La Kunsthalle Lissabon présente « Migrantes são bem-vindos », les migrants sont bienvenus, la première exposition personnelle au Portugal de l’artiste argentin Gabriel Chaile.
Il arrive parfois qu’une inscription sur un mur puisse nous toucher beaucoup plus qu’un long discours. C’est ce qu’a
ressenti l’artiste Gabriel Chaile, originaire de Tucuman en Argentine, lorsqu’il s’est retrouvé face à une affiche collée sur un mur lisboète pendant le premier confinement. Cette affiche, ressentie comme un soulagement en vue de sa propre situation, annonçait le début de la plupart des projets qu’il allait réaliser dans la ville qui venait de l’accueillir.
Le projet El Recolector prend forme à la Kunsthalle Lissabon comme un laboratoire permanent où ont été disposés deux fours en terre cuite en constante évolution, dans lesquels l’artiste et ses amis travaillent pendant toute la durée de l’exposition, s’éloignant de l’idée de l’exposition comme objet fini pour en faire un lieu en mouvement, de partage d’idées, d’affects et d’imaginaires politiques. Il s’agit d’une étape supplémentaire dans le développement du design et de la fonctionnalité des prototypes de l’artiste, afin qu’ils soient prêts à collecter de nouvelles histoires et de
nouvelles expériences dont on pourra se nourrir.
Toujours intéressé par la promotion des aspects manuels de l’artisanat, le travail de Chaile, qui a exposé dans de nombreux espaces d’art internationaux comme The New Museum Triennial, le Musée d’art moderne de Buenos Aires (MAMBA) ou encore à la 59e Biennale de Venise, se situe entre l’utilitaire et le contemplatif, sans jamais oublier le sens de la communauté. Concevoir des sculptures et des objets qui collaborent à l’amélioration des conditions d’une situation migratoire spécifique et souligner l’héritage que chaque objet peut porter avec lui, sont également deux éléments toujours présents dans le travail de Gabriel Chaile. Si se souvenir de nos traditions semble être ce qui nous définit, les diffuser et les fusionner avec d’autres est ce qui leur permet de survivre dans le temps.
Gabriel Chaile semble avoir parfaitement compris le pouvoir du patrimoine et de l’importance de le partager, non seulement pour réaliser un acte de conservation, mais surtout pour construire de nouvelles communautés, toutes unies par ce qui leur tient le plus à cœur : le sentiment d’hospitalité, de générosité et de sociabilité.
Kunsthalle Lissabon & Johanna Trevoizan
Photos : Andrea Rossetti