AU COUVENT !

Aussi beaux que bons, les « doces conventuais » sont des délices traditionnels qui séduisent les yeux et les papilles.

Lorsque l’on parle pâtisserie c’est bien souvent aux macarons, aux éclairs ou encore aux mille-feuilles de l’Hexagone auxquels on pense, puisque le savoir-faire français ravi les palais sucrés du monde entier. Toutefois, le Portugal n’est pas en reste. On connaît bien sûr le célèbre « pastel de nata » mais sait-on qu’il fait partie d’une plus large catégorie de douceurs lusitaniennes : les « doces conventuais » ou douceurs conventuelles, c’est-à-dire du couvent.

Imprégnés d’histoire et de tradition, ces délices sucrés ont émergé dans les couvents et les monastères du pays au cours des siècles, mêlant habilement la piété des religieuses à la passion des saveurs sucrées. L’histoire des « doces conventuais » remonte à l’époque médiévale, où les édifices religieux étaient des centres de savoir, de prière, mais aussi de production alimentaire. Les nonnes, souvent cloîtrées, utilisaient leur temps et leurs compétences pour créer notamment des desserts uniques qui sont devenus des symboles de la gastronomie portugaise.

Leur origine est curieuse car à l’époque, les religieuses utilisaient astucieusement du blanc d’œuf pour nettoyer les chasubles et par conséquent, les jaunes qui restaient pour la cuisine. Dans un acte ingénieux de réutilisation, ces femmes dévouées transformaient cet ingrédient souvent gaspillé, en délices sucrés inoubliables. Des recettes comme les « Papos de Anjo » et les « Fios de Ovos » célèbrent cette pratique inventive. Les premiers, avec leur texture délicate, sont des petits gâteaux à base de jaunes d’œufs, de sucre et d’eau de rose. Les seconds, sont
des filaments dorés de jaunes d’œufs cuits dans du sirop.

Ainsi, ces créations exquises rappellent non seulement le talent culinaire des religieuses, mais aussi leur capacité à transformer la modestie en une pâtisserie décadente. Cette production a fleuri dans les édifices religieux et a généré par la suite des revenus pour soutenir la communauté.

Ce qui distingue les « doces conventuais », c’est le savoir-faire transmis de génération en génération au sein des couvents. Les sœurs ont perfectionné leurs recettes au fil du temps, développant des techniques spécifiques qui ont rendu ces desserts uniques dont le secret réside souvent dans la précision des mesures, la qualité des ingrédients et la patience requise pour créer des douceurs parfaites.

Si elles sont nées dans la région centre du pays qui comptait jusqu’au 19eme siècle un nombre impressionnant d’ordres monastiques, notamment entre Tomar, Batalha et Alcobaça, elles sont proposées partout au Portugal, considérées comme de véritables trésors de la gastronomie nationale.

Bien que les couvents ne soient plus les principaux producteurs de ces délices, leur patrimoine culinaire persiste dans les traditions familiales et les pâtisseries portugaises. Des artisans dévoués perpétuent les recettes authentiques, préservant ainsi une part importante de l’identité gastronomique du Portugal.

C’est notamment le cas de la pâtisserie Alcôa, qui depuis 1957 incarne l’élégance et la tradition dans le monde sucré national, qui propose les plus beaux spécimens. Située originellement dans la petite ville d’Alcobaça, cette maison renommée séduit les gourmands avec ses créations exquises depuis des décennies. Les maîtres pâtissiers perpétuent un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération, créant des chefs-d’œuvre tels que les « Pastéis de Alcôa » et les « Travesseiros de Amêndoa » ; bref, il s’agit d’un incontournable, d’un symbole de la haute pâtisserie portugaise.

Malgré leur héritage ancien, ces « pasteis » ne sont pas figées dans le passé. Certains pâtissiers contemporains, dont les « mestres » de Alcôa, ont revisité ces classiques en introduisant des variations innovantes tout en respectant l’essence des recettes originales.

Au fil des ans, la renommée des « doces conventuais » s’est étendue au-delà des frontières lusitaniennes. Les touristes et les gourmands du monde entier affluent vers le Portugal pour savourer ces délices uniques. Des initiatives telles que les festivals de desserts traditionnels contribuent à promouvoir ces spécialités sucrées à un plus large public. Beaux et bons, ils sont à savourer sans modération !

Johanna Trevoizan

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