Trois lieux ou concept à découvrir d’urgence

Chaque mois, Vivre le Portugal vous fait découvrir de nouvelles adresses, de Lisbonne d’ailleurs. Celles de ce numéro raviront les gourmets, amateurs d’huîtres ou de bons vins. 

A Sabores do Chiado, les saveurs coulent à flots

« Le goût de la mer… relevé sur la fin par un petit goût de noisette. » C’est quasiment les yeux fermés, transie par son explication, que Rosy évoque les huîtres de Setúbal. Depuis deux ans, elles font le succès de la boutique Sabores do Chiado qu’elle a ouverte en décembre 2015, avec son mari Jean Martins. 

On y trouve pourtant d’autres produits de grande qualité, comme des vins, des fromages, de l’huile d’olive, des saucissons, des pâtés, des confitures biologiques… Mais les huîtres assoient clairement la réputation de leur commerce. « Les gens nous disent que ce sont les meilleures du monde, qu’ils n’en ont jamais mangé d’aussi bonnes de leur vie ! »

L’idée d’en proposer à la dégustation a surgi il y a deux ans, quand Adolfo Henriques – le seul producteur au Portugal de fromages de chèvre à la française, qu’on peut d’ailleurs acheter à Sabores do Chiado – a invité Jean et Rosy à un salon de dégustations. « Adolfo connaît beaucoup de monde, puisqu’il fournit les meilleurs restaurants du pays, raconte Rosy. C’est lui qui nous a présenté Célia Rodrigues et nous a dit de goûter ses huîtres. » Une révélation.

Cette anecdote résume ce qui fonde l’histoire de Jean et Rosy, de leur commerce aussi : des rencontres, beaucoup. Et d’abord la leur, qui a eu lieu dans le prestigieux hôtel Le Negresco, à Nice. Jean, natif de Lisbonne, y travaillait comme décorateur, quand Rosy, originaire de Palerme, s’occupait de l’entretien. « Mon atelier était à côté des cuisines : très longtemps, j’ai goûté au meilleur de la cuisine française, se marre Jean. C’était magique ! » 

Ce goût des bonnes choses ne le quittera plus. Au bout de quinze ans, le Portugais demande un mi-temps au palace niçois, prend sa carte d’artisan et ouvre, avec Rosy, la boutique William Déco (clin d’œil au prénom de leur fils) à Mougins, près de Cannes. « C’était un concept store : gourmet et déco. » Dix ans plus tard survient la crise : Jean décide de fermer et d’acheter un camping-car pour le transformer en « showroom mobile », afin d’« aller chercher le client ». Le décorateur se rapproche des propriétaires de yachts, de plus en plus nombreux sur la Côte d’Azur. C’est un succès. Et puis, il y a trois ans, l’appel du Portugal, du retour aux origines, est trop fort. Le couple déménage.

A Lisbonne, Jean profite de son commerce pour promouvoir ses activités de décorateur, via notamment sa société Willmart, dont un bureau vient d’ouvrir à Seixal. « Un jour, un homme est venu à la boutique pour acheter un fromage, raconte Rosy. Il est resté un petit moment, on a discuté… Au final, il est reparti avec un projet d’aménagement pour son yacht. »

Il faut dire que l’atmosphère est très accueillante, à Sabores do Chiado. « On est imprégné de notre histoire, conclut Rosy. On a vu des choses ici se monter avec beaucoup de moyens. On ne cherche pas à les concurrencer. Nous, ce qu’on transmet, c’est notre passion. »

Sabores do Chiado

Rua do Ferragial, 1, Lisbonne

Ouvert du lundi au samedi de 15 h à 21 h

Happy hours de 19 h 30 à 20 h 30

Tél. : 00 351 213 420 669

Blood Wines, l’excellence à des prix imbattables  

« Notre projet était très simple : une cave à vins française avec des prix français, ce qui n’est jamais le cas à Lisbonne », présente François Péningault, qui attrape une bouteille en exemple. Là, vous avez un Chasse-Spleen (Bordeaux) à 21 euros. Au Corte Inglés, vous l’aurez à 35 euros. » La taxe d’importation, « c’est une blague », assure cet ancien banquier, originaire de la Sarthe et longtemps basé à Londres, capitale qu’il a quittée à cause du Brexit. « Lisbonne, c’est un choix de vie. Le cadre, le climat… Mon associé travaille aussi ici. C’est une ville qui a le vent en poupe, où les opportunités sont énormes. » 

S’il maintient des activités dans l’immobilier et la gestion de patrimoine, François reste disponible six jours sur sept pour conseiller les clients, résidents ou touristes, lesquels sont nombreux à transiter par le joli quartier de Príncipe Real. Parfaitement exposée, sa boutique est née de deux frustrations : « Quand j’allais chez un caviste, on me disait tel ou tel vin est bon, mais on ne m’expliquait pas pourquoi. Et par ailleurs, je trouvais que les vins français étaient vendus trop chers au Portugal. Donc je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. »

