Est-ce un pas de plus d’António Costa pour être « très utile à l’Europe » ?
Malgré les assurances de l’année dernière qu’il était à la tête du gouvernement pour le long terme, le Premier ministre António Costa a donné matière à réflexion aux observateurs ce week-end.
A Addis-Abeba soutenir les efforts du président du Conseil européen Charles Michel – est le seul dirigeant politique non africain présent – il a aussi pontifié sur l’idée d’un « commission des sages » pour « réfléchir à l’avenir de l’Union européenne ».
Lusa déclare aujourd’hui : « Costa aimerait voir (Angela) Merkel, (Mário) Draghi et (l’ancien commissaire européen Pascal) Lamy dans la commission des sages ».
S’adressant à Público, le Premier ministre souligne que l’idée de la commission est venue de conversations qu’il a eues avec la commissaire européenne Ursula Von der Leyen (les noms semblant provenir de ses propres réflexions sur le sujet).
Selon Lusa, Angela Merkel et Mario Draghi étaient d’anciens chefs de gouvernement (Allemagne et Italie), tandis que Pascal Lamy a été commissaire européen et directeur général de l’Organisation mondiale du commerce entre 2005 et 2013.
Selon M. Costa, la Communauté politique européenne (CPE) (créé l’an dernier sur proposition du président français Macron) « est une bonne initiative » et pourrait déboucher sur « une Europe à géométrie plus variable ».
Cela pourrait, par exemple, inclure des pays qui soit ne veulent pas entrer dans l’UE, « comme la Norvège », soit qui sont déjà partis « comme le Royaume-Uni.
« Je ne suis pas sûr qu’il n’y aurait pas certains États membres actuels qui se sentiraient mieux dans la CPE ou avec une participation active au marché intérieur, mais rien d’autre », a-t-il déclaré.
« Et Je crois qu’il y a place et urgence pour qu’il y ait un noyau dur qui veut approfondir le niveau d’intégration dans la politique étrangère et de sécurité, dans solidarité budgétaire, dans politique industrielle… ».
Adhésion de l’Ukraine à l’UE
Quant à l’intention de l’Ukraine d’adhérer à l’Union européenne, António Costa a réitéré la position qu’il a prise depuis le débutdisant ressentir de la part du président Volodymyr Zelensky « une appréciation positive » concernant « la franchise » de la position portugaise.
« Nous avons averti que nous ne pouvons pas ignorer les différents pays des Balkans occidentaux, qui sont également candidats et attendent depuis plus longtemps. »
Elargir l’UE en acceptant l’Ukraine « soulève trois types de problèmes.
« Il y a d’abord un problème d’ordre politique » puisque « l’Ukraine sera le 5e plus grand pays de l’UE, ce qui implique un rééquilibrage des rapports de force internes. »
« Je n’entrerai pas dans les détails, mais je donnerai juste un exemple. Il a fallu beaucoup d’imagination à Mme von der Leyen pour proposer 27 portefeuilles à 27 commissaires… ».
L’Europe doit s’adapter au nouveau contexte créé par la guerre.
Dans l’interview, le Premier ministre portugais a également affirmé que l’Europe devait s’adapter au nouveau contexte créé par la guerre en Ukraine.
L’Union européenne « doit avoir l’humilité de se rendre compte que le monde a changé et qu’il doit s’adapter très rapidement à la nouvelle réalité, sinon elle se retrouvera dans la situation des aristocrates qui, dans la transition du XIXe au XXe siècle, ne se rendaient pas compte que le monde changeait et que, s’ils ne suivaient pas le changement, ils deviendraient rapidement des aristocrates en faillite ».
Ce qui est fascinant dans cette interview, c’est le contexte dans lequel elle est apparue. Le Premier ministre vient d’être associé au programme de logement le plus interventionniste de l’État depuis des décennies (qui a exaspéré divers secteurs de l’entreprise et de la société) – maintenant, il « avance rapidement » pour discuter migration vers l’UE depuis l’Afriqueet changements dans la hiérarchie politique européenne.
Dans le même temps, la spécialiste de la télévision Ana Gomes – une socialiste qui a rarement beaucoup de choses positives à dire sur M. Costa – vient de dire à son créneau du dimanche soir qu’António Costa semble avoir fait un nouveau pas vers « la démonstration qu’il pourrait être très utile à l’Europe ».
« Nous devons nous préparer à ce qu’en 2024, nous aurons des élections, et je ne parle pas seulement des élections européennes », a-t-elle déclaré.