Les plantes indigènes du sud du Portugal sont rarement appréciées à leur juste valeur. Pourtant, elles sont l’identité même du paysage de l’Algarve et, à y regarder de plus près, elles enchantent par leurs couleurs, leurs formes et leurs parfums.
Dans un territoire qui se distingue par son authenticité, il est essentiel d’entretenir et de sauvegarder le patrimoine naturel. Pour l’un des défenseurs de la flore de l’Algarve et créateur d’une innovation, le « bonsaï olivier », « n’importe qui devrait pouvoir savoir où il se trouve en observant le type de végétation qui l’entoure ».
Jean-Claude Defrance, 57 ans, vit ici depuis trente ans. Auteur de plusieurs articles sur l’importance de la conservation des espèces locales, ce dernier a aussi fondé le centre de jardinage et la pépinière Natura, au sein du resort Vale do Lobo à Loulé. C‘est précisément pour la beauté intacte de la flore native des lieux qu’il a décidé de quitter le sud de la France et de s’installer au Portugal. « L’Algarve, encore sauvage, avait un énorme potentiel. A cette époque, les jardiniers avaient tendance à introduire des espèces exotiques, importées d’autres pays. Malheureusement, ils sous-estimaient le potentiel de leur propre végétation. En 1990, j’ai eu le plaisir de faire mon premier jardin, et je me souviens combien il était difficile de se procurer des plantes indigènes. C’est ce qui m’a motivé à ouvrir mon propre espace. »
Pour le fondateur de Natura, cette invasion est devenue une préoccupation environnementale et écologique : « Nous devons ouvrir les yeux sur les trésors naturels que nous offre la péninsule et les préserver. »
Le botaniste a un faible pour les oliviers : « Nous devons toujours en planter. Ce sont des arbres fantastiques et importants pour préserver le patrimoine écologique (…). Ils s’adaptent rapidement et possèdent une capacité phénoménale à survivre au temps qui passe. Ils sont utilisés depuis des millénaires pour la nourriture, le pétrole et le bois. Ils sont tellement spectaculaires qu’ils sont mentionnés dans des livres sacrés comme la Bible, le Coran et les Ecritures juives. »
Jean-Claude a commencé à en développer une nouvelle variante, le « bonsaï olivier », qui jouit d’un fort succès depuis sa création il y a quinze ans : « Un de mes clients avait une maison très moderne et pensait que l’olivier était trop rustique et qu’il ne serait pas assorti à sa propriété, alors j’ai décidé de le réinventer, de le rendre contemporain, en sculptant ses branches comme si c’était un bonsaï géant. » Sa passion pour cette espèce a même influencé l’achat de son bien immobilier, car il possédait un spécimen de plus de mille ans. « Je suis toujours très heureux quand je pense qu’au cours de la longue existence de cet arbre, sur une période de vingt ans, j’ai eu l’occasion de contribuer d’une certaine façon à sa prospérité. »
Mais il existe, d’après lui, une multitude d’autres plantes intéressantes, comme le chêne-liège, le chêne vert, même s’ils sont plus difficiles à trouver et à transplanter, ou encore le pin sylvestre : « Il pousse rapidement et il est idéal pour purifier l’air, grâce aux essences qu’il dégage. »
Jean-Claude cite également d’autres variétés typiques de la région, comme les amandiers, les figuiers, les poiriers, les fraisiers, ainsi que la lavande, le romarin et le laurier-rose. L’expert explique que les espèces naturelles de l’Algarve peuvent « beaucoup mieux résister aux écarts de température et survivre aussi bien à la chaleur et au climat sec qu’au froid et aux fortes pluies ». Elles nécessitent par ailleurs peu d’entretien et « certaines ont juste besoin d’une taille annuelle ». Le Portugal possède plus de 4 000 espèces indigènes et sauvages qui font partie de son patrimoine ethnobotanique, représentent son histoire et son identité.
Sara Alves