Le Premier ministre portugais António Costa est dans l’eau chaude aujourd’hui pour avoir déformé la vérité pour faire valoir un point dans le débat télévisé acrimonieux de la campagne pré-électorale avec son adversaire, le leader du PSD Rui Rio, regardé par 3,3 millions de foyers.
Lors de l’échange houleux sur le financement de TAP par le gouvernement, M. Costa a déclaré que le gouvernement avait choisi d’acheter la compagnie aérienne « précisément pour empêcher le particulier (David Neeleman, ancien actionnaire de TAP), à qui on ne pouvait pas faire confiance, de détruire TAP sur le jour où elle a fait faillite. En 2020, les entreprises de M. Neeleman se sont effondrées dans le monde entier ».
Le problème avec cette déclaration est qu’elle n’était vraiment pas correcte. Certainement pas aux yeux de M. Neeleman, qui réclame désormais des excuses publiques.
Dans une note envoyée à l’agence de presse Lusa, M. Neeleman explique : « Contrairement à ce qu’a dit le Dr António Costa lors du débat, toutes les compagnies aériennes que j’ai fondées ont été et continuent d’être des projets de grand succès avec une valeur considérable pour leurs parties prenantes, ayant démontré suffisamment de durabilité et de résilience pour survivre au scénario de crise actuel ».
M. Costa « a manqué la vérité », considère le duo brésilien/américain – et en manquant à la vérité, il a porté atteinte au « nom et à la réputation » de M. Neeleman.
Ces deux mots pourraient être très pertinents. Au Portugal, les commentaires portant atteinte aux noms et à la réputation peuvent être criminalisés. La diffamation peut coûter cher aux responsables, en particulier lors d’une campagne électorale où la vérité et l’intégrité sont considérées comme extrêmement importantes.
Pour l’instant, M. Neeleman le joue très calmement. « C’est avec surprise que je constate que le Dr António Costa comprend qu’on ne peut pas me faire confiance. Cela survient alors qu’après le début de la pandémie, le Dr António Costa a reconnu le 30 avril 2020 dans un entretien avec RTP que TAP avait, jusqu’à la pandémie, exécuté un plan stratégique approuvé par l’État… ».
Profitant de l’occasion pour souhaiter « tout le bonheur à TAP et à ses employés exceptionnels », M. Neeleman a conclu que « le Dr António Costa a manqué à la vérité et avec ses déclarations a affecté mon nom et ma réputation, pour lesquels j’attends des excuses ».
Le principal adversaire de M. Costa dans ces élections, Rui Rio, n’a pas caché qu’un nouveau gouvernement dirigé par lui-même privatiserait la TAP « dès que possible ».
Entre-temps, le gouvernement injecte 2,55 milliards d’euros supplémentaires dans la compagnie aérienne et n’a pas assuré aux critiques que cette somme serait la dernière qui servira à sauver une entreprise qui ne dessert même pas tous les aéroports du pays. (Cliquez ici).