Jusqu’à présent, le Portugal a évité de « donner le théâtre à l’extrémisme et aux discours de haine ».
La communauté israélienne de Lisbonne a exprimé son « profond mécontentement » face à la visite du musicien Roger Waters au Portugal ce mois-ci, pour deux concerts à Lisbonne, motivé par un « discours public antisémite » du fondateur de Pink Floyd.
Dans un communiqué publié aujourd’hui, la Communauté israélienne de Lisbonne (CIL) « rend public son profond mécontentement face à la venue du musicien au Portugal, un pays qui a su éviter de donner lieu à l’extrémisme et aux discours de haine ».
Roger Waters, l’un des fondateurs de Pink Floyd, ouvrira l’étape européenne de la tournée mondiale « Ceci n’est pas un exercice » à Lisbonne, présenté comme « la première tournée d’adieu » du musicien de 79 ans.
Le concert prévu le 17 mars à l’Altice Arena affiche complet ; un deuxième concert est prévu le lendemain au même endroit.
Le président du CIL, David Botelho, cité dans le communiqué, concède que « peut-être, beaucoup de gens qui iront à l’Altice Arena ne savent pas, ou ne sont pas au courant et ne comprennent pas la pensée du musicien Roger Waters. (Ils vont) juste aller à un concert, écouter de la musique et s’amuser, sans savoir ce que Roger Waters pense et dit du peuple juif et d’Israël. »
« La société de production d’événements qui a invité Rogers Waters, avec une forte probabilité, n’a pas non plus pris en compte le dimension antisémite de l’artiste – seulement celui des affaires – lorsqu’il l’a invité à se produire deux jours consécutifs à Lisbonne. »
« Sans préjudice de la liberté artistique, de création, de pensée et de parole, il aurait été important que l’entreprise qui l’a invité ait fait cette évaluation préalable. »
« De cette façon, le doute subsistera quant à savoir s’ils sont en collusion avec les pensées du musicien par rapport au peuple juif et à Israël », poursuit le communiqué.
Le CIL souligne qu’il ne condamne pas « ceux qui agissent par méconnaissance ou ignorance » et ne juge pas « sans connaître les motivations », rappelant que la ville allemande de Francfort a très récemment annulé un concert donné par le musicien en mai dans une salle (Festhalle) « qui était le théâtre d’atrocités antisémites massives en 1938 et où plus de trois mille Juifs ont été arrêtés. »
Avant Francfort, la Pologne a également « promu activement l’annulation d’un concert de Roger Waters » – cette fois-ci la position de Waters sur la guerre en Ukraine (il accuse les « nationalistes extrémistes » ukrainiens pour avoir déclenché le conflit, et critique l’OTAN et l’Occident pour la fourniture d’armes à l’armée ukrainienne).
En septembre de l’année dernière, poussés par les fans, Roger Waters a écrit une lettre ouverte au président russe, Vladimir Poutine, disant qu’il ne veut pas que le monde se termine par une attaque nucléaire, car il a des enfants et des petits-enfants, comme la plupart de « ses frères et sœurs dans le monde ».
« Votre invasion de l’Ukraine m’a pris complètement par surprise ; c’était un acte d’agression odieux et guerrierqu’elle ait été provoquée ou non », avait-il déclaré à l’époque.
Le CIL souligne « qu’il s’agit de comportements dangereux qu’il faut combattre avec respect, sérénité et dignité, mais aussi avec engagement, surtout s’ils sont commis par des personnalités publiques capables de faire passer leurs idées auprès de millions de personnes ».
Si les concerts de Roger Waters à Lisbonne ont lieu comme prévu, CIL estime que cette occasion « devrait être l’occasion de réfléchir à l’importance de la victoire de la tolérance sur la haine, de la modération sur l’extrémisme, de la vérité sur le mensonge ».
« Et, par conséquent, aux institutions et organisations, toutes sans exception, de bien considérer les invitations qu’elles adressent à ceux qui professent des idéologies xénophobes et antisémites, car elles leur seront liées de manière indélébile », conclut le communiqué.
La tournée « This Is Not A Drill » de Roger Waters devait avoir lieu en 2020, mais a été reportée en raison de la pandémie de Covid-19. Le musicien n’a lancé le nouveau spectacle qu’en juillet de l’année dernière avec une longue tournée en Amérique du Nord, qui se terminera en octobre au Mexique.
Dans un communiqué, le musicien explique que cette tournée est « une extravagance rock and roll innovante et cinématographique », avec « des dizaines de grandes chansons de l’âge d’or de Pink Floyd et aussi quelques nouvelles chansons ».
LUSA