Le Français Thierry Burtin, installé depuis deux ans à Lisbonne, s’est lancé le défi d’y créer une nouvelle radio numérique en français. Destinée aux expats, mais pas seulement. Les auditeurs peuvent déjà écouter La French Radio depuis début mars.
En quelques mots, c’est quoi La French Radio ?
La French Radio, c’est votre radio, c’est notre radio, c’est la radio de tous les francophones, mais aussi des francophiles, les amoureux de la langue française qui résident à l’étranger, et donc aujourd’hui au Portugal. On ne veut pas s’adresser seulement aux expats ou aux touristes français, mais aussi aux lusodescendants, ainsi qu’aux Portugais qui parlent notre langue et qui l’aiment. Et ils sont nombreux. Notre but, c’est que les Français et les Portugais se comprennent davantage, qu’on soit ensemble.
C’est la première fois que vous lancez le concept de La French Radio à l’étranger ?
Absolument. Lisbonne, c’est notre tête de pont. Parce que le Portugal est aujourd’hui devenu une destination privilégiée. J’y réside et je me dis qu’il y a un manque.
Qu’est-ce qui vous a poussé à vous installer au Portugal ?
Comme beaucoup, le cadre de vie, la plage, la mer, le soleil et, par ailleurs et aussi la possibilité d’entreprendre avec une grande liberté, dans un pays à l’économie florissante.
Racontez-nous un peu votre parcours. Vous venez du monde de la radio ?
De la radio, oui, mais surtout du monde de la communication. J’ai lancé il y a une vingtaine d’années en France des chroniques à la radio. A sa création, c’était un format inédit, sous la forme d’une interview, où l’on reçoit un invité, qui vient parler de son business et de son savoir-faire. Il nous donne tous les aspects positifs de son produit. Quelles que soient les marques aujourd’hui, elles ont toutes besoin d’expliquer leurs produits ou leurs services. Via la radio, nous avons pu apporter une des solutions de communication pour les entreprises.
Quels sont vos clients ?
Des compagnies aériennes, comme EasyJet, mais aussi des groupes publics ou privés. On assure un axe de leur communication. On peut citer, par exemple, EDF, Vinci, Axa, Macif, la Poste, le Crédit Agricole, Darty, Auchan, la Banque postale…
Les chroniques sont diffusées sur quelles radios, par exemple ?
Toutes les principales radios en France. On a commencé avec RMC, puis par la suite RTL, Europe 1, le Groupe NRJ, France Inter, BFM… Après, on a développé le même concept à l’étranger.
Qu’est-ce qui vous a décidé, alors, de lancer une radio française au Portugal ?
J’ai rencontré un certain nombre de Français en partageant leurs activités, leurs vies d’expatriés. Je me suis rendu compte qu’il y avait de nombreuses associations aux quatre coins du Portugal, mais que, bien souvent, elles n’arrivaient pas à faire connaître leurs actions. Quand on est à Lisbonne, on ne sait pas ce qu’il se passe à Porto ou en Algarve, et vice-versa. Il existe ici des magazines francophones, comme « Vivre le Portugal », des sites Internet qui sont très bien faits, mais il manquait un média « chaud », réactif. La radio permet d’apporter une information instantanée et créer du lien. Comme beaucoup de Français installés au Portugal, qui travaillent en anglais et qui ne parlent pas portugais, c’est difficile de suivre l’actualité du pays. Quand on réside dans un pays, on essaie de le vivre pleinement. Mais quand on ne comprend pas ce qu’il s’y passe, il y a un manque. Voilà pourquoi La French Radio va les informer, afin qu’ils comprennent mieux le pays dans lequel ils résident.
Quel sera le mode de diffusion ?
On a décidé de miser sur le digital, donc sur une web-radio. Désormais, sur un smartphone, avec la 4G, la qualité musicale est aussi bonne que sur la bande FM. Dans moins d’un an, on passe à la 5G, qui va multiplier par 10, voire par 100 le débit. Aujourd’hui, les gens peuvent déjà télécharger les apps sur Android ou Apple Store et écouter les émissions et les chroniques soit en direct depuis leur smartphone, tablette ou ordi à leur domicile, bureau ou dans leurs voitures, ou nous écouter en podcasts sur le site internet www.lafrenchradio.com. Les auditeurs peuvent aussi nous écouter avec les apps comme radio.pt, radio.fr, radioline.co, Deezer ou encore Amazon, via l’enceinte connectée Alexa.
Les trois mots qui apparaissent sur votre logo sont « info », « talk » et « music ». Quel genre de chansons allez-vous diffuser ?
Nous diffuserons 60 % de musique française, 30 % de hits internationaux et 10 % de musique portugaise. Concernant l’info, on balayera les nouvelles françaises et portugaises. On va aussi organiser des « talks », des émissions de débat. Ce sera bientôt l’occasion, par exemple, avec les élections européennes. Toutes les sensibilités politiques viendront s’exprimer, avec des intervenants aussi portugais, notamment des élus locaux, mais francophones.
A part les flash infos, pouvez-vous nous présenter quelques chroniques qu’on pourra entendre à l’antenne ?
On va chiner pour nos auditeurs les bons plans. C’est-à-dire quoi faire ce soir, quoi faire demain… Les évènements incontournables, les petits restos (d)étonnants… Dès l’aéroport, j’écoute La French Radio via l’appli ou le site web et je trouve facilement des informations qui me seront peut-être nécessaires pour faciliter mon séjour, qu’il soit court ou long. Des experts viendront aussi donner des conseils, notamment sur les particularités fiscales ou les règlementations locales. On communiquera aussi sur les offres d’emploi et immobilières. On aura des chroniques sur l’expatriation, la cuisine, le sport, la bourse, le business, l’Europe, la culture… On s’appuie sur un réseau de rédactions internationales et surtout locales.
A l’époque, il existait déjà une radio française installée à Lisbonne, qui s’appelait Paris-Lisboa…
En effet, c’était une radio montée par la Société financière de radiodiffusion (Sofirad), un organisme d’Etat qui dirigeait les radios publiques en France et qui avait pour vocation de développer des radios francophones à l’étranger. La Sofirad a perdu sa tutelle, elle a été fusionnée avec le groupe Radio France, et la station est devenue Rádio Europa Lisboa. Mais loin des QG parisiens, les Français du Portugal ont été sacrifiés sur l’autel de la rigueur, avec une fermeture de la station en 2006.
Qui sont les investisseurs de La French Radio ?
C’est avant tout un projet que je porte, que j’aime et pour lequel je fais le nécessaire afin d’assurer sa réussite. C’est important de montrer l’exemple quand on défend une idée, une marque. J’ai d’autres associés, qui viennent de différents horizons, mais tous sont des francophones expatriés.
* Plus d’infos sur le site de La French Radio