure pour les sociétés françaises, nous aidons également les entreprises portugaises qui souhaiteraient s’implanter sur le marché français.

Les chambres de commerce sont-elles toutes identiques d’un pays à l’autre ?

Il y a 124 CC dans le monde. En France elles sont publiques mais le réseau étranger est 100% privé. Il existe une coordination à Paris qui apporte un support de communication globale, un site internet commun et un logo. Notre système de fonctionnement s’apparente en quelques sortes à celui des franchises. Ici, au Portugal, nous sommes une équipe de neuf personnes, 7 au siège à Lisbonne et 2 à notre bureau de Porto. Nous ne sommes pas encore présents en Algarve qui compte toujours plus de ressortissants français, mais nous avons déjà organisé des événements dans la région et avons collaboré avec nos confrères Britanniques et Hollandais.

Comment fonctionne la CCILF ?

Nous sommes l’une des portes d’entrée au Portugal. Nous avons un fonctionnement institutionnel même si nous sommes privés et nous travaillons conjointement avec l’Ambassade de France et avec Business France. Nous accueillons les entrepreneurs et leur donnons les informations nécessaires, discutons du potentiel de leur projet et faisons une pré-validation. Par la suite, s’ils souhaitent continuer avec nous, nous leur proposons une prestation sur mesure d’accompagnement à un coût raisonnable.

Qui peut faire appel à vous et à quel prix ?

Toutes les personnes qui ont un projet entrepreneurial au Portugal. Nous proposons des prestations sur mesure adaptées aux besoins de nos clients. Chaque cas est particulier, dans le cas d’une création d’entreprise nous allons discuter du projet puis faire la mise en relation avec des banquiers, des experts-comptables et nous pourrons accompagner l’entrepreneur au registre du commerce. Pour la recherche de clients ou de fournisseurs, nous travaillons sur cahier des charges et le tarif est adapté au projet. Dans ce cas nous pouvons constituer des listes qualifiées de contacts ou organiser des missions de prospections. Au-delà du prix, nous centralisons les démarches et au final nous faisons gagner un temps précieux aux porteurs de projets.

Pourquoi les entreprises françaises s’installent-elles au Portugal ?

A partir de la crise économique de 2008. Le gouvernement portugais a mis en place des incitations fiscales, entre autres pour attirer les investissements étrangers, comme le statut RNH qui offre aux retraités et aux professionnels un taux d’imposition plus faible. Par ailleurs, la main d’œuvre est moins chère qu’en France et on peut estimer que les coûts d’opération d’une entreprise au Portugal sont deux fois moins chers. Ajoutez à cela un personnel qualifié qui parle souvent plusieurs langues étrangères, avec un niveau d’éducation et de spécialisation élevé dans certains domaines, une qualité de vie des plus agréables et la sécurité, vous obtenez la combinaison parfaite pour une installation sur la Péninsule. Nos deux pays sont en outre très proches historiquement ; la communauté portugaise en France a largement contribué à faire connaitre le Portugal.

Refusez-vous certaines demandes ?

Non, nos portes sont toujours ouvertes et nous sommes toujours disposés à donner des renseignements. Il peut arriver qu’un projet ne soit pas assez préparé ou que la demande ne soit pas assez intéressante pour le Portugal, auquel cas nous informons les entrepreneurs qu’il ne serait pas dans leur intérêt de continuer les démarches. Nous ne voulons pas leur faire perdre leur temps, aussi, si nous estimons que les choses sont mal engagées, nécessitent un travail plus approfondi ou ont peu de chances d’aboutir, nous le leur disons immédiatement. Nous sommes concrets et transparents.

Quelles sont les difficultés pour ouvrir une activité au Portugal ?

Il faut être préparé. Une fois qu’on a décidé de sauter le pas et de concrétiser il faut vraiment se préparer car en plus du projet, il s’agit d’un choix de vie. Il y a la vie professionnelle mais il y a aussi les à-côtés, comme trouver un logement, des écoles et souscrire au système de santé. L’administration portugaise peut parfois être un peu déroutante, notamment pour la barrière de la langue car les gens ont tendance à penser que tout le monde parle français. La véritable difficulté, en résumé, est une méconnaissance du pays, de la langue et des idées préconçues. Mais venir s’installer au Portugal reste relativement facile et rapide.

Combien de temps faut-il compter pour la mise en route d’une affaire ?

Si tout est bien préparé au préalable et que les documents sont prêts, une fois la société ouverte elle peut être opérationnelle dans les dix jours. Lorsqu’il s’agit d’implanter une usine ou d’obtenir des permis de constructions ou des licences, l’organisation est un peu plus complexe et il faut compter plus de temps. Le rythme portugais n’est pas le même qu’en France.

Quel type d’entreprise les Français implantent-ils au Portugal ?

Ceux qui viennent nous voir implantent des TPE et des PME, principalement dans le secteur de la restauration, l’hôtellerie et le tourisme ainsi que dans l’immobilier. Avec la crise nous avons constaté un changement quant au type d’entreprises qui s’installent ici. En effet, il s’agit de plus en plus de sociétés du secteur industriel qui souhaitent relocaliser leur production. Ils comprennent que la mondialisation a eu un effet négatif car désormais on prête plus d’attention à l’empreinte carbone, donc fabriquer en Chine signifie beaucoup de transports, des problèmes de qualité ou de logistique. Grâce à la pandémie, finalement les entreprises relocalisent en Europe et il se trouve qu’elles privilégient souvent le Portugal. Tout d’abord parce qu’il y a des opérations intéressantes mais aussi parce qu’il y a un secteur industriel important et un personnel qualifié. Actuellement nos dossiers ciblent surtout la réimplantation d’usines.

L’intérêt pour les Français d’ouvrir une activité au Portugal est-il réel et va-t-il continuer ?

Malgré la pandémie, nous recevons beaucoup de demandes et accueillons de nouveaux membres. L’ouverture d’une activité prend un peu plus de temps aujourd’hui parce que nous n’avons que peu de visibilité sur la situation future, notamment en ce qui concerne les déplacements, mais l’intérêt est toujours fort. Preuve en est, le secteur de l’immobilier n’a pas chuté, et les Français sont les premiers investisseurs au Portugal.

Johanna Trevoizan

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