Cannabis 2.0 : la bombe à retardement

Photo : Unsplash.com

Produits ultra-concentrés, dépendances silencieuses et effets psychiatriques préoccupants : l’essor du cannabis « médical » inquiète les spécialistes.

« Les temps changent », chantait Bob Dylan en 1964, joint au bec. Mais ce que l’on appelait autrefois cannabis n’a plus grand-chose à voir avec les produits vendus aujourd’hui sur Internet ou en pharmacie. Depuis les années 1970, le taux de THC (la substance psychoactive du cannabis) est passé de 2 % à 5 %, puis à près de 20 % dans les cultures intensives des années 2010. Et ce n’était qu’un début.

Aujourd’hui, le marché mondial du cannabis dit « médical » explose. Derrière cette appellation rassurante, se cache une industrie florissante : des extraits concentrés pouvant atteindre 60 % de THC (sous forme de cire) sont fabriqués à l’aide de solvants tels que le butane, l’éthanol ou le CO₂. Ces concentrés peuvent ensuite être transformés en huiles très puissantes atteignant les 90 % de THC, surnommées dabs.

Selon des recherches menées en Finlande et au Danemark, cette industrie est en plein essor au sein de l’Union européenne, largement soutenue par les géants de l’alcool, du tabac et de la pharmacie. Pour ces acteurs, le cannabis médical représente une nouvelle manne financière bien plus rentable que leurs produits traditionnels.

Le catalogue désormais accessible en ligne ou dans certaines pharmacies est impressionnant : vapes, infusions, encas, huiles, chocolats… Le tout, disponible sans ordonnance, via de simples « recommandations » – des équivalents de cartes de fidélité incitant à la consommation régulière.

Mais les risques sont bien réels. Des études menées ces sept dernières années montrent une corrélation alarmante entre la concentration en THC et le développement de troubles psychiatriques : les consommateurs réguliers de dabs présentent un risque accru de développer des formes sévères de psychose anxieuse, de schizophrénie ou de bipolarité. Certains cas aboutissent à des comportements irrationnels, voire à des suicides.

Au Portugal, l’expérience de dépénalisation de la consommation de drogues a souvent été saluée. Mais face à ces produits de nouvelle génération, ni le Service national de santé (SNS) ni les tribunaux ne semblent prêts.

Les projets annoncés en 2022 par Eurox Group (Allemagne), Cann10-Portugal (filiale israélienne), et d’autres acteurs visant à cultiver et transformer du cannabis dans les régions de Castelo Branco, Vila de Rei et Grândola sont désormais en activité. Résultat : le Portugal pourrait devenir la porte d’entrée du cannabis ultra-concentré en Europe, avec en ligne de mire une explosion des cas de dépendance et la prolifération de cliniques de désintoxication à prix d’or.

Le poste L’herbe qui est devenue une bombe à temps est apparu en premier sur Résident du Portugal.

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