Photo : Miguel A Lopes/ Lusa
Un vent de panique avant les changements annoncés dans les lois sur la nationalité et l’immigration
À l’approche du débat parlementaire prévu ce vendredi au Portugal sur la réforme des lois encadrant la nationalité et l’immigration, un climat de panique gagne plusieurs communautés issues du sous-continent indien. Beaucoup déclarent ne plus se sentir les bienvenus dans le pays, rapporte l’agence Lusa.
« Si l’on compare avec d’autres pays européens, les salaires sont plus bas ici. Mais les gens choisissaient le Portugal parce qu’ils s’y sentaient en sécurité, pouvaient y faire venir leur famille, construire une vie et obtenir la nationalité. Aujourd’hui, tout cela semble compromis », déplore Shiv Kumar Singh, président de la Casa da Índia.
Membre du Conseil national pour la migration et l’asile (CNMA), Shiv Kumar Singh fait partie des cinq représentants élus des communautés immigrées, lesquels n’ont pas été consultés par le gouvernement sur les projets de loi en discussion. Ces textes prévoient notamment l’allongement des délais d’accès à la nationalité, la possibilité de retirer la citoyenneté à des naturalisés auteurs de crimes graves, ainsi que des restrictions au regroupement familial.
« Les cinq conseillers ont été démocratiquement élus, mais le gouvernement nous a ignorés », s’indigne-t-il, dénonçant un discours qui se focalise sur les conditions d’entrée plutôt que sur l’intégration.
Tout en affirmant que la communauté indienne est favorable à une immigration encadrée et respectueuse de la loi, M. Singh alerte : « Ces changements créent un sentiment de rejet chez ceux qui avaient des projets, voulaient s’installer durablement ici et qui, désormais, se sentent indésirables. »
Il critique aussi une approche jugée inégalitaire, pointant du doigt l’instauration de délais différenciés selon l’origine linguistique : sept ans de résidence exigés pour les ressortissants de pays lusophones, contre dix ans pour les autres. « Le gouvernement se dit humaniste, mais il crée des catégories parmi les êtres humains », assène-t-il.
L’allongement du délai pour demander la nationalité reste l’une des principales sources d’inquiétude. La législation actuelle permet de faire une demande après cinq années de résidence légale.
De son côté, Alam Kazoi, représentant de la communauté bangladaise à Porto, exprime une inquiétude croissante : « Les gens ont peur d’un retour en arrière. Ces propositions datent de 2007. Beaucoup d’immigrants espéraient une obtention rapide de la nationalité, même en acceptant de faibles salaires. »
Pour nombre d’entre eux, la demande de citoyenneté ne traduit pas une volonté de quitter le pays, mais plutôt une volonté d’échapper à la lourdeur administrative. « Rien ne fonctionne : les visas ne sont pas renouvelés, l’Agence pour l’intégration, les migrations et l’asile (AIMA) ne répond pas… Avoir la nationalité, c’est simplifier la vie : la carte de citoyen se renouvelle en quelques jours. »
Aujourd’hui, « beaucoup sont bloqués au Portugal, sans pouvoir rendre visite à leur famille, car leurs papiers ont expiré faute de réponse d’AIMA », poursuit Kazoi.
Le gouvernement portugais a bien prolongé la validité des documents, mais ces prolongations ne sont pas toujours reconnues à l’étranger. À cela s’ajoute une nouvelle mesure : imposer un délai de deux ans de résidence avant de pouvoir demander le regroupement familial.
Or, malgré les engagements pris, aucun créneau n’a été ouvert depuis deux ans pour les demandes de regroupement, selon AIMA. Résultat : une large majorité des immigrés présents sont des hommes seuls, séparés de leurs familles, ce qui freine leur intégration.
« Les gens sont venus avec des espoirs, et on leur fait ça. On dirait que le Portugal n’aime pas les immigrés », conclut le leader de la communauté bangladaise.
Source : LUSA
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