Ainsi, « l’expérience » fonde le concept même de Blood Wines. Des dégustations y sont donc organisées tous les quinze jours, le jeudi. A la dernière en date, le producteur de Casal Santa Maria était présent. « C’est un vin de Sintra dont les cépages sont plutôt français – chardonnay, pinot noir – avec une vraie salinité, car les vignobles se trouvent face à l’océan », précise François, qui prend le temps de discuter avec chaque client pour déterminer ses goûts, l’orienter vers de nouveaux produits et lui proposer de les livrer. « Le vin, c’est ce qu’on vend en dernier, assure-t-il. On vend du service avant tout. »

Le caviste prend à cœur son « rôle d’ambassadeur, en expliquant d’où vient chaque bouteille, avec un langage qui parle aux gens ». Ce dernier propose une centaine de références françaises (de 8 à plus de 1000 euros) – « tout ce qui vient de Bordeaux a le plus de succès », précise-t-il – et une soixantaine de vins portugais, dont des bio issus de toutes les régions. Parmi les très grandes bouteilles (aux prix exorbitants, forcément), les Lafite Rothschild, Haut-Brion, Figeac, Château Palmer, Pêra-Manca, Barca-Velha ou Romanée-Conti font le bonheur « des Brésiliens, principalement ». 

Bientôt, des vins espagnols et italiens, ainsi que du gin, du whisky et du cognac de qualité seront disponibles chez Blood Wines, qui travaille également sur l’exportation. A cet égard, une valise un peu spéciale est proposée à l’achat à 125 euros. « On peut y mettre jusqu’à 12 bouteilles et on l’embarque en soute, présente François. Et ça, les clients adorent. »

Pour preuve de ce succès, 1 750 bouteilles ont été écoulées lors des trois premiers mois, dont 120 de champagne. Le 16 août, Blood Wines a célèbré sa millième vente. 

Blood Wines

Rua Dom Pedro V, 113, Lisbonne 

Ouvert tous les jours de 10 h à 20 h

Tél. : (+351) 927 602 577

Martin Boutique Wines, le caviste 2.0

En 2017, Pedro Martin a acquis une célébrité soudaine, non comme sommelier, mais comme mannequin, grâce à une pub qu’il a tournée. Sa viralité a été telle – plus d’un million de vues sur YouTube, soit la pub en ligne la plus regardée de l’année au Portugal – que l’image du beau gosse reste pour beaucoup associée à la marque de lessive dont il vantait les mérites dans un spot provocateur. 

Ce qui oblige aujourd’hui le Portugais, né à Madrid, à rappeler d’où il vient lorsqu’on le sollicite pour un article sur son dernier projet, Martin Boutin Wines, spécialisé dans la vente et la distribution de vins et de spiritueux. « Pendant de nombreuses années, j’ai été sommelier, notamment pour le restaurant 100 Maneiras, du chef Ljubomir Stanisic, ou le JncQUOI, du groupe Amorim. J’ai eu l’occasion de travailler pour des concepts super et dans des structures qui l’étaient tout autant. »

Au cours de sa carrière, Pedro a donc pu goûter aux meilleurs vins du monde et constater avec amertume : « Beaucoup de grands producteurs maquillent leurs vins [en prétendant des choses fausses], afin de répondre à la demande et satisfaire les clients. » De cette insatisfaction est née son idée, qu’il a pris le temps de mûrir : démocratiser les régions viticoles les plus prestigieuses – au Portugal et à l’étranger – et les rendre accessibles au grand public. « Je suis parti en quête de racines, de pureté, de terroir dans les meilleurs vignobles de la planète », assure-t-il. Ainsi est né, en août 2017, Martin Boutique Wines, une entreprise en ligne par laquelle il commercialise, à des prix imbattables, « des vins fins et honnêtes ». 

Parmi ces derniers, on trouve ceux du Français Arnaud Baillot, un caviste et producteur lui-même, basé à Beaune (Côte-d’Or), en Bourgogne. « Un ami m’a fait goûter ses vins et j’ai été époustouflé par leur qualité, explique Pedro Martin. Lui ne triche pas. On sent toute la pureté de la région dans chaque bouteille. Cela fait quatre ans qu’on travaille ensemble et, actuellement, Arnaud vend plus de 10 000 bouteilles par an au Portugal. »

Au Portugal, Pedro Martin travaille avec les vins du Dão, du Bairrada et, bientôt, du Douro. « Les critères de sélection sont et seront toujours les mêmes : qualité et honnêteté, poursuit-il. Ce que je cherche avant tout, ce sont de petites quantités d’amour et de génie. » En moyenne, une bouteille sur le marché coûte trois fois plus cher que le prix facturé sur le site. C’est ainsi qu’on peut y trouver, par exemple, un chardonnay (le cépage blanc le plus populaire du monde) pour 9,80 euros. « Les bons vins ne doivent pas être réservés uniquement à ceux qui ont les moyens », clame-t-il. Le commerce en ligne lui permet ainsi de faire baisser les prix pour les consommateurs, qu’il livre à domicile dans la région de Lisbonne. « Les nouvelles technologies m’ont permis de lancer une activité pérenne, avec moins de charges. » Les affaires allant bon train, assure-t-il, Pedro Martin envisage désormais d’ouvrir une boutique dans la capitale portugaise.

Martin Boutique Wines

https://martinboutiquewines.com

(+351) 911 130 173

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