Des algorithmes détecteront « les contrats favorisant les mêmes entreprises, les coûts excessifs et les conflits d’intérêts ».
À un moment de la réalité politique du pays où le « scandale » au niveau local et national n’est jamais loin de faire la une des journaux, un nouveau projet ambitieux a été lancé au Portugal pour utiliser l’intelligence artificielle pour identifier les risques dans la commande publique.
Le projet a été présenté aujourd’hui, dans sa phase initiale, lors d’une conférence à Lisbonne, réunissant la Cour des comptes, l’OCDE et la Commission européenne (qui finance le plan).
Helena Abreu Lopes, l’une des juges responsables de la mise en œuvre du système, a déclaré : « C’est très complexe, très ambitieux. Nous devons être conscients que le le projet ne gérera pas tout en deux ans. C’est un travail en cours qu’il faudra approfondir », mais il vise à « permettent d’identifier des modèles de comportement, les attribution des mêmes produits aux mêmes entreprises, et même collaborateurs en situation de conflits d’intérêts », dit le juge, algorithmes d’apprentissage automatique pourra parcourir les 2 000 à 4 000 contrats que le tribunal doit analyser chaque année, signaler tout risque de fraude ou de détournement de ressources publiques.
Gardant le discours le plus « politiquement neutre » possible, José Tavares, président de la Cour des comptes, a déclaré que « l’effet (l’impact) attendu à long terme du projet est le amélioration de l’identification des risques/opérations inhabituelles, l’amélioration de la détection précoce des irrégularités potentielles et du suivi en temps réel ».
Les algorithmes, après tout, ne sont pas influencés par des pressions extérieures. Ils ne peuvent pas être dégustés et dînés, offerts des vacances de luxe ou toute autre faveur. Ils fonctionnent simplement « comme programmé », ce qui, selon José Tavares, permettra « une plus grande capacité de contrôle et une allocation plus efficace des ressources de la Cour qui doit superviser les contrats d’environ 6 500 entités publiques.
Comme l’explique Lusa, 25 à 30 % des dépenses publiques « résultent de la commande publique ». L’agence de presse d’Etat n’a pas donné de chiffre pour les « contrats directs » (ceux qui ne font pas l’objet d’un appel d’offres), et José Tavares a pris soin ici de ne pas patauger dans les eaux profondes.
Interrogé sur l’impact que le projet peut avoir en termes de détecter les risques ou irrégularités dans le cadre des contrats de gré à gré, José Tavares a souligné que la négociation directe « est parfois évoquée d’une manière qui n’est pas la plus correcte, sachant que dans de nombreuses situations, elle est précédée d’une consultation du marché ».
Il a également le fait que « c’est passé à côté de l’idée que la négociation directe peut être identifiée à la corruption (…) ». « Ce phénomène de corruption peut avoir lieu soit dans les contrats de gré à gré, soit dans les procédures concurrentielles comme les appels d’offres publics », a-t-il déclaré à Lusa.
Raison de plus peut-être pour intégrer un groupe d’algorithmes dans le mélange.
Selon Jornal de Notícias, « grâce à l’intelligence artificielle, la Cour des comptes sera rapidement en mesure d’évaluer entre les (milliers) de contrats qu’elle reçoit chaque année pour contrôle préalable, les écarts de prix, les prix excessifs, le respect des délais ou encore le degré de respect des données environnementales ».
Tout ça, sans négliger « la vie privée, l’éthique, la confidentialité, la protection des données et la cybersécurité», a garanti José Tavares.