L’association de Sintra se joint au chœur des protestations qui émergent à travers l’Europe.
Petit à petit, chaque « itinéraire touristique bien connu » commence à voir des protestations contre les inconvénients de la popularité.
Dans la foulée de tollé en Espagne, et malaise en Grèce, au Portugal, l’association QSintra des habitants des collines de Sintra a déclaré : « Ça suffit ! ».
Les habitants réclament depuis des années des solutions à l’afflux annuel de visiteurs estivaux qui rendent invariablement la vie quotidienne dans cette région pittoresque une misère abjecte.
Le journal télévisé SIC a interviewé hier soir une femme qui prétendait se lever tous les jours à 5 heures du matin, juste pour pouvoir avoir un peu de paix et de tranquillité pour promener ses chiens et entretenir son jardin, avant que les hordes bruyantes ne descendent.
La femme n’est qu’une de celles qui soutiennent désormais association QSintra, qui a lancé cette année une initiative pour montrer exactement ce que ressentent les locaux.
Les fenêtres, les balcons, les restaurants et les cafés sont ornés de « messages de protestation » mettant au défi le conseil d’arrondissement de faire enfin quelque chose.
Au moment même où Porto commence à réagir au chaos provoqué par les flots de tuk-tuks et de bus touristiques qui encombrent le centre historique. Sintra appelle également à l’action.
Dans un communiqué, QSintra « En défense d’un lieu unique » refuse que la ville devienne un « parc d’attractions encombré (…) face à la perte de qualité de vie, aux embouteillages constants et à la décaractérisation accélérée de cette zone du patrimoine mondial », l’association exige la fin du tourisme de masse.
Parallèlement à ses manifestations de rue, QSintra a publié un manifeste : « Sintra appartient à tout le monde et a besoin de tout le monde », en énonçant ce dont la ville a besoin, selon elle : une revitalisation de la communauté et une meilleure qualité de vie pour ses habitants ; une plus grande attention et une plus grande discrétion dans la planification et la gestion urbaines ; un tourisme de qualité et non de quantité ; des moyens de lutter contre la « dépendance excessive » au tourisme ; la récupération et la préservation de la nature, des règles et une surveillance plus strictes pour préserver le paysage, la zone forestière et le littoral – et la création d’une structure spécialisée pour gérer le Paysage Culturel de Sintra.
QSintra souligne que « le tourisme est important pour Sintra, mais il ne peut pas être un facteur de dégradation du paysage et de dépeuplement de la zone » – et il ne peut pas mettre en danger la vie quotidienne des habitants de la ville.
L’association appelle également à « une étude systématique de tous les grands projets » de nouveaux hôtels, de développements immobiliers et de centres commerciaux, afin d’« évaluer leur impact sur le paysage, l’écosystème, la mobilité et la vie des gens ».
Sintra « réunit toutes les conditions pour devenir un centre culturel de grande qualité et de rayonnement international dans des domaines à fort potentiel, comme la musique, la littérature, le cinéma, les arts plastiques, l’artisanat et la gastronomie », affirme l’association. Et c’est déjà le cas à bien des égards : les palais de la région accueillent régulièrement des concerts et des événements, mais il y a trop de monde, trop de voitures et de bus dans la ville et dans les rues étroites.
L’association a lancé sa manifestation de rue et son manifeste le week-end dernier. Les deux ont été accueillis avec enthousiasme. Les commentaires sur les réseaux sociaux ont été très encourageants : « Il est temps de défendre les résidents », peut-on lire sur un post. « La vie ne se résume pas aux affaires… ».
Une autre fait référence à ce que l’écrivain appelle « un pays se dirigeant vers la faillite institutionnelle », « La situation des forces de sécurité et de santé est illustrée par l’incompétence des autorités en matière de gestion du trafic et de la mobilité urbaine, ainsi que par le manque d’attention (des autorités) aux problèmes soulevés. Les citoyens ont déposé des plaintes dans de nombreuses assemblées publiques, mais sans succès, car politiquement parlant, tous les partis ayant des responsabilités de gestion sont « très à l’aise, merci ». Il faut donc prendre d’autres mesures. À commencer par l’affichage public d’affiches ! Allez-y… ».